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Affaire Péchier: l’anesthésiste de Besançon peut retravailler comme simple médecin

janvier 12, 2023 13:30, Last Updated: janvier 12, 2023 16:00
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L’anesthésiste Frédéric Péchier, mis en examen à Besançon pour 24 empoisonnements de patients et soupçonnés de huit autres, faits présumés qu’il nie, a vu mercredi son contrôle judiciaire allégé, lui laissant entrevoir une possible reprise d’activité médicale, à l’exception de l’anesthésie.

« L’interdiction d’exercer la médecine ne concerne que la spécialité de médecin anesthésiste » et ne porte pas « sur la globalité de l’exercice professionnel », a indiqué dans un communiqué la procureure générale de Besançon, Marie-Christine Tarrare.

Le dernier mot quant à une éventuelle reprise de l’activité médicale hors anesthésie de Frédéric Péchier, frappé depuis le début de l’affaire d’une interdiction globale d’exercer, reviendra toutefois au conseil de l’ordre des médecins, précise la magistrate, qui relaie l’arrêt rendu mercredi par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Besançon.

« Une décision très juridique et très humaine »

Cette dernière avait entendu le 4 janvier le Dr Péchier: ce dernier avait fait appel de son contrôle judiciaire et souhaitait notamment retravailler comme praticien.

« C’est une décision très juridique et très humaine », a salué l’un de ses avocats, Me Randall Schwerdorffer. « On ne peut que s’en féliciter », a-t-il ajouté auprès de l’AFP, soulignant que son client demeurait « présumé innocent ».

Dans son arrêt, la chambre de l’instruction a également « modifié le contrôle judiciaire auquel » M. Péchier « est astreint depuis le 6 mars 2017 en supprimant l’interdiction de paraître » dans le Doubs, département où résident notamment ses enfants et où il pourra donc revenir, selon Mme Tarrare.

Les autres modalités du contrôle judiciaire sont en revanche « maintenues », notamment l’obligation « de fixer sa résidence » dans la Vienne, où le Dr Péchier réside chez ses parents, précise-t-elle.

M. Péchier ne peut pas non plus quitter le territoire national sans autorisation du juge d’instruction et ne peut entrer en relation « de quelque manière que ce soit » avec l’ensemble des personnels des deux cliniques où il est soupçonné des empoisonnements, « ainsi qu’avec toute personne concernée par la procédure », selon la procureure générale.

Historique de l’affaire

Frédéric Péchier, 50 ans, est suspecté d’avoir pollué les poches de perfusion de patients pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.

Il n’a eu de cesse de clamer son innocence depuis le début de l’affaire.

Il avait été hospitalisé plusieurs semaines à partir d’octobre 2021 après une tentative de suicide en se défenestrant.

L’affaire avait débuté lorsqu’une anesthésiste d’une clinique de Besançon avait donné l’alerte après trois arrêts cardiaques inexpliqués de ses patients en pleine opération. Les poches de perfusion avaient été saisies et des analyses avaient révélé des « doses de potassium 100 fois supérieures à la normale », avait indiqué fin septembre le procureur de la République de Besançon, Étienne Manteaux.

Mises en examen

En janvier 2017, une information judiciaire avait été ouverte et deux mois plus tard, Frédéric Péchier, qui exerçait dans cette clinique, avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour sept premiers cas d’empoisonnements présumés de patients.

La direction de la clinique avait ensuite présenté aux enquêteurs de la police judiciaire de Besançon 66 cas d’EIG (événement indésirable grave) survenus dans leur établissement.

Ces investigations ont mené, en mai 2019, à la mise en examen du Dr Péchier pour 17 nouveaux cas d’empoisonnement, soit un total de 24 cas concernant des patients âgés de 4 à 80 ans, dont neuf mortels.

Depuis septembre, il est par ailleurs soupçonné de huit nouveaux cas d’empoisonnements potentiels de patients, dont quatre mortels.

« Le magistrat instructeur attend désormais que l’ensemble des résultats des expertises en cours », attendus ce mois-ci, « soient rendus pour entendre le Dr Péchier, puis décider si elle le met en examen pour ces huit nouveaux cas », selon M. Manteaux.

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