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Affaire Vincent Lambert – Ivan Rioufol soulagé par la décision de la cour d’appel : « Un homme vivant, ça ne se tue pas ! »

mai 22, 2019 12:45, Last Updated: juillet 9, 2019 18:08
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Interrogé par Pascal Praud, l’éditorialiste a pointé du doigt le « grand paradoxe » de notre société, considérant que le cas de Vincent Lambert posait la question plus générale de la protection « des plus vulnérables ».

Présent sur le plateau de L’Heure des Pros le mardi 21 mai, Ivan Rioufol a livré son sentiment à propos de Vincent Lambert après que la cour d’appel de Paris a ordonné la reprise des soins destinés à maintenir le quadragénaire en vie.

L’éditorialiste du Figaro est notamment revenu sur la vidéo publiée lundi soir sur le site de Valeurs actuelles et dans laquelle on peut voir la mère de Vincent Lambert au chevet de son enfant dont elle caresse le visage en cherchant à le réconforter : « Vincent, ne pleure pas, on est là mon petit. On t’accompagne, on est à côté de toi, ne pleure pas mon Vincent. »

Une scène émouvante qui n’a visiblement pas laissé insensible le chroniqueur de L’Heure des Pros : « Cette vidéo dit quelque chose lorsque l’on voit le visage de cet homme que l’on dit être un légume. Or, on voit des yeux grands ouverts, on voit un regard qui cherche son interlocuteur, il ne le trouve pas, et on voit un homme qui pleure parce que sa mère le caresse », a expliqué Ivan Rioufol.

«Je veux bien qu’on me dise que ce soit un légume, qu’il pleure parce que ce sont des syndromes automatiques, mais on peut aussi penser qu’il a une conscience faible. Et c’est aussi ce qui caractérise l’état pauci-relationnel, je crois que dans la définition, il y a la notion de conscience faible », poursuit le journaliste.

« Un homme vivant, ça ne se tue pas ! »

Auteur d’un papier intitulé Vincent Lambert : silence, on tue, publié le lundi 20 mai sur le blog du Figaro, et dans lequel il expliquait notamment que la « mise à mort » du quadragénaire était « une lâcheté », l’essayiste a de nouveau fait part de son opposition à l’arrêt des soins prodigués à M. Lambert.

« Il n’est pas tout à fait étonnant de penser qu’un homme atteint à ce point puisse quand même avoir des sentiments, avoir des réactions et peut-être même des émotions. On peut dire qu’il pleure parce qu’il en a assez de sa condition, mais on peut aussi dire qu’il pleure parce qu’il ne veut pas mourir. On en sait rien. Toujours est-il que vous avez un homme qui est vivant et un homme vivant, ça ne se tue pas ! »

« Nous sommes dans une société qui devient épouvantable »

Farouchement opposé à ce qu’il qualifie de « régression éthique » et à « l’hypocrisie des faux-gentils » qui participerait selon lui de « la médiocrité de l’époque mercantile », l’éditorialiste estime que l’affaire Vincent Lambert va au-delà du cas personnel et pose la question de la vision que se fait notre société des personnes vulnérables.

« On fait procès à ceux qui se réjouissent de la victoire de cet homme-là d’être ultra catholiques ou d’extrême droite, ou que sais-je encore. Qu’est-ce que ça vient faire là-dedans ? Nous ne sommes pas capables de simplement réfléchir avec notre raison ? avec notre cœur ? Vous avez des gens qui ne veulent pas entendre cela et qui sont prêts, naturellement, à accélérer ces mouvements de ‘dégagisme’ pour tous ces improductifs. Je dis que nous sommes dans une société qui devient épouvantable », a déclaré le chroniqueur.

« Ce qui est posé à travers ce sujet, c’est la vision que nous avons des plus vulnérables. Comment allons-nous réagir face à ceux qui sont les plus lourdement handicapés ou face à ceux qui n’ont pas de défenses suffisantes ? »

« Il y a un grand paradoxe dans notre société où l’on se rengorge de valeurs, de droits de l’homme, etc. et ici, nous sommes incapables de voir les questions qui sont posées à travers la protection d’une vie et à travers la protection des plus faibles. C’est cela qui est posé de manière plus générale, au-delà du cas de Vincent Lambert[…] La question est de savoir si, dans notre société consumériste, on peut encore se permettre de protéger les plus faibles quand ils sont non productifs », conclut Ivan Rioufol.

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