Les résidents du plus grand complexe résidentiel de Chine se sont rassemblés le jour de la fête de la mi‑automne pour protester contre les pénuries alimentaires provoquées par le confinement imposé par le régime. Les autorités locales ont envoyé des centaines de policiers pour les faire taire.
La province chinoise de Guizhou, dans le sud‑ouest du pays, a imposé des mesures de confinement rigoureuses dans sa capitale. La dernière vague épidémique de Covid‑19 est survenue autour du 2 septembre. Les commerces ont été fermés et la population est confinée.
Le quartier de Huaguoyuan, situé dans le centre du district de Nanming, dans la ville de Guiyang, est soumis à une « gestion régionale figée », un terme inventé récemment par le régime communiste pour désigner un confinement.
Parmi les autres nouvelles expressions utilisées par les autorités communistes pour désigner les confinements, citons « gestion silencieuse », « pieds ne franchissant pas la porte » ou « quarantaine à domicile », le mot « confinement » suscitant de vives protestations de la part des citoyens chinois excédés.
Huaguoyuan est le plus grand projet de rénovation de bidonvilles réalisé en Chine. C’est un complexe immobilier d’une superficie totale de 1000 hectares et 311 tours d’habitation. En moyenne ces tours ont plus de 40 étages. Le tout abrite 450.000 résidents et 40.500 entreprises.
Le gouvernement local a autorisé l’ouverture d’un seul supermarché pour répondre aux besoins des résidents de ce complexe surdimensionné, selon le grand portail chinois d’informations financières Caixin. Selon un résident s’exprimant pour Caixin, le supermarché est aujourd’hui en rupture de stock. Les résidents n’ont reçu aucune nourriture du gouvernement et ne sont pas en mesure d’en acheter en ligne.
Selon l’un d’entre eux témoignant pour l’édition en langue chinoise d’Epoch Times le 12 septembre, plus d’un millier de résidents de Huaguoyuan se sont réunis dans les halls des immeubles le 10 septembre pour protester contre les mesures d’isolement draconiennes et réclamer de la nourriture.
Cependant, la manifestation n’a duré qu’une nuit. Le 11 septembre, 400 policiers étaient mobilisés pour les disperser, selon le témoignage.
Selon une dépêche officielle publiée par China News, un média d’État, à 23 h 30 le 11 septembre, 400 policiers « se sont rassemblés instantanément pour se rendre à Huaguoyuan et faire de la prévention pandémique et un travail de contrôle ».
La ville de Guiyang a signalé un cas symptomatique et 70 cas asymptomatiques le 13 septembre, selon le Guizhou Daily, un média au service de la propagande locale. Le bureau municipal de la santé de Guiyang a ajouté 25 zones à haut risque, dont 8 sont situées à Huaguoyuan.
Manifestations à l’occasion du festival de la mi‑automne
Les images que l’édition en langue chinoise d’Epoch Times a obtenues montrent des personnes se rassemblant dans un complexe composé de grands immeubles. Des gens portant des vêtements de protection parlent dans un haut‑parleur, pour demander à la population de ne pas se rassembler en période de pandémie.
Mme Zhang (pseudonyme), une habitante de Huaguoyuan, a affirmé que de nombreuses personnes mouraient de faim en raison du confinement et que la pénurie de nourriture était imputable à la négligence du gouvernement.
Elle a expliqué au journal le 12 septembre que de grandes quantités de nourriture avaient été données, mais qu’elles avaient été interceptées par l’entreprise de gestion immobilière, qui les avait laissées pourrir ou les avait vendues à des prix élevés.
Ce qui a déclenché les protestations, selon Mme Zhang, ce sont les manœuvres du gestionnaire immobilier Homnicen Group. Celui‑ci a bloqué tous les ascenseurs de la zone M de Huaguoyuan le 10 septembre.
Selon l’article de Caixin, Huaguoyuan est divisé en une vingtaine de zones,
« Le 10 septembre correspond au festival de la mi‑automne », a déclaré Mme Zhang. L’entreprise a demandé aux habitants de déposer toutes les ordures ménagères devant leur porte, en dépit des mauvaises odeurs dégagées par la chaleur de l’été.
« La direction immobilière a également saisi tous les gâteaux de lune et légumes offerts aux résidents, puis les a ré‑emballés pour les revendre aux résidents. »
Les résidents en colère de la zone M sont tous descendus de leurs immeubles pour se rassembler et manifester leur mécontentement, poursuit Mme Zhang.
Les habitants du village de Caijiaguan, situé dans la banlieue ouest de Guiyang, ont également protesté contre la pénurie de nourriture et les mesures de confinement le même jour.
Un homme parlant le dialecte local a affirmé sur une vidéo que tous les résidents de la zone M étaient descendus pour protester, la société immobilière a vendu les dons de nourriture aux résidents.
Epoch Times n’a pas été en mesure de vérifier l’authenticité de la vidéo.
Des dons alimentaires ont été interceptés par la direction de l’immeuble et ré‑emballés pour être vendus
Tout le quartier de Huaguoyuan est confiné depuis le 3 septembre. Le gouvernement n’a fourni aux résidents qu’un sac de nourriture contenant un chou chinois, un oignon, deux pommes de terre, deux morceaux de gingembre et un bulbe d’ail, selon Mme Zhang.
Le gouvernement local a envoyé la totalité de la nourriture à la société de gestion immobilière pour qu’elle la distribue.
« Mais le groupe Homnicen les a tous amassés, emballés à nouveau, pour nous les vendre à des prix élevés. »
« Un sac contenant un chou, deux carottes, plusieurs poivrons verts, deux tomates, deux aubergines, deux morceaux de gingembre et un bulbe d’ail est mis en vente à des prix allant de 59 yuans (8,5 euros) à 99 yuans (14 euros). Ils fixent les prix sans aucune règle. Si nous n’achetons pas chez eux, nous n’avons rien à manger. »
Une vidéo partagée par Epoch Times montre une employée du gouvernement en train d’admettre que la société immobilière a fait main basse sur les dons de nourriture.
On entend un résident, qui prétend être de la zone M, demander à une employée du gouvernement pourquoi aucun approvisionnement n’a été distribué. Celle‑ci répond que la société de gestion immobilière a stocké toutes les denrées dans son entrepôt.
« Nous avons signalé ce que vous [les habitants] nous avez raconté aux autorités supérieures. Les autorités vont adopter des mesures. Pour l’instant, nous n’avons pas encore reçu de réponse de leur part. Il faut attendre que les autorités prennent leur décision », déclare la femme.
Epoch Times n’a pas été en mesure de vérifier l’authenticité de cet enregistrement.
Mme Zhang a déclaré à Epoch Times que la société de gestion immobilière déposait parfois des légumes pourris au rez‑de‑chaussée des immeubles, en disant aux résidents qu’ils pouvaient les récupérer. « Mais ces légumes se sont dégradés, les feuilles étaient totalement pourries et du jus en ressortait. Ces légumes sont immangeables. »
Censurée en Chine, l’aide et l’attention internationales sont nécessaires
Mme Zhang réclame une attention internationale et de l’aide.
« Beaucoup de gens meurent de faim chez nous, mais nos posts et nos vidéos ont été interdits en Chine. La nuit de notre manifestation, deux personnes, qui se disaient journalistes, n’ont pas rendu compte de notre situation. Au lieu de cela, ils n’ont cessé de passer des appels sur place pour interdire et supprimer la diffusion de nos vidéos en ligne. »
« Aidez‑nous à diffuser ces informations pour attirer l’attention [du monde extérieur] sur les problèmes de gestion à Guiyang », a‑t‑elle déclaré à Epoch Times.
Réponse de la société de gestion immobilière
Epoch Times a contacté le service client de la société de gestion immobilière le 13 septembre pour obtenir des explications.
Une employée, qui n’a pas donné son nom, a expliqué au journal qu’ils avaient bloqué les ascenseurs sur ordre du gouvernement local, pour « contrôler le volume du trafic pendant la pandémie ».
Elle a suggéré aux résidents de conserver les preuves attestant que la nourriture a été ré‑emballée pour être revendue. La distribution des denrées alimentaires a été assurée par des employés du gouvernement. « Nous les aidons [les employés du gouvernement] à distribuer les vivres. Le gouvernement décide de la quantité à distribuer et à qui », a‑t‑elle déclaré.
Epoch Times a contacté le centre de services communautaires de Huaguoyuan et le comité du quartier de la zone M le 13 septembre, mais n’a reçu aucune réponse au moment de la publication.
Zhao Fenghua et Hong Ning ont contribué à cet article.
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