Le toit effondré de cette imprimerie fume encore, dégageant une odeur âcre de combustion chimique. Moins d’une semaine après les émeutes qui ont ébranlé l’Afrique du Sud, l’étendue des destructions laisse pantois.
Deux ouvriers dépités scrutent les tas de cendres fumants, autrefois des roues de papier adhésif chargées dans des imprimantes désormais obsolètes. Dans cette zone industrielle du port de Durban (sud-est), l’usine fabriquant des étiquettes est un des sites quasiment rasés par les violences et les incendies volontaires de la mi-juillet.
« Il n’y a vraiment plus rien à sauver », souffle ce contremaître, marchant avec précaution autour des restes de machines calcinées. Son collègue, conducteur de chariot élévateur, hausse les épaules. « On y va, j’en ai assez vu ».
Une femme s’approche, lève son téléphone portable pour filmer. Elle a participé aux travaux de construction du bâtiment il y a cinq ans. « Il va falloir démolir tout ça », soupire-t-elle. « Quand on voit le degré de destruction dont on est capables en une semaine, pourquoi quelqu’un investirait chez nous? ».
Des milliers de gens sont employés par les grandes usines
De l’autre côté de la route, des centaines d’écrans télé explosés jonchent l’entrée d’une usine LG Electronics noircie, délocalisée il y a moins d’un an de Johannesburg, la capitale économique du pays.
Machines à laver et climatiseurs déglingués paressent au soleil, à côté de quelques chaussures dépareillées, sans doute perdues dans la mêlée par les pillards et incendiaires.
Un agent de sécurité fouille les débris, à la recherche de ferraille et de pièces détachées.
L’industrie manufacturière est un des piliers de l’économie de Durban, stimulée par la proximité d’un des terminaux maritimes les plus importants d’Afrique. Des milliers de gens sont employés par les grandes usines et entrepôts en périphérie de cette ville qui est aussi une destination touristique.
Les émeutiers ont ciblé ces bâtiments industriels, pillant les stocks et allumant des feux lors de ce déchaînement de violences, initialement déclenché par l’incarcération de l’ex-président Jacob Zuma dans la région le 8 juillet. Les troubles se sont ensuite répandus à Johannesburg, faisant un total de 215 morts.
Tout est parti en fumée
Les dégâts matériels dans la seule province du Kwazulu-Natal sont estimés à environ 1,2 milliard d’euros, selon le gouvernement.
A quelques kilomètres, dans un entrepôt de produits laitiers, il faut se frayer un chemin dans une boue marronnasse, âcre et glissante, mélange de lait et margarine, bouteilles et pots cassés.
A l’extérieur, sur cette colline surplombant la banlieue industrielle de Pinetown, des gens du bidonville voisin fouillent parmi les objets ou bouts d’objets qui jonchent la route. Dans leur dos, la carcasse noircie d’une usine appartenant à la société d’emballage australo-américaine Amcor fume toujours.
Des policiers restent dans les parages, au cas où des cadavres seraient découverts pendant les opérations de nettoyage.
L’un d’entre eux raconte à l’AFP que plusieurs corps de pillards ont été retrouvés dans des usines du coin, piégés dans les incendies ou écrasés par la chute de stocks.
Il montre une usine de conditionnement de viande congelée, dont l’accès reste interdit depuis qu’elle a flambé. « Je ne veux pas être celui qui entre là-dedans », grimace-t-il. « Ça pue déjà trop fort ».
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