Violemment pris à partie dans un estaminet de Sens (Yonne) où il prenait un verre avec une amie, Julien Odoul a préféré « répondre à la bêtise et à la haine par le silence », avant de quitter les lieux et de déposer plainte pour « menaces de mort » le lendemain.
Ce vendredi, Julien Odoul, président du groupe Rassemblement national (RN) au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, a diffusé une vidéo de son agression dans un bar de Sens (Yonne) ayant eu lieu la veille.
Filmée par le propre agresseur de M. Odoul, la vidéo en question a également été relayée par le rappeur Booba sur son compte Instagram dès vendredi soir.
Violemment pris à partie alors qu’il se trouve attablé en compagnie d’une jeune femme, Julien Odoul est traité de tous les noms par son agresseur – Ridowane Khalil, président du club de football local et gérant d’une boucherie de Sens.
Manifestement éméché, ce dernier le traite d’« homosexuel », de « petit pédé », de « fils de bâtard » et de « fils de p**** » à plusieurs reprises avant de le menacer : « Tu me touches, je te b**** ta mère ! »
De guerre lasse, Julien Odoul et son amie finissent par demander l’addition au tenancier de l’estaminet, en expliquant qu’ils se font insulter depuis « un quart d’heure ».
Dans la soirée du 6 décembre, Julien Odoul partagera la vidéo de la scène sur son compte Twitter, en indiquant qu’il a porté plainte contre Ridowane Khalil, l’auteur des injures.
« Insultes publiques, homophobie, menaces de mort… J’ai déposé plainte contre Ridowane Khalil, pitoyable caricature du ‘vivre-ensemble’ apaisé et pacifique. Les 15 et 22 mars, les électeurs de Sens pourront lui répondre dans les urnes », écrit M. Odoul – qui compte se présenter aux élections municipales de la petite ville de l’Yonne sous l’étiquette du Rassemblement national en mars 2020.
? Insultes publiques, homophobie, menaces de mort… J’ai déposé plainte contre Ridowane Khalil, pitoyable caricature du « vivre-ensemble » apaisé et pacifique. Les 15 et 22 mars, les électeurs de #Sens pourront lui répondre dans les urnes. #ChangezDeSens pic.twitter.com/IJaMgTiUIR
— Julien Odoul (@JulienOdoul) December 6, 2019
« Répondre à la bêtise et à la haine par le silence »
Contacté par Le Parisien le 7 décembre, Julien Odoul est revenu sur l’incident dont il a fait les frais.
« Je prenais un verre avec une amie. Tout se passait bien jusqu’à ce que cet individu entre dans la salle. Il m’a reconnu, il a bloqué et puis il a sorti son téléphone. Ce que l’on voit est un court extrait. Cela a duré bien plus longtemps que ça », raconte l’élu de Bourgogne-Franche-Comté.
« J’ai dis que je ne souhaitais pas être filmé, mais il était alcoolisé. Je n’ai pas entendu quoi que ce soit qui se rapportait au débat sur le voile, je n’ai entendu que des insultes, il n’y avait pas de propos politiques dans son interpellation, seulement des insultes », ajoute-t-il.
Interrogé sur la plainte qu’il indiquait avoir déposée à l’encontre de son agresseur, Julien Odoul a confirmé que l’affaire était désormais entre les mains des policiers : « Je l’ai déposée vendredi au commissariat pour menaces de mort, mon amie a aussi déposé plainte de son côté. »
Malgré les menaces et les insultes dont il a fait l’objet, le délégué du RN dans l’Yonne a réussi à garder son sang-froid et à se maîtriser. « Je considère que face à la haine et à la bêtise, il n’y a pas d’autre réponse adaptée », a-t-il confié à nos confrères de Valeurs actuelles.
« J’ai donc fait le choix de rester extrêmement prudent, de répondre à la bêtise et à la haine par le silence et de ne pas rentrer dans la provocation », a-t-il ajouté.
L’homme qui a pris à partie Julien Odoul « regrette vraiment de lui faire de la pub »
Joint par téléphone par les journalistes du Parisien, Ridowane Khalil a donné sa version des faits survenus dans la soirée du 5 décembre.
« J’étais dans ce bar, je l’ai reconnu à cause de la polémique sur le voile [le 11 octobre, Julien Odoul avait demandé à la présidente de l’assemblée plénière du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté de faire sortir de l’hémicycle une femme voilée qui accompagnait la classe de son fils dans le cadre d’une sortie scolaire, ndlr] », explique-t-il.
« On a eu une discussion politique à ce sujet au départ, je lui expliquais que la polémique qu’il a lancée m’a choqué et que cette femme n’avait pas à être stigmatisée pour son voile. À ce moment-là, il a pris ses airs, et je me suis énervé », continue M. Khalil.
« Mais je ne regrette pas, je voulais qu’il sorte du bar, ajoute-t-il. Ce sera avocat contre avocat, et on s’expliquera, est-ce que je l’ai menacé de mort ? Non ! C’est vrai, je l’ai insulté, mais c’est le karma qui lui retombe dessus, ce qu’il a fait ce n’est pas bien. Je regrette vraiment de lui faire de la pub. »
La bien-pensance considère-t-elle que les menaces contre la famille, l’homophobie, les menaces de mort sont admissibles quand elles concernent un adversaire politique ? Sinon chacun devrait se scandaliser de cette pression sur un élu de la République ! MLP https://t.co/8gBGW0Wf6Q
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) December 7, 2019
« Cet incident est surtout révélateur que le vivre ensemble est une escroquerie »
Si la séquence vidéo a été largement commentée sur les réseaux sociaux, Julien Odoul a notamment reçu le soutien de Marlène Schiappa.
« Une fois encore, homophobie et menaces doivent être dénoncées peu importe la personne ciblée. Si l’on excuse aujourd’hui l’homophobie sous prétexte que la victime est RN, demain l’homophobie sera excusée pour tout le monde. Non ! » a déclaré la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.
Une fois encore, homophobie et menaces doivent être dénoncées peu importe la personne ciblée.
Si l’on excuse aujourd’hui l’homophobie sous prétexte que la victime est RN, demain l’homophobie sera excusée pour tout le monde. Non !
Débattons des idées, pas des personnes. https://t.co/fhBqSFyyCV— ?? MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) December 7, 2019
Un soutien qui ne semble toutefois pas vraiment émouvoir le principal intéressé.
« Marlène Schiappa a réagi, mais en demi-teinte. On ne peut pas accepter ce genre d’incidents pour n’importe qui, on ne doit pas pouvoir être menacé pour ses idées politiques en France. Quand ça concerne d’autres personnes, il y a une autre mobilisation », souligne le membre du bureau national du RN dans les colonnes du Parisien.
« Cet incident est surtout révélateur que le vivre ensemble est une escroquerie, avec des gens si intolérants, si haineux, fascistes », conclut Julien Odoul.
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