« Il faut que l’Union européenne cesse d’être le dindon de la farce des échanges internationaux », juge la probable tête de liste du Parti socialiste aux élections européennes, Raphaël Glucksmann, appelant à une refonte de la Politique agricole commune, dans un entretien à Ouest-France.
Le leader du parti Place publique considère que la colère des agriculteurs, qui prévoient le siège de la capitale, est « légitime » et que leur situation est « d’abord liée à des politiques publiques injustes » et « des politiques commerciales iniques » qui les mettent en concurrence « avec des agriculteurs du bout du monde qui ne sont pas soumis aux mêmes règles qu’eux ».
Prônant « une refonte de la PAC et l’instauration de ‘mesures miroirs’, pour ne plus laisser entrer dans l’Union des productions réalisées avec des substances interdites chez nous », il explique avoir voté contre le récent accord de libre-échange négocié avec la Nouvelle-Zélande. « Approuver des accords de libre-échange le lundi et pleurer sur le sort des éleveurs le mardi, c’est prendre les gens pour des imbéciles », insiste-t-il.
« Les aides publiques bénéficient d’abord aux plus grands exploitants »
Raphaël Glucksmann critique « ceux qui se font aujourd’hui les porte-voix de la colère » et qui ont soutenu la PAC. « Nous, nous demandons la refonte de la PAC », explique-il, car « aujourd’hui les aides publiques bénéficient d’abord aux plus grands exploitants, qui tirent souvent déjà bien leur épingle du jeu. Il faut que les subventions corrigent les inégalités au lieu de les accroître. »
Enfin, il réclame « l’uniformisation des règles à travers tout le marché unique – donc plus d’Europe, pas moins – », et « que l’Union européenne cesse d’être le dindon de la farce des échanges internationaux ».
« Cette religion du libre-échange considérant la charte de l’Organisation mondiale du commerce comme un texte divin a conduit, dans beaucoup de domaines, à un affaissement de nos productions et une trahison de nos producteurs », ajoute-t-il, rappelant que la pandémie et la guerre en Ukraine « ont montré que nous étions devenus incapables de produire des choses aussi essentielles que des médicaments pour nous soigner ou des armes pour nous défendre ».
« Il faut développer un protectionnisme écologique européen. L’élection va aussi se jouer là-dessus », conclut-il.
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