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Aisne : un forestier à la retraite et sa femme menacés d’expulsion par l’Office national des forêts

janvier 28, 2020 12:42, Last Updated: janvier 28, 2020 12:42
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Ancien agent de l’Office national des Forêts, Raymond Vasseur risque d’être expulsé de la maison forestière qu’il occupe depuis près de 45 ans avec son épouse.

Agent de l’Office national des forêts (ONF) à la retraite, Raymond Vasseur est sous le coup d’une mesure d’expulsion de la maison de la Croix-Morel qu’il occupe avec son épouse, Véronique.

Située au milieu des bois, sur la commune de Taillefontaine, la maison forestière est la propriété de l’ONF. Une vieille bâtisse isolée et loin du confort moderne que le couple habite depuis plus de 45 ans.

« Nous l’avons occupée au titre de notre résidence principale et professionnelle durant de 1974 à 2011, pour nécessité de service, et depuis 2011 sans droit ni titre selon les services immobiliers et juridiques de l’ONF », a expliqué M. Vasseur dans les colonnes de L’Union.

« Tout ce qu’il y a dedans, c’est moi qui l’ai construit », ajoute le septuagénaire.

« Quand on est arrivé, j’étais enceinte de mon deuxième enfant. Il n’y avait pas de chauffage central, les toilettes étaient dehors et il n’y avait pas d’eau au robinet. On nous amenait l’eau en citerne. Et pourtant, c’était un logement de fonction », ajoute Véronique Vasseur.

«C’est insalubre, mais nous, ça nous convient. On a fait notre vie là-dedans. Cette maison a une âme », poursuit Mme Vasseur. « Qu’on nous laisse mourir ici ! »

L’ONF saisit la justice pour faire expulser les occupants de la maison forestière

En 2011, Raymond Vasseur prend sa retraite et demande à l’ONF de lui louer la maison afin de pouvoir y rester et de la maintenir en état tout en préservant son environnement. L’établissement public ne lui répond pas.

En 2018, l’ONF décide pourtant de saisir la justice pour occupation illégale sans droit ni titre de la maison forestière.

En septembre 2019, la justice donne raison à l’ONF et ordonne au couple de libérer la bâtisse dans un délai de deux mois.

Le tribunal a également astreint les Vasseur « à payer à l’Office national des forêts une indemnité d’occupation de 500 euros par mois » couvrant la période du 1er février 2014 jusqu’à la libération des lieux. Le couple est ainsi condamné à verser 40 000 euros à l’ONF.

À défaut de départ volontaire, Raymond et Véronique Vasseur pourront être expulsés « avec le concours d’un serrurier et de la force publique et le transport des meubles, laissés dans les lieux, dans le local qu’il plaira au demandeur aux frais et risques de l’expulsé ».

Une expulsion qui ne pourra toutefois pas avoir lieu avant le 31 mars, du fait de la trêve hivernale. Pour autant, le couple n’envisage pas de quitter les lieux.

« Nous avons vécu 45 ans en forêt de manière paysanne, autarcique et manuelle, jardin biologique sans engrais ni pesticide, avec nos animaux… Il nous reste trois chats, un pigeon, un chien, une dizaine de ruches et tout un matériel, outillage, bâtiments, meubles intégrés, accessoires archaïques indispensables à l’entretien de la bâtisse et à notre bien-être en ce lieu majestueux ».

Une pétition lancée pour soutenir le couple Vasseur

En désespoir de cause, l’ancien forestier a engagé un recours gracieux auprès du directeur général de l’ONF. Une démarche restée lettre morte selon les journalistes de L’Union.

L’ONF semble en effet n’avoir jamais souhaité louer la maison à son ancien employé, et ce, « même si celle-ci n’est plus rattachée à aucun poste » selon M. Vasseur. « On ne lèse personne. Après notre départ, elle sera abandonnée », observe le retraité.

« J’ai 72 ans, mon épouse 68. J’ai, à de nombreuses reprises, sollicité un compromis quant à louer, échanger ou acheter la maison forestière de la Croix-Morel. Nous n’avons rencontré que des services nous ayant répondu en nous menaçant ou en n’y accordant aucun crédit », poursuit Raymond Vasseur.

« Notre situation est celle d’un couple de personnes âgées qui, probablement, va être jeté à la rue. Il nous est impossible d’abandonner cette maison, même contraints et forcés… Il faudra qu’ils nous malmènent, qu’ils nous volent tout et qu’ils cassent tout pour nous extraire de notre résidence principale », conclut le septuagénaire.

Lancée sur le site mesopinions.fr, une pétition intitulée « Non à expulsion d’un couple de forestiers retraités » avait recueilli plus de 53 000 signatures le 28 janvier.

Elle doit être adressée à Élisabeth Borne (Ministre de la Transition écologique et solidaire), Didier Guillaume (Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation) et Bertrand Munch, directeur général de l’ONF.

Une mobilisation qui a profondément touché Raymond et Véronique Vasseur.

D’après l’auteur de la pétition, l’affaire viendrait d’ailleurs de prendre « un nouveau tournant puisque Raymond Vasseur est de nouveau appelé à comparaître devant le Tribunal de Soissons le 28 février 2020 ».

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