Depuis que l’affaire du sénateur Joël Guerriau a été dévoilée au grand jour, les langues se délient. Tout du moins celle de la députée Caroline Janvier. Selon elle, « la politique fabrique des comportements déviants ».
Soupçonné d’avoir drogué la députée MoDem Sandrine Josso, à son insu, le sénateur de Loire-Atlantique Joël Guerriau est au cœur d’un scandale. Malheureusement, cette sordide affaire n’est que la partie visible de l’iceberg. Dans une interview donnée à Paris Match et publiée ce jeudi, Caroline Janvier révèle que les « pratiques addictives » sont monnaie courante chez les personnalités politiques.
« La politique fabrique des comportements déviants »
Sandrine Josso – que Joël Guerriau aurait droguée mi-novembre à son domicile avec de l’ecstasy en vue d’une agression sexuelle – ne peut compter que sur elle-même pour s’en sortir. Caroline Janvier considère qu’elle a eu beaucoup de courage de s’exprimer publiquement sur cette affaire. « Sandrine Josso est remarquable […] mais il faut aussi analyser ce phénomène comme un système, sans rien excuser. La politique fabrique des comportements déviants », dénonce la députée de la majorité auprès de nos confrères.
« Oui, il y a des soirées où de la drogue circule, comme il y a des dîners ou des fins de sessions parlementaires où il y a une consommation excessive d’alcool », lâche-t-elle encore. Elle précise que ces dérives surviennent principalement « au cours des séances de nuit, de retour de dîners où il y a eu de l’alcool ».
Une proposition avait été faite au bureau de l’Assemblée pour que l’on ne serve plus d’alcool à la buvette, « mais ça en est resté là », déplore-t-elle. « Aucune sanction n’est prévue non plus, car il faudrait une preuve tangible, via un contrôle d’alcoolémie, par exemple. Ce qui paraît excessif quand la consommation n’est pas un délit », note-t-elle au passage.
« Pas plus de vices à l’Assemblée qu’ailleurs »
Soulignant le rythme de travail effréné des élus, Caroline Janvier « fait le lien avec les séances de nuit, qui n’ont aucun sens », mais aussi « avec le rythme de vie, la pression de l’agenda » et « des médias avec qui on n’a pas le droit à l’erreur ».
Tout en mettant en évidence ces « pratiques addictives », la députée macroniste assure qu’il n’y a « pas plus de vices à l’Assemblée qu’ailleurs ». En effet, ces dérives existent également chez les ministres. Mais la parlementaire indique avoir de l’empathie pour les hommes politiques et ne veut en aucun cas les juger ou « jeter le discrédit » sur eux. « Que la personne qui leur jette la première pierre se mette à leur place une semaine. Ils ont un niveau de pression inimaginable », assène-t-elle.
L’ex-consultante dans le secteur médico-social – qui elle aussi s’était d’ailleurs mise à fumer et à consommer de plus en plus d’alcool mais a finalement tout arrêté – estime que deux options s’offrent aux élus. « Soit vous avez une excellente hygiène de vie, soit vous prenez quelque chose pour tenir », assure-t-elle.
« Les dérives sont le symptôme d’un engagement excessif »
L’une des collègues de Caroline Janvier, qui n’a pas souhaité dévoiler son nom, a confié à nos confrères avoir reçu des propositions embarrassantes lors de la précédente mandature. « À l’issue de séances dans l’hémicycle, à 3 heures du matin, des collègues sont venus me voir pour me proposer d’aller dans des soirées aux thématiques clairement affichées ‘drogues et sexe’ », raconte-t-elle.
Pour l’ancienne-députée LREM Valérie Petit, également enseignante-chercheuse spécialiste du pouvoir, le problème « c’est qu’il n’y a pas de régulation éthique », comme c’est le cas pour les médecins, avec le « conseil de l’ordre des médecins qui dit comment ne pas se comporter ». « En politique, il n’y a pas de garde-fou. Dans la vraie vie, Sandrine Josso serait prise en charge par des psychologues pour un choc post-traumatique, là, j’imagine qu’elle fait tout, toute seule », pointe-t-elle.
Valérie Petit nous apprend encore que, selon le chercheur John Antonakis, un lien a été démontré « entre les profils de leader et des addictions au sexe, à l’alcool et aux drogues » et de ce fait, « le contexte politique est pousse-au-crime pour ces profils-là ».
« Certains vont dire que je jette le discrédit, mais j’ai rencontré des femmes et des hommes incroyables, engagés pour leur pays. Les dérives sont le symptôme d’un engagement excessif », conclut Caroline Janvier.
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