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Alexandre Benalla accuse un haut gradé d’avoir menti devant la commission d’enquête

juillet 26, 2018 15:24, Last Updated: juillet 26, 2018 15:24
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Alexandre Benalla accuse, dans une interview au Monde jeudi, le directeur de l’ordre public de la préfecture de police de Paris, Alain Gibelin, d’avoir menti en affirmant n’avoir appris sa présence à la manifestation du 1er mai que le lendemain.

Interrogé lundi par la commission d’enquête de l’Assemblée, Alain Gibelin a rapporté un échange par téléphone le 2 mai avec le préfet de police, Michel Delpuech, au cours duquel il lui avait assuré être « dans la totale ignorance de la présence de M. Benalla sur le terrain » la veille.

« Ce n’est pas vrai. On a déjeuné quelques jours avant avec le général Bio-Farina (commandant militaire de l’Élysée). C’était une réunion de travail à propos des policiers qui font la sécurité autour du palais. À la fin de ce déjeuner, il m’a demandé si je venais toujours le 1er mai et si j’avais reçu l’équipement que je devais recevoir », affirme Alexandre Benalla.

Les accusations de l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron, mis en examen pour avoir frappé deux manifestants, corroborent les propos tenus mercredi devant la commission d’enquête de l’Assemblée par le général Éric Bio-Farina.

Les propos de M. Gibelin sont pour la seconde fois contredits

Le 25 avril, lors de ce fameux déjeuner, « il y a eu un aparté entre Alain Gibelin et Alexandre Benalla, qui avait trait à la manifestation (…) du 1er mai », a rapporté devant la commission le général Bio-Farina. « Au cours de cette discussion, Alain Gibelin et Alexandre Benalla ont échangé sur les équipements qui seraient fournis à Alexandre Benalla pour qu’il puisse participer à ladite manifestation », a-t-il ajouté.

Interrogé lundi par Marine Le Pen, le haut gradé avait laissé entendre que M. Benalla avait participé à des réunions de sécurité à la préfecture de police entre le 2 et le 18 mai, alors qu’il était censé être suspendu.

L’Élysée avait démenti, et M. Gibelin avait rectifié son propos en expliquant qu’il avait cru que la députée (Rassemblement national) l’interrogeait sur la période comprise entre le 2 mai et le 18 juillet.

Benalla a-t-il servi de pion dans cette histoire ?

Alexandre Benalla dit « assumer » les faits pour lesquels il est mis en examen et dénonce « une volonté d’atteindre le président de la République, c’est sûr et certain », dans une interview au Monde jeudi matin.

« Je dis pas que j’ai servi de fusible, je dis juste que ça a servi plusieurs intérêts, un intérêt pour atteindre le président de la République, à un moment pas mal pour lui, une bonne séquence », poursuit l’ex-collaborateur de l’Élysée.

Selon lui, l’affaire révélée par Le Monde le 18 juillet « est une façon d’attraper le président de la République par le colbac. J’étais le point d’entrée pour l’atteindre, le maillon faible.

« Au bout d’un an, il y a des inimitiés qui se créent, il y a des gens qui ne supportent pas que vous ne fassiez pas partie du club, que vous ne soyez pas énarque, sous-préfet… Je pense que si j’avais eu un tel statut et qu’il s’était passé ce qui s’est passé le 1er mai, les choses auraient été différentes ».

« On a essayé de m’atteindre, de me tuer, et c’était l’opportunité aussi d’atteindre le président de la République », insiste-t-il : « Les faits, je les assume, je ne suis pas dans la théorie du complot, c’est la réalité. Sur ce qui s’est passé après, je suis beaucoup plus réservé. Il y avait en premier une volonté d’atteindre le président de la République, c’est sûr et certain. Et je suis le maillon faible, je le reconnais. Et en même temps, il y a énormément de gens qui se frottent les mains en se disant : « Ça y est, on s’est débarrassé de lui, il ne va plus nous emmerder, c’est fini ! ». 

Selon M. Benalla, « les gens qui ont sorti cette information sont d’un niveau important (…) des politiques et des policiers. Et je ne pense pas (au ministre de l’Intérieur Gérard) Collomb en qui j’ai confiance, je ne suis personne pour lui. Mais il y a des gens qui travaillent autour de lui qui auraient pu… »

Quant à Alain Gibelin, il est auditionné une deuxième fois ce jeudi à 14H00 par la commission d’enquête de l’Assemblée.

D. S avec AFP

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