Le constructeur automobile allemand Audi, filiale du groupe Volkswagen, a annoncé mardi la suppression de 9.500 emplois d’ici 2025 en Allemagne, une mauvaise nouvelle de plus venant de ce secteur chamboulé par l’électrification.
Pour « préparer Audi aux défis qui arrivent » et financer la transition électrique, Audi compte améliorer sa rentabilité et vise un effet positif sur ses résultats financiers de 6 milliards d’euros d’ici 2029.
Les réductions de postes se feront notamment par non-remplacement de départs à la retraite et sans licenciement, précise le constructeur dans un communiqué. Il promet également de créer 2.000 « nouveaux postes d’experts » dans des domaines liés à la mobilité électrique et la voiture connectée, dont les recrutements se feront en priorité en interne.
Actuellement, quelque 90.000 personnes travaillent chez Audi, dont 60.000 en Allemagne. L’entreprise a indiqué que les postes restants sur ses deux sites allemands sont garantis jusqu’en 2029.
Le plan de restructuration
Les moyens financiers dégagés doivent permettre de relever la marge vers la cible de 9-11% contre 7,8% sur les neuf premiers mois de l’année 2019. Ils seront également investis dans les « sujets du futur » comme l’électrique ou la voiture connectée, explique le groupe dans un communiqué.
L’objectif: regagner en compétitivité alors que la marque a perdu du terrain face à BMW et Mercedes et accumule dans l’électrique du retard sur le principal concurrent Tesla.
Le plan de restructuration intervient alors que l’industrie automobile allemande, pilier de l’économie du pays, souffre du ralentissement conjoncturel. La coûteuse électrification, nécessaire pour respecter les strictes normes d’émissions de CO2 sous peine de lourdes amendes, dégrade de surcroit les marges.
Chez Audi, ventes, chiffre d’affaires et bénéfice opérationnel ont reculé sur les trois premiers trimestres de l’année, alors que les autres marques principales du groupe, VW, Skoda et Seat, et la branche automobile dans son ensemble ont progressé.
Dans son rapport du troisième trimestre, le groupe Volkswagen relevait notamment que les suites du désordre causé par l’entrée en vigueur des nouvelles normes anti-pollution, la hausse des investissements dans les nouvelles technologies et des charges liées au personnel ont pesé sur les performances de sa filiale haut de gamme.
« Nous ne pouvons pas encore être satisfaits de l’évolution chez Audi », avait déclaré le directeur financier du géant, Frank Witter.
Audi va réduire les capacités de production de ses deux usines allemandes
Audi va notamment réduire les capacités de production de ses deux usines allemandes, qui souffrent déjà d’une baisse de la demande.
Le plan « assure notre croissance future », a commenté le patron du groupe Bram Schot, qui cèdera début avril sa place à Markus Duesmann, transfuge de BMW, qui doit permettre un nouveau départ au constructeur premium après l’ère Stadler entaché par le scandale diesel.
M. Schot avait assuré l’intérim à la tête de la marque dans la foulée du départ en juin 2018 de Rupert Stadler. Ce dernier, brièvement incarcéré, a été renvoyé devant la justice dans le cadre du scandale des moteurs diesel truqués qui a coûté 800 millions d’euros en amende à Audi l’année passée.
Pilier de l’industrie allemande depuis des décennies, le secteur automobile fait désormais figure de talon d’Achille: la production automobile dans le pays a baissé de 9% sur les dix premiers mois de l’année, sous l’effet d’une moindre demande étrangère.
Le secteur automobile représente près de 5% du PIB allemand
Au delà de l’impact du conflit commercial, la perte de popularité du diesel après le scandale du dieselgate laisse des traces: l’équipementier Continental va notamment abandonner la fabrication de composantes hydrauliques pour moteurs diesel et essence et prévoit en conséquence quelque 5.500 suppressions d’emplois en moins de 10 ans.
Des réductions d’effectifs ont été annoncées pour plusieurs grands groupes, allant de Volkswagen à Bosch, en passant par Daimler et Ford. Et la crise pousse certaines entreprises du « Mittelstand », ce réseau dense de petites et moyennes entreprises considéré depuis une dizaine d’années comme la clé du succès allemand, proches de la faillite.
Selon une étude publiée l’année passée par l’agence pour l’emploi, quelque 114.000 emplois disparaîtront d’ici 2035 en raison du passage aux voitures électriques.
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