Le parquet allemand a demandé le renvoi de deux anciens SS du camp de concentration du Stutthof pour complicité dans les meurtres de centaines de détenus juifs et de prisonniers de guerre, a indiqué mercredi le tribunal concerné.
Les deux hommes, âgés de 93 et 92 ans et vivant aujourd’hui dans les régions de Münster et Wuppertal (Ouest), sont accusés d’avoir servi comme gardes dans ce camp situé en Pologne près de Gdansk, le premier bâti hors d’Allemagne par les nazis, selon un communiqué du tribunal de Münster.
Le suspect de 93 ans y était affecté de juin 1942 à septembre 1944, et celui de 92 ans de juin 1944 à mai 1945. Leur identité n’a pas été communiquée.
Parmi les crimes cités, le parquet pointe les exécutions dans des chambres à gaz de « centaines de prisonniers juifs » dans le cadre de « la Solution finale » (août-décembre 1944), de plus de 100 prisonniers polonais (juin 1944) et de 77 blessés de guerre soviétiques (été 1944).
Les morts de 140 prisonniers aux mains de médecins SS sont aussi cités dans la procédure.
Les deux nonagénaires sont par ailleurs accusés de complicité dans les morts de faim ou de maladie de centaines de détenus, un aspect récemment ajouté aux procédures contre d’anciens criminels nazis, jusqu’alors limitées aux exécutions.
Le parquet estime que ces victimes n’ont pu être tuées que parce qu’« elles étaient sous la surveillance de complices comme » les deux suspects, selon le communiqué du tribunal.
« Tous deux ont admis avoir été déployés en tant que gardes dans le camp de concentration du Stutthof, mais ils démentent avoir été parties prenantes à des meurtres », selon la même source.
Un tribunal pour mineurs doit désormais décider si les deux hommes, âgés de moins de 21 ans au moment des faits, seront jugés comme le réclame le parquet.
Quelque 110 000 personnes ont été détenues dans le camp du Stutthof et 65 000 sont mortes soit exécutées, soit de faim, de froid ou de maladie. Il fut libéré par les troupes soviétiques le 9 mai 1945.
Ces dernières années, après des décennies de laxisme, l’Allemagne a multiplié les poursuites contre d’anciens gardes, fonctionnaires ou personnels médicaux de camps nazis.
Mais plus de soixante-dix ans après la Seconde guerre mondiale, l’âge avancé des suspects a fait échouer nombre de procédures, certains n’étant plus considérés comme en état de comparaître, d’autre mourant avant leur procès.
I.M. avec AFP
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