Alliance LR-RN : « Nous devons faire face à une alliance de gauche, il n’est pas déraisonnable de suivre la démarche d’Éric Ciotti », déclare un conseiller LR du Jura

Par Julian Herrero
15 juin 2024 12:19 Mis à jour: 18 juin 2024 12:24

Entretien – Un conseiller national LR* du Jura a choisi de soutenir l’alliance LR-RN voulue par Éric Ciotti. Il nous raconte pourquoi.

Epoch Times : Pourquoi avez-vous décidé de suivre Éric Ciotti ?

Conseiller national LR  : Lorsque nous avons renouvelé les instances du parti en 2022, il nous a été demandé de choisir le nouveau président. J’ai voté pour Éric Ciotti puisqu’il avait promis de réinscrire le parti à droite pour redonner aux Français cette offre d’une véritable droite sans alliances avec les partis centristes comme a pu le faire notre parti dans le passé.

J’ai donc tout simplement suivi Éric Ciotti par conviction. Éric Ciotti, qui, je le rappelle, est toujours président de notre parti puisque la justice a tranché en sa faveur, suite aux différents bureaux politiques qui se sont tenus.

Je crois également qu’il faut arrêter de se mentir. Comme l’a très justement rappelé Guilhem Carayon, même si nous avons des divergences sur les questions économiques avec le RN, force est de constater que nous avons des positions très similaires sur le reste des sujets. Et à partir du moment où nous devons faire face à une alliance de gauche, il n’est pas déraisonnable de suivre la démarche d’Éric Ciotti.

Les LR alliés au RN vont-ils réellement pouvoir dépasser certaines divergences idéologiques ?

Il y aura très certainement parfois des frictions, comme il y en a toujours eu dans toutes les législatures et gouvernements.
Le sujet est de savoir si nous serons capables de travailler ensemble. La réponse est oui.

Évidemment, des concessions devront être faites, mais je suis convaincu que nous parviendrons à nous entendre et à proposer un programme commun équilibré. Et nous avons, au sein de LR, des personnalités très compétentes sur les volets économiques pour justement renforcer ce programme commun.

Maintenant, nous devons montrer que nous pouvons mener la bataille des législatives ensemble. Nous allons voir comment les Républicains dissidents vont se positionner. Des candidatures mixtes avec Renaissance ont déjà émergé. Reste à voir si les autres LR vont nous rejoindre, ce qui nous permettrait d’avoir plus de poids lors des négociations avec le RN.

Jordan Bardella a annoncé que 70 candidats LR-RN ont été investis. Attendez-vous beaucoup de ralliements ?

Il est pour le moment difficile de savoir si nous serons rejoints par des personnes issues de la société civile ou par des personnalités politiques venant de la « droite historique ». Mais nous avons bon espoir.

Maintenant, il faut rester crédible. Je vois très mal des personnalités comme Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse nous rejoindre. Mais nous n’excluons pas des ralliements une fois la campagne lancée, voire au moment du second tour puisqu’on sait très bien que dans une grande majorité des circonscriptions, il y aura des seconds tours RN-Front Populaire.

J’espère que les candidats Les Républicains qui ont un certain poids ou ceux qui seront restés sous une étiquette neutre, accepteront d’appeler à voter pour le candidat du camp national au second tour. Ce sera à mon sens la clé de voûte des résultats de ces élections.

Ne craignez-vous pas que le groupe LR d’Annie Genevard, Bruno Retailleau et François-Xavier Bellamy investissent des candidats face aux vôtres ?

C’est une possibilité. Mais ils devraient se montrer matures et arrêter les querelles de clocher. On parle d’un sujet sérieux, c’est-à-dire d’une future législature.

J’espère qu’ils sauront faire la part des choses et qu’ils penseront avant tout à l’intérêt de la France et non pas à leur ego.

Ils doivent prendre leur responsabilité et ne pas favoriser la victoire du « Front Populaire » en investissant des candidats dont ils savent pertinemment qu’ils ne pourront pas se qualifier au second tour mais qui prendraient des voix au candidat du camp national.

Comment voyez-vous l’avenir de LR ? Le parti va-t-il définitivement se scinder en deux ? Que pensez-vous de l’offre politique proposée par David Lisnard ?

Depuis mardi, les divergences profondes qui existent depuis des années au sein de notre parti sont mises en lumière. Mais elles ne sont pas nouvelles. Je rappelle que Xavier Bertrand avait quitté LR sous prétexte que Laurent Wauquiez, lorsqu’il était président du parti, était trop proche du RN – avant de revenir. Même chose pour Valérie Pécresse. Et aujourd’hui, comble de l’ironie, Laurent Wauquiez nous reproche notre alliance avec le RN.

Je ne pense pas que nous pourrons revenir au parti que nous avons connu avant les annonces d’Éric Ciotti. Le divorce entre la base militante et les ténors est consommé. Toutefois, il est possible qu’un parti émerge autour d’Éric Ciotti et des militants qui sont mobilisés pour bâtir cette alliance avec le RN.

Quant au parti créé par David Lisnard en 2021, je pense que ce sera une force de droite sur laquelle il faudra compter dans les années à venir. Mais je ne suis pas persuadé que des personnalités comme Xavier Bertrand ou Annie Genevard le rallient. Il y a plus de chances qu’ils rejoignent Renaissance ou qu’ils restent dans un parti appelé « Les Républicains » mais qui aurait à l’Assemblée nationale un rôle un peu comparable à celui de François Bayrou aujourd’hui, c’est-à-dire de faiseur de roi — à condition d’avoir un nombre suffisant de sièges, ce dont je doute. Nous aurons évidemment la réponse lors des résultats des élections législatives.

Je crois que les LR dissidents se dirigent vers ce qu’Éric Ciotti a évité pour les députés qui seront investis par l’alliance LR-RN, c’est-à-dire une lourde défaite. Pour un parti, l’absence de députés est synonyme d’absence de fonds. Et LR était déjà en difficulté financière. Si les Républicains « traditionnels » ne parviennent pas à s’imposer, je crains qu’ils disparaissent totalement ou qu’ils soient réduits à un petit nombre d’élus nationaux ne leur permettant pas d’exister sans se rattacher à une autre formation politique.

Ils vont donc, à ce moment précis, devoir choisir entre se rallier ou même fusionner avec Renaissance ou faire comme certains l’ont déjà fait, rejoindre notre alliance.

*Pour des questions de sécurité sur la personne, le conseiller LR a été anonymisé suite à des menaces reçues dans sa boite à lettre suite à la publication de l’article.

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