Trois jours après la validation de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel, le chef de l’État s’est exprimé ce lundi 17 avril à 20h. Si Emmanuel Macron a annoncé trois grands chantiers pour les mois et les années à venir, il n’a que très peu parlé de la très clivante réforme des retraites et a employé des formules trop souvent entendues.
Peu de temps accordé à la réforme des retraites
Il faut reconnaître que le président de la République ne s’est que très peu exprimé sur la réforme des retraites. Certes, cette dernière a été validée par les sages du Conseil constitutionnel le 14 avril, et pour reprendre une formule très utilisée ces derniers jours, il faut « passer à autre chose », mais le moins que l’on puisse dire, c’est que son étude et les mouvements qu’elle a suscités ces derniers mois ne sont pas passés inaperçus. On se souvient des manifestations de grande ampleur depuis le mois de janvier, des grèves chaque semaine et enfin, des discussions ultra tendues à l’Assemblée nationale dont le nec plus ultra a été le dépôt d’une motion de censure par le groupe centriste Liot ayant failli faire tomber le gouvernement. Cependant, dans son intervention, Emmanuel Macron a simplement constaté que la réforme n’a pas été acceptée par la population. Nous pouvons, dans un sens, reconnaître au chef de l’État d’avoir tenu bon face à la rue. Après tout, comme il l’avait rappelé lors de sa dernière interview le 22 mars, il aurait très bien pu faire comme ses prédécesseurs et « mettre la poussière sous le tapis » ; cela aurait été interprété par l’aile droite de son électorat comme une preuve de courage politique et par conséquent le renforcer. N’oublions pas qu’un sondage de l’IFOP publié il y a deux semaines indiquait que si le premier tour de l’élection présidentielle de 2022 se rejouait aujourd’hui, l’actuel locataire de l’Élysée obtiendrait 25 % des suffrages, contre 27,8 % l’an dernier. Autrement dit, il reste très stable et a un électorat solide.
Annonce de « trois grands chantiers »
Emmanuel Macron a aussi profité de cette prise de parole devant les Français pour annoncer un cap. Le « grand projet de retrouver et reconstruire l’élan de la nation ». Un grand projet dont les déclinaisons sont les « trois grands chantiers » qu’il a développés tout au long de son allocution : le travail, la justice et l’ordre républicain et démocratique et le progrès.
À travers l’annonce du premier chantier du travail, le chef de l’État s’est félicité de l’engagement très prochain de la réforme du lycée professionnel permettant de fournir aux jeunes des « formations qualifiantes ou un emploi » mais aussi de la réindustrialisation progressive de la France. « Depuis deux ans, 200 usines ont été ouvertes », a déclaré le Président. Sur le deuxième chantier de la justice, de l’ordre républicain et démocratique, il a notamment appelé au renforcement du contrôle de l’immigration illégale et a annoncé la consultation de la présidente de l’Assemblée nationale, du président du Sénat et le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) pour d’éventuelles pistes pour que les institutions « gagnent en efficacité ».
Enfin, le chef de l’État a en particulier mis l’Éducation nationale au cœur de son troisième chantier du progrès, souhaitant que celle-ci « renoue avec l’ambition d’être l’une des meilleures d’Europe ».
Des formules trop souvent entendues dans cette allocution
Au-delà de l’annonce des trois chantiers qui ressemble à une liste d’engagements difficilement tenables, ce sont plutôt les formules, que nous pourrions qualifier de « réchauffées » qui sont à retenir. Cela fait des années, voire des décennies que le personnel politique français, à l’instar d’Emmanuel Macron ce 17 avril, nous anesthésie avec des expressions vides et répétées des centaines de fois. « La réponse ne peut être ni dans l’immobilisme, ni dans l’extrémisme », a déclaré Emmanuel Macron. Quand il développe son propos sur les chantiers du travail et du progrès, il affirme que « le travail doit mieux payer » ou encore que « l’école va changer à la rentrée et les enseignants seront mieux rémunérés ». Enfin, le Président de la République a souhaité qu’il y ait moins de bureaucratie et moins de lois.
Combien de fois avons-nous entendu que les enseignants devaient être payés et que rien n’a changé ? Ou encore qu’il faille stopper l’excès de normes et l’inflation bureaucratique ?
Nous avons le sentiment d’être revenus au moment du lancement d’En Marche en 2016 ou en pleine campagne de l’élection présidentielle de 2017.
En somme, nous pourrions nous réjouir des trois grands chantiers annoncés par Emmanuel Macron, mais le successeur de François Hollande s’est exprimé comme s’il n’avait jamais été au pouvoir et qu’il découvrait les maux dont la France souffre.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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