Alors que la crise pandémique s’aggrave, la Chine expédie des fournitures médicales de mauvaise qualité aux pays touchés par le virus

Par Eva Fu
10 avril 2020 16:40 Mis à jour: 10 avril 2020 17:15

Les équipements médicaux défectueux en provenance de Chine suscitent des réactions de plus en plus vives à l’étranger, la Finlande, la Grande-Bretagne et l’Irlande étant les derniers pays à se plaindre de ces équipements défectueux.

Soucieux de se présenter comme un acteur humanitaire dans le contexte de la pandémie mondiale, le régime chinois a envoyé des fournitures médicales à des pays touchés par le virus dans le monde entier, de l’Espagne au Pérou. Selon une déclaration de l’administration douanière chinoise datant du 5 avril, depuis le 1er mars, la Chine possède environ 4 milliards de masques, 37,5 millions de combinaisons de protection et 2,8 millions de kits de dépistage.

Pourtant, les cas de plus en plus nombreux de masques défectueux et de kits de dépistage ont remis en question la réussite des tentatives de Pékin en matière de « diplomatie des masques ».

La Finlande, qui a reçu 2 millions de masques chirurgicaux de Chine le 7 avril dernier par pont aérien, les a qualifiés de « décevants » et d’inadaptés au personnel hospitalier.

« Le marché chinois est très chaotique », a dit Tomi Lounema, directeur général de l’Agence nationale d’approvisionnement d’urgence du pays, lors d’un point de presse mercredi. Il a ajouté que cela signifie que le pays doit traiter avec un grand nombre de fournisseurs obscurs, ce qui rend difficile la traçabilité des produits.

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« Les prix ne cessent d’augmenter, les transactions doivent être effectuées rapidement et vous devez payer à l’avance », a-t-il dit. « Le risque commercial est très élevé. »

Entretemps, selon un communiqué de presse du 7 avril, Toronto rappelle plus de 62 000 masques chirurgicaux chinois défectueux, d’une valeur de 180 000 euros, qui ont été distribués à des établissements de soins à long terme. La ville enquête actuellement pour savoir si quelqu’un a été exposé au virus en portant ces masques.

Selon les médias locaux, parmi le premier lot d’équipements de protection individuelle irlandais provenant de Chine, 20 % étaient défectueux. Les articles défectueux ont une valeur de 4 millions d’euros. Selon le Irish Times, l’ambassade de Chine à Dublin a promis de remplacer l’équipement. Un autre 15 % de la cargaison, y compris des blouses blanches, a été considéré comme « acceptable pour les travailleurs de la santé si le produit préféré n’est pas disponible », a dit aux médias le 5 avril, Paul Reid, directeur du Health Service Executive.

John Newton, le chef des tests britanniques, a souligné que les tests d’anticorps provenant de Chine étaient inefficaces, car ils ne pouvaient identifier l’immunité avec précision que chez ceux « qui étaient gravement malades avec une charge virale très importante », a rapporté le Times. Le gouvernement avait commandé des millions de kits de dépistage d’anticorps à la Chine la semaine dernière, mais Matt Hancock, le secrétaire d’État britannique à la santé et à l’aide sociale, a dit dimanche « nous n’en avons toujours pas reçus qui sont assez bons ».

Le 28 mars, les Pays-Bas ont rappelé environ 600 000 masques reçus de la Chine, tandis que le ministère espagnol de la Santé a également retiré 58 000 kits de dépistage fabriqués en Chine après avoir découvert qu’ils avaient un taux de précision de seulement 30 %.

Une ouvrière produisant des masques de protection dans une usine de la ville de Handan, dans la province du Hebei en Chine, le 28 février 2020. (STR/AFP via Getty Images)

Les conditions d’usine remises en question

Alors que la demande d’équipements de protection est montée en flèche dans le monde entier, des milliers d’entreprises chinoises se sont lancées dans la fabrication d’équipements médicaux, suscitant des inquiétudes quant à la conformité des opérations aux normes de santé et de sécurité.

La semaine dernière, le régime chinois a renforcé les règles régissant l’exportation d’équipements médicaux afin de répondre aux préoccupations en matière de qualité. Les autorités ont annoncé le 31 mars que seuls les fabricants accrédités pour vendre leurs produits en Chine pouvaient exporter des kits de dépistage, des masques chirurgicaux, des blouses de protection, des respirateurs et des thermomètres à infrarouge.

Lin Xin (alias), qui travaillait auparavant pour un fabricant de bois dans la province chinoise du Heilongjiang, au nord du pays, contribue désormais à faciliter l’exportation de masques vers l’Europe. Il a confié que ses amis dans l’industrie du vêtement et du jouet ont transformé leurs ateliers en chaînes de montage.

Il a dit qu’il s’agissait d’un phénomène très répandu dans la province. Mais un certain nombre de ces entreprises ont commencé à produire avant d’acquérir une licence officielle, et plusieurs se sont fait prendre récemment, a-t-il dit à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times.

« Pour gagner de l’argent, les gens se lancent dans la fabrication de masques comme un essaim d’abeilles », a-t-il ajouté.

Selon le site d’information financière chinois Sanyan Blockchain, près de 5 500 fabricants de masques ont été créés en Chine entre le 23 janvier et le 11 mars.

M. Chen a visité une usine pleine de poussière où les ouvriers manipulaient les masques sur la chaîne de montage sans porter de gants ni de masque.

« Qui oserait utiliser des masques fabriqués de cette manière ? Qui oserait le porter sur le visage », a-t-il dit.

Lu Honghai, fondateur du site de commerce électronique Ennews basé à Shenzhen, a dit avoir trouvé des mouches mortes et des taches sombres lors d’un contrôle aléatoire de 350 000 masques qu’il avait achetés pour l’exportation.

En réponse, le fabricant Aokang Hygienic Materials du canton de Hua, dans la province du Henan, à qui il avait passé la commande le 17 mars, a accepté de reprendre les 13 000 masques, mais a refusé de compenser le reste de la commande, a écrit M. Lu dans un message du 3 avril sur le média social chinois Weibo. Depuis lors, il a déposé une plainte auprès de la police.

M. Lu a dit qu’une partie importante de ces masques avait déjà été vendue en ligne à d’autres endroits dans le monde.

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