Quand des paysans rachètent un supermarché pour vendre directement leurs produits

10 mars 2019 21:00 Mis à jour: 5 avril 2019 19:43

Ouvert début décembre 2016 à Colmar, dans le Grand Est, ce « supermarché » pas comme les autres connaît un succès phénoménal bien mérité ! Retour sur cette success story locale.

En 2006, 35 paysans alsaciens décidaient de se regrouper pour acheter un ancien magasin appartenant à l’enseigne Lidl – ténor de la grande distribution. L’ambition de ces irréductibles cultivateurs ? Répondre à une demande croissante et court-circuiter les grandes chaînes spécialisées dans le commerce de denrées alimentaires, afin de proposer aux consommateurs des produits frais, locaux (les exploitations agricoles se trouvent toutes à moins de 40 kilomètres du point de vente) et de saison. Le tout à des prix compétitifs et en se passant des intermédiaires traditionnels !

Au moment de l’ouverture de l’établissement, Denis Digel – un des maraîchers à l’initiative du projet – déclarait d’ailleurs : « L’idée m’est venue il y a longtemps. Je suis maraîcher et pratique la vente au détail depuis longtemps mais j’en avais assez de livrer mes produits à la grande distribution, de cette pression perpétuelle sur les prix et les services et la situation ne cesse de se détériorer. »

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Rebaptisé Cœur Paysan, le bâtiment acquis par les agriculteurs s’étend sur une surface de près de 400 mètres carrés et propose des produits qui permettent de couvrir « l’ensemble des besoins alimentaires d’une famille : fruits et légumes, viandes, produits laitiers, mais aussi bières, vins, pains frais, poissons, œufs, épices, thés, pâtes, farines, confitures, miel… ».

Une démarche plus juste et novatrice 

Et en matière de prix ? Le maraîcher estime qu’« à produits identiques, nous sommes moins chers qu’en grande surface. Les fruits et légumes sont moins onéreux. Par exemple, le kilo de mâche est vendu 10 euros alors que les grossistes les revendent 12 à 13 euros le kilo ». Il reconnaît pourtant que « certains produits sont plus chers, comme les fromages artisanaux », mais il insiste toutefois sur le fait que « la qualité n’est pas la même ».

Par ailleurs, le modèle économique du groupement est, là aussi, très différent de celui en vigueur au sein de la grande distribution. En effet, les agriculteurs fixent eux-mêmes les prix de leurs produits et ils en restent propriétaires jusqu’au passage en caisse. Ils touchent également une commission bien supérieure à celle que leur proposent les grands distributeurs.

En outre, les 35 paysans se succèdent à tour de rôle (chacun est présent au moins deux demi-journées par mois) pour assurer les permanences et accueillir les clients au sein du magasin. Une proximité et une transparence visiblement très appréciées des chalands. Denis Digel estime lui aussi que restaurer un lien fort et pérenne avec les consommateurs est très important. Cet agriculteur engagé milite d’ailleurs pour « la fin de l’anonymat alimentaire ». Il souligne également : « On a besoin du retour du consommateur, c’est valorisant et puis nous adaptons, si possible, notre offre à leur demande. »

Un pari gagnant

Aujourd’hui, l’enseigne Cœur Paysan rencontre un incroyable succès et ses rayons ne désemplissent pas. L’objectif financier fixé par les 35 agriculteurs – un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros – a d’ailleurs été atteint dès la première année d’exploitation du magasin, qui est même déjà en mesure de dégager des bénéfices !

Évidemment, Denis Digel est ravi : « Des habitudes se sont créées avec les clients qui sont fidèles et heureux de trouver un savoir-faire local. »

La démarche alsacienne fait des émules parmi les paysans français et va même jusqu’à séduire plusieurs élus hexagonaux. Régulièrement sollicité, Cœur Paysan a donc décidé d’aider les agriculteurs désireux d’ouvrir des structures similaires.

« Si ça a marché pour nous, ça devrait marcher pour d’autres. On a créé une locomotive et des wagons pourront s’y raccrocher », affirme le maraîcher.

Ainsi, ne vous étonnez pas de voir fleurir des projets similaires en bas de chez vous ! Un nouveau modèle de distribution agricole semble pointer le bout de son nez.

Probablement une bonne nouvelle pour bon nombre de consommateurs qui, comme Denis Digel, considèrent que le fonctionnement des grandes chaînes de distribution traditionnelles est un véritable « non-sens ».

Le maraîcher estime en effet que la pression constamment exercée sur les prix va à l’encontre de la qualité des produits proposés aux clients et se fait « nécessairement au détriment des agriculteurs ».

Si vous êtes sensible à l’initiative des ces paysans, partagez cet article autour de vous !

Découvrez plus en détail l’enseigne qui a osé défier la grande distribution dans la vidéo ci-dessous :

 

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