Amazon avance sur le marché des banques

1 août 2016 17:10 Mis à jour: 5 août 2016 09:25

Une pléthore d’entreprises start-up FinTech (technologie financière), bouscule les services financiers traditionnels en offrant des alternatives moins chères et des services plus pratiques. Quelle place cependant pour les géantes entreprises de haute technologie établies comme Amazon? Peuvent-elles vraiment marquer une rupture avec le système bancaire conventionnel?

Il y a quelques années les entreprises américaines de haute technologie les plus puissantes, appelées GAFA (un acronyme pour Google, Apple, Facebook et Amazon), ont également mis un pied dans les services financiers. Mais lors du Forum économique mondial, l’expert en technologie financière Huy Nguyen Trieu, qui est aussi universitaire à Oxford et membre du conseil d’administration FinTech, estime que les résultats de cette incursion ont été décevants.

Sur son blog, Trieu prévient cependant que « même si l’impact de l’intrusion des géants de la technologie ne semble pas bousculer le monde de la finance, on ne peut pas en déduire que ces entreprises ne joueront pas un rôle décisif ».

« Chacun de ces géants dispose d’une portée impressionnante et plus important, ils rivalisent avec tous les autres services pour être au cœur de nos vies numériques ».

Toutefois, aux États-Unis, les clients trouvent toujours leurs services banquiers traditionnels plus commodes et dignes de confiance. Selon une enquête conduite par le cabinet de conseil Capgemini et Efma, 69 % des clients aux États-Unis déclarent avoir une totale confiance dans leur banque principale, contre 55 % à l’échelle mondiale.

« Bien que le paiement sur mobile soit disponible depuis une quinzaine d’années, les clients américains et européens trouvent toujours l’utilisation de l’argent en espèces et leurs cartes bancaires, plus facile ; ce qui explique au passage pourquoi Apple Pay ou Android Pay, peinent à trouver une adoption généralisée », a analysé Trieu.

A l’opposé, les géants chinois des technologies comme Alibaba ou Tencent, qui se sont lancés de manière agressive dans les services financiers ont réussit à gagner d’importantes parts de marché. Ant financier, le bras financier d’Alibaba par exemple, offre des services de paiements, de prêts personnels, des produits bancaires, des produits d’épargne et des prêts entre particuliers. Ceci explique la valorisation de Ant financier à environ 60 milliards de dollars.

Les offres de services financiers

Des quatre géants américains de la technologie, Amazon est l’entreprise la plus susceptible de jouer un rôle majeur dans les services financiers dans le futur, prédit Trieu. Le géant de la vente en ligne dispose d’une base de plus de 250 millions de clients.

« Amazon est l’ultime supermarché virtuel. L’entreprise procède à des achats auprès des fournisseurs et vend à ses consommateurs. Aussi la manipulation de l’argent et les paiements font partis de son ADN. Disposer d’une offre de services financiers n’est qu’un prolongement naturel de son activité » explique-t-il.

(www.disruptivefinance.co.uk)
(www.disruptivefinance.co.uk)

Amazon offre des prêts directs qui permettent à ses vendeurs d’emprunter des fonds de roulement auprès de l’entreprise, à des taux généralement plus bas que ceux d’une carte de crédit.

Depuis son lancement en 2013, le programme de prêts d’Amazon représente quelques centaines de millions de dollars, ce qui est insuffisant aujourd’hui pour marquer une rupture dans le jeu, estime Trieu.

En outre, le e-commerçant a récemment lancé un service de paiement, en concurrence directe avec PayPal et les cartes de crédit type Visa. Ce nouveau service permet aux clients d’effectuer des paiements grâce à leur identifiants Amazon, sur des milliers d’autres sites.

La filiale, qui compte 23 millions d’utilisateurs actifs, offre son système à ses partenaires marchands et aux entreprises tierces qui disposent d’un magasin sur un site de e-commerce.

Elle a également annoncé son intention d’acquérir des sociétés de technologie financière, afin d’élargir son offre de services financiers. Elle a ainsi acheté en février Emvantage Payments Pvt  pour construire sa plate-forme de paiement en ligne en Inde.

Les offres de prêts étudiants

Amazon a conclu un partenariat avec Wells Fargo & Co le 21 juillet pour offrir des baisses de taux d’intérêt à ses clients premium, sur les prêts étudiants.

Wells Fargo, la plus grande banque américaine en terme de part de marché et deuxième en volume d’émissions de prêts personnels étudiants, offrira un rabais de 0,5 % sur le taux d’intérêt pour les clients étudiants d’Amazon ayant souscrit au service premium.

L’abonnement au service coûte 49 dollar l’année et offre gratuitement aux étudiants les frais de livraison sous 48 heures pour tous leurs achats en plus de diverses offres spéciales et promotions.

Les deux entreprises ne se compenseront pas mutuellement pour la transaction qui permettra à Wells Fargo de toucher des millions de clients potentiels grâce à Amazon. En retour, Amazon voit cette transaction comme un outil de marketing lui permettant d’attirer davantage d’étudiants vers son service premium.

Les prêts étudiants, qui ont chuté lors de la récession, se développent à nouveau et deviennent plus compétitifs. Cependant pour certains experts, l’association de la marque Amazon avec le marché très réglementé des prêts étudiants est susceptible de nuire à la réputation du e-commerçant, en particulier si les clients rencontrent des problèmes avec leurs emprunts.

Le point de rupture numérique

Il ne fait aucun doute que la Silicon Valley travaille à bousculer les services bancaires traditionnels ; toutefois dans son rapport annuel 2016 sur les ruptures digitales, la banque d’investissement Citigroup écrit « le point de rupture numérique qui marquerait un basculement n’a pas encore été atteint ni aux États-Unis, ni en Europe ».

Le rapport révèle que les investissements dans les technologies financières ont connu une croissance exponentielle dans la dernière décennie, passant de 1,8 milliard de dollars en 2010 à 19 milliards de dollars en 2015. L’essentiel de ces investissements s’est porté sur le domaine des paiements.

Malgré tous les investissements et toutes les spéculations sur la concurrence que subissent les banques traditionnelles, Citibank estime qu’en Amérique du Nord, seulement 1 % environ des revenus bancaires a migré vers les nouveaux modèles numériques.

Et Trieu de conclure : « Les géants de la technologie comme Amazon, Google ou Apple continueront leur expansion dans les services financiers et sont susceptibles de jouer un rôle important dans cet écosystème — à l’image de ce qu’a fait Alibaba en Chine. »

Version anglaise : Amazon: Bank to the Future?

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.