Amazon censure les commentaires critiques à l’égard de la Chine

Par Anders Corr
5 mars 2023 08:00 Mis à jour: 5 mars 2023 08:00

Amazon inquiète un groupe d’auteurs et d’éditeurs très critiques à l’égard du Parti communiste chinois (PCC).

La société, dont les sièges se situent à Seattle et Arlington, entretient des relations commerciales importantes avec la Chine. Elle vend de grandes quantités de produits importés de la Chine vers ses principaux marchés que sont les États‑Unis, l’Europe et le Japon.

Selon EcomCrew, plus de 63% de tous les vendeurs tiers d’Amazon sont originaires de Chine (en comprenant Hong Kong). Amazon occulte ce fait crucial en n’indiquant pas automatiquement le pays d’origine des produits vendus.

Compte tenu de sa dépendance vis‑à‑vis de la Chine en matière d’approvisionnement, la récente censure d’un commentaire fait sur un livre critique à l’encontre du dirigeant chinois Xi Jinping et du PCC soulève des questions de partialité.

Le 6 février, Paul Kenchington, un critique britannique, a tenté de publier son commentaire sur l’ouvrage de Benedict Rogers « China Nexus : Thirty Years In and Around the Chinese Communist Party’s Tyranny ». Il et a été informé par Amazon le 9 février que son commentaire était rejeté en raison d’un « contenu inapproprié ».

Le critique a de nouveau tenté de soumettre son commentaire de manière anonyme. Le commentaire a de nouveau été rejeté. Cette fois Amazon a envoyé une menace, expliquant qu’il lui serait interdit de faire des commentaires sur la plateforme s’il tentait à nouveau de publier celui-ci.

Benedict Rogers, cofondateur et directeur général du groupe de défense des droits de l’homme Hong Kong Watch, basé au Royaume-Uni, au National Press Club à Washington, le 15 juillet 2019. (Lynn Lin/Epoch Times)

Aucune des deux communications reçues, dont la deuxième qu’il a jugée « plutôt grossière », ne précisait ce qu’Amazon considérait exactement comme inapproprié dans ce qu’il avait écrit.

Amazon n’a pas répondu aux demandes d’informations supplémentaires de Paul Kenchington ni d’Epoch Times.

Le commentaire censuré déclarait : « Le retour de Xi Jinping vers une oppression violente de type Mao et un contrôle autoritaire de type Staline est vraiment une réalité dont nous devrions prendre acte et sur laquelle nous devrions réfléchir ensemble. »

Dans ses Directives générale de la communauté, Amazon a une section « Blasphème et harcèlement ». Il y est précisé que la plateforme ne tolère pas les « attaques contre les personnes avec lesquelles vous n’êtes pas d’accord ». Le commentaire a‑t‑il été considéré comme une attaque de ce type contre Xi Jinping ?

Amazon n’a pas retiré les commentaires évoquant Donald Trump ou Joe Biden. Pourquoi deux poids deux mesures lorsqu’il s’agit de Xi Jinping ?

Le rejet du commentaire constitue‑t‑il une atteinte non avouée à la liberté d’expression ? La question s’impose compte tenu du quasi‑monopole d’Amazon sur le commerce en ligne et son énorme dépendance vis-à-vis de la Chine ? Le Congrès devrait‑il convoquer le fondateur et président d’Amazon, Jeff Bezos, devant une commission pour obtenir une réponse décente à une question simple ?

Paul Kenchington écrit dans le commentaire : « Les chapitres sur ‘Hong Kong’, ‘le christianisme sous le feu’, ‘le Tibet’, ‘le génocide ouïghour’ et ‘l’implication de la Chine dans la récolte massive de parties du corps’ ont été pour moi une révélation choquante qui m’a vraiment mis en colère contre les politiques chinoises et le système politique du Parti communiste chinois (PCC). »

Hongkongais tenant des lampes et des bougies électroniques pour afficher les mots « Libérez les prisonniers politiques de HK » au sommet du Lion Rock à Hong Kong, le 31 décembre 2022. (Hui Tat/Epoch Times)

La censure est‑elle due au fait que l’auteur a déclaré que le génocide le mettait « en colère » ?

Quelle est l’émotion appropriée face à un génocide ? La tristesse ? La peur ? Ni l’une ni l’autre n’aurait aidé le peuple juif, par exemple, à éviter l’Holocauste.

Le premier ministre britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill, s’efforçait de garder son calme et a fait remarquer un jour « qu’un homme est aussi grand que les choses qui le mettent en colère ».

Mais la colère a sans doute sa place dans la défense de son pays et des droits de l’homme en général. Churchill était en colère contre Adolf Hitler, par exemple, en le comparant au « diable ».

Apparemment, les directives communautaires d’Amazon auraient censuré Churchill à l’époque.

Pourtant, Churchill a utilisé sa colère dans ce cas à bon escient, expliquant que nous devons être « féroces » dans notre opposition aux nazis. On a peine à imaginer comment l’histoire aurait changé pour le pire si Hitler n’avait pas mis Churchill suffisamment en colère pour répondre par une défense féroce non seulement de la Grande‑Bretagne, mais de toute l’Europe.

Benedict Rogers a replacé la censure d’Amazon dans le contexte des vastes opérations d’influence du PCC dans le monde.

« Si la décision d’Amazon de rejeter cette approbation de mon livre n’était pas un accident, cela illustrerait qu’il s’agit d’une autre arène où le PCC a instillé la peur et gagné en influence », a‑t‑il écrit.

« C’est un triste jour quand la censure, par peur de contrarier Pékin, va jusqu’à refuser à une personne en Grande‑Bretagne le droit de publier une critique d’un livre sur la Chine. »

L’éditeur canadien du livre, Dean Baxendale, note que « ce n’est pas la première fois que des critiques de livres et ou des descriptions de livres ont été censurées par Amazon afin de ne pas heurter la sensibilité de ceux qui dirigent la Chine. »

Il mentionne un autre de ces livres, « Wilful Blindness : How a Network of Narcos, Tycoons and CCP Agents Infiltrated the West » de Sam Cooper. Amazon a également censuré certains commentaires autour de ce livre. « Wilful Blindness » traite des liens entre le PCC, le trafic de drogue, les jeux d’argent, le blanchiment d’argent et les hommes politiques canadiens.

« À un moment, Bezos devra choisir entre faire plus de profits en soutenant le travail des esclaves au Xinjiang ou trouver le courage de défendre la liberté et la démocratie en réorientant les chaînes d’approvisionnement vers des entreprises et des pays qui respectent vraiment les critères ESG », poursuit Dean Baxendale.

Contrairement à Amazon, Waterstones, un vendeur de livres en ligne, a autorisé la publication du commentaire de Paul Kenchington. Il a par ailleurs ajouté sa propre réflexion sur l’ouvrage de Benedict Rogers que Jeff Bezos devrait prendre à cœur.

« Ce livre n’est pas facile à lire. En effet, c’est une tâche difficile, mais c’est une lecture obligatoire pour quiconque veut comprendre la véritable menace que représente la Chine. »

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