« Non-sens ». C’est en ces termes que Christophe Pierre, vice-président du Grand conseil coutumier des peuples amérindien et bushinengé, définit le cri d’alerte d’Emmanuel Macron sur les incendies qui ravagent l’Amazonie.
Dans une tribune publiée sur France Info,le représentant du Conseil, qui défend les intérêts des peuples autochtones, critique amèrement le double discours des gouvernements brésiliens et français.
D’après lui, l’« extractivisme » est la politique en vigueur sur cette grande région d’Amérique du Sud. « L’Amazonie est vivante et elle est en train de mourir, par l’action de l’homme », explique t-il.
DECLARATION DES NATIONS UNIES SUR LES DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES
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— Jeunesse Autochtone de Guyane (@JAGuyane) August 27, 2018
« En Guyane, ce sont plus de 360 000 hectares qui ont été cédés aux multinationales minières. C’est énorme. C’est la moitié de la surface de forêt qui a brûlé en Bolivie, on dénonce le fait de vouloir donner des leçons à l’international, alors que sur le territoire guyanais français, ce gouvernement fait des non-sens, des choses qui ne vont pas dans le sens de la préservation de la biodiversité et de l’Amazonie », écrit-il.
Christophe Pierre a également appelé le président français à respecter le droits des peuples autochtones en ratifiant la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), relative aux peuples indigènes et tribaux.
Les peuples autochtones demandent également d’être partie prenante des mesures décidées pour préserver la forêt, notamment sur certaines décisions comme la répartition des fonds pour lutter contre les incendies ou les actions à mener sur le terrain.
« Il n’est jamais indiqué, à aucun moment, que les peuples autochtones ont toujours su préserver leur milieu, à travers leur mode de vie. C’est un savoir-faire précieux aujourd’hui », estime le vice-président du Grand conseil coutumier. « La priorité, c’est aussi de reconnaître les droits des peuples autochtones et leur rapport à la terre. C’est un élément fondamental du combat contre la crise climatique ».
L’ONU rappelle la France à l’ordre
En décembre 2018, la présidence française était sommée de s’expliquer sur son projet de la « Montagne d’Or » par le Comité Des Nations Unies. Le projet initial était d’autoriser un consortium canado-russe Colombus Gold et Nordgold à implanter sur une surface de 8 km².
La « Montagne d’or » était dans l’idée une installation permettant d’exploiter 185 tonnes d’or sur une durée minimum de 12 ans. Le projet prévoyait également un reboisement à l’issue du plan.
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Par voie de lettre, l’organisation voulait inciter la France à reprendre la discussion avec les communautés autochtones. Plusieurs points du projet étaient lourdement critiqués: l’utilisation de cyanure comme méthode d’extraction, le grand besoin énergétique, la consultation à reculons des consortiums avec la commission du débat public censée valider le projet.
Finalement, la mauvaise foi et l’incompréhension ont dominé le débat. Des industriels du projet trouvaient « ridicule » l’idée d’associer les populations locales. De leur côté, les tribus ont relancé les consortiums pour que les débats soient menés. Jusqu’à ce que l’ONU se décide à jeter un regard sur le projet.
Le projet Montagne d’Or est incompatible avec nos exigences de protection de l’environnement qui doivent être au cœur de tous les processus miniers. C’est pourquoi nous allons réformer le code minier pour qu’elles concernent demain tous les projets.#ConseilDeDéfenseÉcologique
— François de Rugy (@FdeRugy) May 23, 2019
En mai 2019, le Premier ministre a jeté l’éponge. « Le projet ne se fera pas ». Il « n’est pas soutenu par le gouvernement », a-t-il assuré aux journalistes qui lui demandaient de clarifier sa position. L’ancien ministre Nicolas Hulot avait fait état de ses réticences sur ce projet, tout comme la ministre des Outre-mer Annick Girardin.
Montagne d’Or : la réaction de Michel Dubouillé, porte parole du collectif Or de Question. pic.twitter.com/w6783Xf4C7
— Guyane la 1ère (@guyla1ere) May 23, 2019
La Compagnie Montagne d’Or a pris « acte » sans abandonner la bataille, réaffirmant « sa volonté de mener un dialogue ouvert et constructif avec l’ensemble des parties prenantes en vue de rendre ce projet compatible avec les exigences de protection environnementale ».
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