ENTRETIEN – Le samedi 23 novembre à Paris, les militantes du collectif féministe Némésis se sont rendues à la manifestation de l’association Nous Toutes. Anaïs, porte-parole de Némésis revient sur les raisons de leur présence.
Epoch Times : Pourquoi étiez-vous présentes ? Quel message avez-vous voulu faire passer ?
Anaïs : Depuis 2020, Némésis s’invite dans cette manifestation pour dire la vérité sur le collectif Nous Toutes. Ce dernier a été créé en 2018 afin de dénoncer les violences à l’encontre des femmes. Malheureusement, il n’est plus féministe depuis plusieurs années.
Nous Toutes a privilégié les idéologies woke, LGBT et toute une panoplie de dénonciations (situations des migrants, des personnes racisées etc.) au détriment de la protection des femmes.
On se demande vraiment où se trouve le combat féministe dans toutes ces revendications. En réalité, nous souhaitions montrer que ce mouvement est de plus en plus hypocrite.
Par ailleurs, en participant à cette manifestation, nous avons tout simplement exercé notre liberté d’expression.
À Némésis, nous dénonçons toutes les violences faites aux femmes, peu importe l’origine de l’agresseur, et sans, justement, cacher cette origine.
À travers cette manifestation, nous souhaitions afficher nos slogans et porter la voix d’énormément de femmes qui ont été victimes de certains individus issus de l’immigration.
Pour vous, Nous Toutes ne défend plus les intérêts des femmes ?
Je ne dirais pas que Nous Toutes ne défend plus les intérêts des femmes. Ce collectif cherche à défendre tout le monde, ce qui est louable, mais dans ce cas, qu’il ne se revendique plus féministe ! Il devrait plutôt se concentrer sur la dénonciation de toutes les violences.
Par ailleurs, Nous Toutes est très présent en France, mais a, par exemple, pris position de manière assez forte sur le conflit israélo-palestinien, en soutenant la Palestine. Ce qui, encore une fois, nuit à la cause des femmes et contribue à les diviser.
Je ne pense pas que ces militantes soient mal intentionnées en prenant de telles positions, mais elles créent une confusion qui, à la fin, dilue leur message originel.
Comment les militantes de Nous Toutes ont-elles réagi à votre présence ? Avez-vous été chahutées ?
Elles ont été très hostiles. Quand nous sommes arrivées au point de ralliement à la Gare du Nord à 14 heures, nous étions 80 militantes et un cortège de policiers nous attendait.
Ils étaient là pour nous protéger parce qu’ils savaient que, sans protection policière, nous aurions pu nous faire agresser verbalement et physiquement. Chose à laquelle nous sommes habituées. Nous avons d’ailleurs reçu quelques cailloux et certaines personnes nous ont fait des doigts d’honneur, mais dans l’ensemble, tout s’est bien passé.
Au-delà de ce collectif, il y a également toutes les autres associations d’extrême gauche qui sont très agressives quand elles nous croisent. Je pense particulièrement au collectif antifasciste de La Jeune Garde ou encore Osez le féminisme. Ce qui est assez cocasse étant donné qu’elles sont censées être féministes et protéger les femmes.
Malheureusement, à partir du moment où ces associations ont décrété que nous étions d’extrême droite, le reste n’a plus d’importance à leurs yeux. Que l’on soit des femmes ou non, nous restons la « bête immonde » à abattre.
Mais même si nous avons été mal accueillies dans le cortège, on a eu l’impression d’être écoutées et qu’enfin, la parole s’est libérée, ce qui est une victoire pour nous.
Allez-vous participer à d’autres manifestations dans les semaines à venir ?
Pour l’instant, aucune autre action n’est prévue dans les semaines à venir. En ce moment, nous sommes axées sur le recrutement. Némésis a lancé une grande campagne de recrutement de militantes en début d’année, et aujourd’hui, nous en comptons 203.
Nous cherchons également à nous étendre au niveau européen. Notre collectif est déjà présent dans seize villes françaises, ainsi qu’à Bruxelles et Lièges en Belgique et Lausanne et Genève en Suisse. On est actuellement en train d’essayer de monter une section en Angleterre à Londres.
Cela étant, je pense qu’on réitérera les infiltrations dans les manifestations. Mais il est possible que nous ne soyons pas protégées par les policiers à l’avenir. Le 23 novembre, nous n’avions pas du tout fait appel aux forces de l’ordre. Elles sont venues à nous. En outre, nous avions fait appel à un service d’ordre de vingt hommes. Ces derniers sont restés avec nous du début jusqu’à la fin.
Le Monde a publié le 24 novembre une enquête sur Némésis. Vous avez accepté d’ouvrir vos portes au média malgré les divergences idéologiques ?
Némésis est beaucoup sollicité, que ce soit par Arte ou M6. Nous avons mûrement réfléchi avant d’accepter de parler au Monde. Mais le fait de vouloir occuper l’ensemble du terrain médiatique a motivé notre décision. En plus, Le Monde est un média « mainstream » bien installé, mondialement connu et le titre de presse national le plus lu.
Cependant, l’entretien a été très particulier. Notre directrice, Alice, ainsi que Yona, Mathilda et moi-même qui sommes porte-paroles, avons été contactées par un journaliste pour un entretien d’environ une heure et demie. Nous avons eu des échanges très intéressants avec lui, voire des débats animés.
Malheureusement, même si on s’y attendait, il n’a sélectionné que les passages les moins pertinents. D’ailleurs, j’ai remarqué ensuite qu’il y avait des avis d’experts dans l’article, ce dont nous n’avions pas été informées !
Il y aurait également des choses à redire au niveau de la photographie choisie. Alors que nous souhaitions que cette dernière soit prise dans un bel endroit, la photographe nous a amené dans un lieu triste et sans âme et nous a complètement interdit de sourire pendant le shooting.
Tout était mis en place pour nous faire passer pour des méchantes racistes et fascistes. Mais ce fut quand même une expérience intéressante, et qu’on parle en bien ou en mal de nous, au moins, on parle de nous !
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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