Cette semaine a marqué le coup d’envoi d’un projet historique de ligne de transport interrégionale qui acheminera de l’électricité à haute tension sur plus de 1000 km depuis le plus grand parc éolien d’Amérique du Nord jusqu’au Nevada.
Le projet de transmission TransWest Express (TWE) acheminera l’électricité produite par le projet d’énergie éolienne Chokecherry et Sierra Madre (CSMWE), d’une valeur de 5 milliards de dollars et d’une puissance de 3000 mégawatts et 600 turbines, situé dans le comté de Carbon, dans le Wyoming, jusqu’à la sous-station Market d’Eldorado Valley, dans le Nevada, qui se trouve dans la région largement intouchée du désert de Mojave.
La ligne qui traversera le Colorado et l’Utah alimentera la Californie, le Nevada et l’Arizona.
Bien que ce projet – comme d’autres que les mesures de l’administration Biden ont lancés – soit célébré comme un véritable progrès en matière d’énergie propre et de lutte contre le changement climatique, il y a un côté plus sombre. C’est ce que pense les écologistes, dont l’opinion selon laquelle cette source d’énergie n’est peut-être pas aussi propre qu’on le prétend, a été étouffée.
« L’ampleur et la taille de ces projets sont stupéfiantes », a déclaré Judy Bundorf, une habitante du sud du Nevada, à Epoch Times. « Cela va causer tellement de dégâts environnementaux et visuels, sans parler de la mort d’aigles par centaines dans la région du Wyoming.
En 2008, Mme Bundorf a découvert qu’un parc éolien de 87 turbines et de 200 mégawatts, appelé « Searchlight Wind Energy Project », allait être construit près de chez elle, à Searchlight, dans le Nevada, au milieu de la Piute-Eldorado Area of Critical Environmental Concern (ACEC), sur les terres du Bureau of Land Management (BLM).
Avec l’association Friends of Searchlight Desert and Mountains (FSDM) et plusieurs autres plaignants, elle a entamé ce qui est devenu une bataille de dix ans et un procès de cinq ans contre le BLM, le ministère américain de l’intérieur (DOI) et le U.S. Fish and Wildlife Service (FWS). Elle les accuse d’avoir enfreint le National Environmental Policy Act (NEPA), le Endangered Species Act (ESA), le Federal Land Policy and Management Act, le Bald and Golden Eagle Protect Act et le Migratory Bird Treaty Act (loi sur le traité des oiseaux migrateurs).
Tout a commencé par une opposition au niveau local, le conseil consultatif de la ville de Searchlight ayant voté contre le projet. Mais le vote a par la suite été annulé par les commissaires du comté de Clark, a déclaré Mme Bundorf.
Cela l’a amenée, ainsi que la FSDM, devant la Nevada Public Utilities Commission, qui avait donné son feu vert au projet sur la base de l’étude environnementale du BLM, laquelle affirmait que le projet n’aurait pas d’impact sur la faune et la flore telles que les aigles royaux, les tortues du désert et les chauves-souris.
A l’époque comme aujourd’hui, il y a « des intérêts spéciaux bien connectés et leurs alliés au sein du gouvernement » qui exercent des pressions politiques pour que le projet se fasse, a déclaré Mme Bundorf.
La pression a été exercée par l’ancien sénateur démocrate Harry Reid, qui comme elle l’a confié au Daily Signal en 2016, était favorable à des « plans d’énergie renouvelable inefficaces et coûteux » et qui détruisent l’environnement.
Finalement, un juge a statué que le BLM et le FWS avaient procédé à un examen insuffisant de l’impact des éoliennes sur la faune et l’environnement, et le projet a été abandonné.
La proie des promoteurs du solaire et de l’éolien
Mais aujourd’hui, avec les mesures fédérales de l’administration Biden pour construire des réseaux d’énergie soi-disant propre et renouvelable, il n’y aura peut-être plus de procès David contre Goliath pour stopper l’industrie éolienne et solaire et elle risque de se répandre dans les paysages et sur les fronts de mer à travers tout le pays.
« C’est coûteux », dit-elle, et compte tenu de la croissance exponentielle des projets, il n’y a pas grand-chose qui puisse arrêter des projets comme le TransWest Express.
« Tout le sud-ouest est la proie des promoteurs du solaire et de l’éolien », dit-elle, et elle pense que cela finira par détruire la solitude mystique et paisible de ce paysage désertique.
Les lignes de transmission TWE, qui traverseront le Colorado et l’Utah, fourniront de l’électricité à la Californie, au Nevada et à l’Arizona, en s’interconnectant avec le système PacifiCorp du Wyoming, le département de l’eau et de l’électricité de Los Angeles, les systèmes Intermountain Power Plant de l’Utah et le California Independent System Operator.
Les projets TWE et CSMWE, dont la mise en service est prévue pour 2027, sont commandés par l’Anschutz Corporation, propriété de Phil Anschutz, un milliardaire du Colorado spécialisé dans le pétrole et le gaz.
Une cérémonie d’inauguration a eu lieu à Overland Trail Ranch, au sud de Rawlins (Wyoming), le 20 juin, en présence de la secrétaire américaine à l’intérieur, Deb Haaland, de la secrétaire américaine à l’énergie, Jennifer Granholm, du président-directeur général de TWE, Bill Miller, et du gouverneur républicain du Wyoming, Mark Gordan.
« Le projet TransWest Express accélérera la transition de notre pays vers une économie fondée sur les énergies propres. Il permettra d’exploiter les ressources renouvelables, de créer des emplois, de réduire les coûts et de stimuler les économies locales », a déclaré Mme Haaland. “Grâce aux investissements historiques réalisés dans le cadre du programme « Investir en Amérique » du président Biden, le ministère de l’intérieur contribue à la mise en place d’infrastructures climatiques modernes et résilientes qui protègent nos communautés contre l’aggravation des effets du changement climatique ».
L’administration Obama a désigné le projet TWE comme une priorité dès 2011, indique un communiqué de presse du DOI.
« Depuis lors, le bureau de la BLM dans le Wyoming a travaillé en étroite collaboration avec diverses parties prenantes en tant qu’agence fédérale responsable de l’octroi des permis afin de développer le meilleur tracé possible », indique le communiqué de presse. « En collaborant étroitement avec ses partenaires, le BLM a pu compenser les impacts du projet sur le tétras des armoises [des arbustes], les terres présentant des caractéristiques de nature sauvage et d’autres ressources naturelles dans le Colorado, le Nevada, l’Utah et le Wyoming.
Selon le ministère de l’intérieur, la construction d’éoliennes, de lignes de transmission et de panneaux solaires sur des terrains publics est essentielle pour atteindre les objectifs fixés par le plan de l’administration Biden qui vise à mettre en place un réseau électrique sans pollution par le carbone d’ici à 2035, et qui prévoit l’autorisation de 25 gigawatts de production solaire, éolienne et géothermique sur des terrains publics d’ici à 2025.
Le BLM examine actuellement 74 projets de développement d’énergie propre sur terre dans l’ouest des États-Unis.
« Il s’agit de projets solaires, éoliens et géothermiques, ainsi que de lignes de production interconnectées qui sont essentielles aux projets d’énergie propre », a déclaré le ministère de l’intérieur. « Ces projets ont le potentiel combiné d’ajouter plus de 37.000 mégawatts d’énergie renouvelable au réseau électrique de l’Ouest. »
En outre, le BLM examine plus de 150 demandes de développement solaire et éolien et 51 demandes d’essais éoliens et solaires.
Visible à des centaines de kilomètres
« On ne peut reprocher à personne d’essayer de gagner de l’argent, mais je ne suis pas sûre que les gens se rendent compte de ce dans quoi ils s’engagent et du temps qu’ils passeront à regarder ces énormes éoliennes dont les lumières clignoteront 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », s’est lamentée Mme Bundorf. « Elles sont visibles à des centaines de kilomètres.”
Dans le Midwest, des propriétaires terriens ont signalé que les contrats conclus avec les sociétés d’énergie éolienne étaient déséquilibrés et unilatéraux, donnant plus de pouvoir à la société éolienne qu’au propriétaire.
Marti Machtan a expliqué à Epoch Times dans un précédent article que les sociétés éoliennes peuvent sortir du contrat à tout moment, mais que les propriétaires fonciers sont tenus de s’engager pour des dizaines d’années.
« Il y a des dispositions qui permettent de déplacer la responsabilité des grandes entreprises multinationales, qui pèsent plusieurs milliards de dollars, sur les agriculteurs », a-t-il déclaré.
Les normes de déclassement sont également inadéquates, a-t-il ajouté.
« L’une des choses qui inquiètent les gens, c’est que ce type de production d’énergie n’a pas de sens à long terme, et les agriculteurs risquent de se retrouver avec les pots cassés », a déclaré M. Machtan.
C’est ce qui semble s’être passé en avril dernier dans le comté de Marshall, au Kansas, où une éolienne s’est brisée et a dispersé des éclats de fibre de verre sur les terres agricoles, rendant les récoltes de l’agriculteur inutilisables.
Carrie Barth, députée de l’État du Kansas, a découvert que les sociétés d’éoliennes disposaient de plusieurs issues de secours qui leur permettent d’échapper à la réparation ou à la mise hors service de leurs éoliennes, laissant les propriétaires dans l’embarras face à ces structures qui atteignent, voire dépassent pour certaines d’entre elles, les 200 mètres de haut.
Ellen Koch a rapporté à Epoch Times qu’au 23 juin, l’éolienne « se balançait encore aux vents », alors que l’entreprise propriétaire avait annoncé le 7 juin qu’elle serait remplacée dans les deux semaines.
« Cela fait 16 jours », dit-elle, ajoutant que la fibre de verre n’a pas été enlevée non plus.
« Cela dépasse l’entendement »
Même si les éoliennes devaient effectivement être retirées une fois mises hors service, le mal est déjà fait dans cet écosystème fragile qu’est le désert, dit Mme Bundorf.
« Lorsque l’on sait que les traces laissées par les chariots des gens qui se rendaient en Californie sont toujours visibles, on comprend que notre environnement ne se rétablit pas facilement », a expliqué Mme Bundorf. « Le désert du Sud-Ouest est un environnement extrêmement sensible. Certains arbustes d’à peine un mètre de haut peuvent être vieux de plusieurs centaines d’années ».
Les entreprises d’énergie propre demandent et obtiennent des « permis de prise de risques », qui sont utilisés dans le cadre de la loi américaine sur les espèces en danger, et qui qui permettent de dédouaner ces entreprises de toute responsabilité en cas de dommages causés à des espèces sauvages en voie de disparition.
« Pour vous donner une idée de l’ampleur de cette folie, les entreprises d’énergie verte peuvent obtenir des permis de ce type pour tuer des condors de Californie », a déclaré Mme Bundorf.
Le condor de Californie, le plus grand oiseau terrestre d’Amérique du Nord, n’existe plus à l’état sauvage depuis 1987, mais il a été réintroduit dans ses habitats naturels dans l’Utah et l’Arizona.
La tortue du désert est une autre espèce dont la population risque de diminuer à cause de la construction.
« Théoriquement, on pourrait les ramasser et les déplacer avant que les bulldozers ne les détruisent, mais elles vivent sous terre », explique Mme Bundorf.
Comme ils ne peuvent pas toutes les localiser, beaucoup d’entre elles sont tuées, a-t-elle ajouté.
« Cela dépasse l’entendement », a déclaré Mme Bundorf. « Je pense que dans 20 ans, on regardera en arrière et on dira que c’est la chose la plus folle qu’on ait jamais faite pour produire de l’énergie. »
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