Les incendies de forêt sont exacerbés par une mauvaise gestion forestière, selon des enseignants universitaires

ANALYSE

Par Matthew Horwood
12 juin 2023 15:21 Mis à jour: 12 juin 2023 16:32

Bien qu’on ait laissé entendre que les feux de forêt sont de plus en plus fréquents et graves en raison des changements climatiques, les professeurs en environnement et en économie interviewés par Epoch Times affirment que le nombre d’incendies diminue depuis des décennies, et que la cause des incendies dans de nombreux cas peut être attribuée à une mauvaise gestion des forêts.

« Le Premier ministre canadien a affirmé que le changement climatique provoquait de plus en plus d’incendies de forêt, alors que les faits montrent le contraire », a indiqué Ross McKitrick, professeur d’économie de l’environnement à l’université de Guelph. « Le système canadien d’information sur les feux de forêt montre que le nombre d’incendies de forêt est en fait en baisse au Canada depuis les années 1990. »

Alors que plusieurs incendies de forêt dans le nord du Québec ont provoqué d’épais panaches de fumée qui ont recouvert des villes de l’Ontario et de l’est des États-Unis, le Premier ministre Justin Trudeau a affirmé que le Canada connaissait « de plus en plus de ces incendies à cause du changement climatique ».

« Ces incendies affectent les habitudes quotidiennes, les vies et les moyens de subsistance, ainsi que la qualité de l’air. Nous continuerons à travailler – ici, chez nous, et avec nos partenaires du monde entier – pour nous attaquer au changement climatique et à ses conséquences », a-t-il écrit sur Twitter le 7 juin.

Le président américain Joe Biden a fait un commentaire similaire sur les incendies de forêt au Canada, tweetant que de tels événements « s’intensifient à cause de la crise climatique ».

Cependant, Ross McKitrick fait remarquer que même le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU n’attribue pas les incendies de forêt au changement climatique.

« Lorsque les gens cherchent une explication facile, en essayant d’imputer le phénomène au changement climatique par exemple, l’obstacle à cela est que s’il s’agissait d’une histoire de changement climatique mondial, nous verrions une augmentation au niveau mondial de la superficie brûlée par les incendies de forêt, et ce n’est pas ce que l’on constate », a-t-il fait remarquer.

« Les principales agences de collecte de données et les scientifiques qui les ont étudiées n’ont pas affirmé qu’il y avait une augmentation des superficies brûlées au niveau mondial – au contraire, la tendance est à une légère baisse – et le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat n’affirme pas qu’il s’agit d’un effet détectable du changement climatique. »

Il ajoute que ce qui rend les incendies actuels au Québec si inhabituels, c’est que les panaches de fumée se sont formés au-dessus du sud de l’Ontario et de la côte est des États-Unis.

« Les personnes qui vivent sur la côte de la Colombie-Britannique ont une certaine expérience des jours de brume orange bizarre dans l’air, mais pour les habitants de Toronto, de New York ou de Washington, il s’agit d’une expérience très inhabituelle », a-t-il expliqué.

« C’est donc cet aspect qui retient l’attention. Mais en ce qui concerne le nombre d’incendies de forêt, nous sommes dans la moyenne de la saison des incendies. La superficie brûlée jusqu’à présent cette année est assez importante, mais il reste à voir si l’année sera exceptionnelle de ce point de vue. »

Gestion des forêts

Selon Ross McKitrick, l’augmentation de la taille et de l’intensité des incendies de forêt peut être attribuée à l’accumulation de matériaux combustibles causée par la modification des pratiques de gestion forestière au Canada et aux États-Unis dans les années 1980. À cette époque, les gouvernements ont commencé à limiter le nombre d’interventions que les gens pouvaient faire pour éliminer les matériaux combustibles de la forêt, ce qui a entraîné l’accumulation de débris plus inflammables et secs..

« La suppression de la gestion forestière s’est traduite par un accroissement considérable des matériaux combustibles dans de nombreuses forêts, de sorte que nous nous attendons à ce que les incendies de forêt deviennent beaucoup plus rapidement ingérables », a-t-il précisé.

Les brûlages contrôlés, ou brûlages dirigés, réduisent les combustibles dangereux et contribuent à atténuer l’intensité des incendies de forêt. Mark Heathcott, un expert en incendie qui a géré les brûlages contrôlés de Parcs Canada pendant plus de 20 ans, a déclaré à Maclean’s en 2016 que le Canada accusait un retard par rapport aux États-Unis pour ce qui est des incendies contrôlés. En 2023, Parcs Canada n’a programmé que 23 brûlages contrôlés, alors qu’au sud de la frontière, 150.000 brûlages contrôlés avaient été programmés en 2019.

« On y consacre beaucoup de belles paroles, mais très peu d’organismes le font », a-t-il ajouté. « Les gens ne comprennent pas les avantages du feu. »

Cornelis van Kooten, professeur d’économie et titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les études environnementales et le climat à l’université de Victoria, estime également qu’une mauvaise gestion des forêts a aggravé la situation des incendies de forêt.

« Dans le passé, nous utilisions des brûlages contrôlés, mais les écologistes s’y opposent et nous ne le faisons donc plus. L’augmentation des matières combustibles entraîne donc des incendies plus intenses et plus importants », explique-t-il.

Bien que Cornelis van Kooten ait dit que le changement climatique a eu « un certain effet » sur la fréquence des feux de forêt, il a mis en garde contre le fait d’attribuer uniquement le problème des feux de forêt à l’augmentation des niveaux de CO2, ainsi que de considérer la réduction du carbone comme la seule solution. Selon lui, « si l’on ne fait que cela, on ne s’attaque pas au problème des incendies de forêt ».

« Nous sommes tout simplement incapables de gérer les forêts, et la raison pour laquelle nous sommes incapables de gérer les forêts tient à plusieurs facteurs. L’un d’entre eux est que nous ne sommes pas disposés à dépenser l’argent nécessaire. »

Matthew Wielicki, ancien professeur adjoint au département des sciences géologiques de l’université de l’Alabama, souligne que, selon la base de données nationale canadienne sur les incendies, depuis 1980, le nombre d’incendies de forêt a tendance à diminuer à mesure que les émissions de gaz à effet de serre augmentent.

« J’aime bien regarder ce qui s’est passé dans le passé pour prédire ce qui va se passer à l’avenir. Et si la tendance se maintient, alors les feux de forêt devraient continuer à diminuer, même si nous pouvons avoir des années plus élevées que la normale en raison de la variabilité interne d’un système vraiment complexe comme celui-ci. »

Selon Matthew Wielicki, les techniques d’extinction des incendies au Canada et aux États-Unis ont involontairement provoqué l’accumulation de broussailles inflammables dans les forêts.

« Lorsque vous avez quelques années de sécheresse, ces broussailles deviennent de l’amadou. Lorsqu’un incendie se déclare, il se propage beaucoup plus rapidement qu’il ne le ferait naturellement et il peut brûler plus intensément. C’est ainsi que nous avons vu des incendies tuer une forêt, alors que normalement [seuls] les broussailles brûlent et les arbres survivent. »

« En fin de compte, nous devrons apprendre à vivre avec le feu et à essayer de le supprimer constamment. Nombreux sont ceux qui, dans le secteur de la gestion forestière, affirment que nos techniques de suppression ont été telles que nous nous préparons à des incendies plus importants et plus graves à l’avenir.

Incendies criminels ?

La date et l’intensité de certains incendies de forêt à travers le Canada ont conduit de nombreuses personnes à émettre des théories en ligne selon lesquelles ils seraient le résultat d’un incendie criminel. Le 8 juin, Danielle Smith, Premier ministre de l’Alberta, a déclaré que la province ferait appel à des enquêteurs spécialisés dans les incendies criminels pour déterminer la raison de 175 incendies de forêt dont la cause n’est pas connue.

Il y a eu des cas où des pyromanes ont délibérément allumé des feux de forêt. En mai, la GRC a inculpé un homme de l’Alberta pour une série de « feux de forêt allumés intentionnellement » depuis septembre 2022, ainsi que pour l’incendie de véhicules, d’habitations et d’une église en avril dernier. Selon le Toronto Sun, la police du Québec enquête sur l’origine criminelle éventuelle des récents incendies survenus dans la province.

« Une enquête est en cours car la cause est suspecte », a dévoilé Hugues Beaulieu, responsable des médias à la Sûreté du Québec.

Matthew Wielicki estime que l’écoterrorisme est une menace réelle, exacerbée par les politiciens et les scientifiques qui « catastrophisent » le changement climatique.

« Cela conduit les gens à l’hystérie, leur donne tellement d’anxiété qu’il y a des gens qui pensent que sortir et allumer des feux pendant une période où il va faire sec et venteux permettra de sauver la planète d’une manière ou d’une autre ».

Toutefois, il estime que les incendies de forêt au Québec ont été provoqués par la foudre, et non par des incendies criminels, car le moment où ils se sont déclarés correspondait à une série d’orages qui ont provoqué des éclairs, lesquels auraient déclenché les incendies.

« On a démontré qu’il y avait une ligne d’orages et qu’elle correspondait très bien aux incendies qui ont tous démarré en même temps. Et au moment où l’on peut le voir sur les images satellite, ces orages et ces nuages se sont tous éloignés », a expliqué Matthew Wielicki.

Selon Ressources naturelles Canada, les incendies de forêt déclenchés par la foudre représentent 45% de tous les incendies et 81% de la superficie totale brûlée.

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