Alors que la polémique, sur les révélations du rapport Durham de la semaine dernière, commence à retomber, il faudra des semaines, des mois et peut-être même des années pour comprendre pleinement tous les aspects de la machination du FBI contre le président Donald Trump. Cependant, il ne fait guère de doute que la conclusion la plus cruciale du rapport concerne le renseignement qui a conduit le FBI à ouvrir son enquête sur la campagne Trump.
Jusqu’à la semaine dernière, l’histoire officielle était qu’un conseiller de la campagne Trump, George Papadopoulos, s’était enivré dans un bar londonien et avait parlé à un diplomate australien, Alexander Downer, d’un complot secret entre la Russie et la campagne Trump pour battre Hillary Clinton dans la course présidentielle de 2016 en publiant anonymement ses mails. Selon la version officielle, Alexander Downer a transmis les informations de George Papadopoulos à l’ambassade des États-Unis à Londres, qui en a informé le FBI par la suite.
Cette histoire de rencontre alcoolisée dans un bar londonien s’est rapidement transformée en truisme incontesté à force de répétition dans les médias. Elle est même devenue le pivot de la mini-série télévisée « The Comey Rules », qui dépeint le narratif officiel du prétendu complot de collusion entre Trump et la Russie.
Alors que George Papadopoulos a toujours nié l’histoire, le premier indice officiel de quelque chose de discordant est apparu lorsque l’inspecteur général du ministère de la Justice, Michael Horowitz, a publié son rapport de décembre 2019 sur la gestion par le FBI de son enquête sur la campagne de Trump.
À l’époque, le procureur général William Barr et le procureur fédéral John Durham ont tous deux publié des communiqués en désaccord avec Michael Horowitz sur la question de la pertinence de l’enquête sur le candidat de l’époque Donald Trump et sa campagne.
Michael Horowitz a déterminé que le FBI avait légitimement ouvert l’enquête, affirmant que « nous avons conclu que l’information FFG [conseil du diplomate australien] … exposant un narratif de première main d’un employé FFG d’une conversation avec Papadopoulos, était suffisante pour étayer l’enquête ».
M. Barr a publié un communiqué indiquant que les motifs d’ouverture de l’enquête « étaient insuffisants pour justifier les mesures adoptées ».
John Durham a également exprimé son désaccord, déclarant qu’ « il avait informé l’inspecteur général, Michael Horowitz, qu’il n’était pas d’accord avec certaines des conclusions du rapport concernant la pertinence de l’enquête du FBI et la manière dont elle avait été ouverte ».
Toutefois, s’il était clair que le désaccord portait sur la question de savoir si les déclarations du diplomate australien étaient suffisantes pour ouvrir une enquête approfondie, ni William Barr ni John Durham n’ont fourni de détails.
Aujourd’hui, après trois ans et demi d’attente, le rapport du procureur spécial John Durham fait enfin la lumière sur les détails du différend.
Dans ce qui est sans doute la phrase la plus importante de tout le rapport de 308 pages, John Durham déclare que « Selon [Alexander] Downer, George Papadopoulos n’a fait aucune mention des mails d’Hillary Clinton, de la corruption ou d’une approche spécifique du gouvernement russe auprès de l’équipe de campagne de Trump avec une offre ou une quelconque suggestion de fournir une assistance ».
En une seule phrase, le procureur John Durham a anéanti la légitimité du FBI concernant son enquête Crossfire Hurricane. Il n’a pas été question des mails d’Hillary Clinton, ni d’une quelconque conspiration, ni d’une offre de la part de la Russie. Le narratif officiel qui a permis au FBI de, non seulement, ouvrir l’enquête, mais aussi d’obtenir des mandats FISA contre Carter Page, collaborateur de la campagne de Trump, afin de pousser le procureur général par intérim Rod Rosenstein à nommer un procureur spécial et de faire pression sur le Congrès pour qu’il enquête sur Trump, était tout simplement faux.
En outre, le FBI a également présenté aux médias la prétendue histoire selon laquelle George Papadopoulos, en état d’ébriété, aurait vendu la mèche sur la collusion avec la Russie lors d’une rencontre dans un bar londonien.
Selon M. Durham, M. Papadopoulos avait rencontré un diplomate australien de carrière à Londres le 6 mai 2016. Selon des mails examinés par Epoch Times, cette diplomate était Erika Thompson. Cette dernière a ensuite organisé une deuxième rencontre le 10 mai, à laquelle participait Alexander Downer.
La veille de la rencontre entre George Papadopoulos et Erika Thompson, Andrew Napolitano, analyste à Fox News, a déclaré qu’il était quasi certain que la Russie possédait les mails d’Hillary Clinton lorsqu’elle était secrétaire d’État. À l’époque, ces mails faisaient l’objet de nombreuses spéculations selon lesquelles Hillary Clinton avait utilisé un serveur privé non autorisé pour ses communications à la place d’un compte de messagerie du département d’État. Puis, la veille de la rencontre entre George Papadopoulos et Alexander Downer, Andrew Napolitano a rapporté que le Kremlin était en possession des mails d’Hillary Clinton et qu’il se demandait s’il devait les divulguer.
Le fait que George Papadopoulos ait répété une histoire qui était diffusée sur Fox News, sur un sujet dont beaucoup de gens parlaient à l’époque, ne présentait guère d’intérêt.
Plus tard, Alexander Downer a déclaré à John Durham que la seule chose importante que George Papadopoulos ait dite était que « les Russes ont des informations », ce qui concorde avec ce que Andrew Napolitano a exprimé sur Fox News. Cela correspond également à ce qui avait été relaté précédemment dans le magazine Forbes.
L’échange avec George Papadopoulos paraissait si insignifiant qu’Alexander Downer n’a parlé de la rencontre que le 26 juillet 2016, soit deux mois et demi après. M. Durham note qu’il n’a trouvé aucune preuve que les informations de M. Downer avaient fait l’objet d’une analyse ou d’un examen minutieux de la part des responsables du renseignement australien, ce qui laisse à nouveau entendre que le commentaire de M. Papadopoulos paraissait insignifiant.
Le renseignement parvient au bureau du FBI
Selon John Durham, la raison pour laquelle le commentaire insignifiant de M. Papadopoulos sur le fait que la Russie disposait d’informations sur Mme Clinton a soudainement incité M. Downer à transmettre ces informations à l’ambassade des États-Unis à Londres est la publication par Wikileaks, le 22 juillet 2016, de mails prétendument piratés du Comité national démocrate. À l’époque, la campagne Clinton s’est empressée d’accuser la Russie d’être à l’origine de cette fuite.
Le renseignement d’Alexander Downer est parvenu au siège du FBI le 28 juillet 2016, et l’enquêteur principal Peter Strzok s’est empressé d’ouvrir une enquête complète sur la campagne de Trump le 31 juillet, avant même d’avoir parlé à Alexander Downer.
Selon John Durham, Peter Strzok a ensuite interrogé Alexander Downer et Erika Thompson à Londres le 2 août 2016. M. Durham note que le compte rendu de l’entretien établi par M. Strzok lui-même ne correspond pas aux déclarations faites ultérieurement par l’enquêteur du FBI.
Plus précisément, Peter Strzok a écrit dans son livre, ainsi qu’à Michael Horowitz et aux intervieweurs de la télévision, qu’Alexander Downer a été incité à se manifester lorsqu’il a entendu Donald Trump dire, lors d’un discours de campagne, « Russie, si tu écoutes, j’espère que tu pourras trouver les 30.000 mails qui manquent ». Cependant, Alexander Downer n’a jamais tenu de tels propos et en aurait été incapable puisque Donald Trump n’avait pas encore prononcé son discours.
Ce manque de cohérence semble être une tentative après coup de la part de Peter Strzok de combler les lacunes, concernant l’ouverture de l’enquête contre Donald Trump, en liant George Papadopoulos aux mails d’Hillary Clinton, mails dont nous savons maintenant qu’ils n’ont jamais été mentionnés par George Papadopoulos. Peter Strzok a refusé d’être interrogé par le procureur Durham.
Bien que certains puissent affirmer que les conclusions de John Durham concernant le renseignement d’Alexander Downer ont été faites a posteriori, les preuves présentées par John Durham prouvent le contraire. Peter Strzok disposait de toutes les informations nécessaires pour conclure que le renseignement d’Alexander Downer était totalement insignifiant, mais il a malgré tout décidé de poursuivre l’enquête.
Les notes prises par Peter Strzok lors de son entretien du 2 août 2016 avec les diplomates australiens révèlent que George Papadopoulos « n’a pas dit qu’il avait eu des contacts directs avec les Russes », que « George Papadopoulos a reconnu son manque d’expertise » et qu’Alexander Downer a déclaré qu’il aurait démasqué George Papadopoulos s’il s’était agi d’un imposteur.
Alexander Downer a également déclaré à Peter Strzok qu’il « n’avait pas l’impression que George Papadopoulos était l’intermédiaire chargé de la coordination avec les Russes ».
Le compte rendu de réunion contemporain préparé par les Australiens en mai 2016, qu’ils ont partagé avec Peter Strzok, ne mentionnait pas le piratage du Comité national démocrate, le fait que les Russes étaient en possession des courriels d’Hillary Clinton, ni la publication de quelque courriel que ce soit.
Les SMS révèlent un parti pris
Durham note également qu’avant de recevoir le renseignement d’Alexander Downer, Peter Strzok et sa collègue du FBI Lisa Page s’envoyaient de manière frénétique des textos sur leur aversion pour Donald Trump et leur désir commun de faire capoter sa campagne.
Le 3 mars 2016, Lisa Page a envoyé le texto suivant à Peter Strzok : « Mon dieu, Trump, est un être humain répugnant ». Peter Strzok a approuvé.
Le 18 juillet 2016, lors de la Convention nationale républicaine, Peter Strzok a envoyé un texto : « Oooh, ALLUMEZ-LE, ALLUMEZ-LE !!! LES SACS À M**DE SONT SUR LE POINT DE FAIRE LEUR APPARITION. On le voit aux applaudissements des excités. »
Lisa Page a répondu : « Waouh, Donald Trump est un énorme connard ». Le 21 juillet 2016, Peter Strzok a envoyé un texto : « Trump est un désastre. Je n’ai aucune idée à quel point sa présidence pourrait être déstabilisante ».
Plus important encore, le 27 juillet 2016, c’est-à-dire avant que Peter Strzok et Lisa Page ne soient au courant du renseignement d’Alexander Downer, Lisa Page a envoyé un texto : « Avons-nous déjà ouvert une enquête sur lui ? Trump et Poutine. Oui, c’est vraiment quelque chose. »
Le jour même, Lisa Page a envoyé à Peter Strzok un article qui a contribué à faire germer l’idée d’une collusion Trump-Russie, un narratif que la campagne Clinton avait commencé à promouvoir dans les médias.
Rien de tout cela n’avait à voir avec Alexander Downer.
Peut-être plus important encore, l’attaché juridique du FBI à Londres, qui a accompagné Peter Strzok lors de son entretien avec Alexander Downer le 2 août 2016, a déclaré à John Durham qu’alors qu’ils étaient en route pour l’entretien, Peter Strzok a dit à l’attaché : « Il n’y a rien là-dedans, mais nous devons l’enterrer ».
L’attaché juridique a également affirmé à John Durham que lorsqu’il a transmis le renseignement d’Alexander Downer aux services de renseignement britanniques, on lui a dit que ce que George Papadopoulos avait raconté n’était pas un « renseignement particulièrement précieux ». En outre, les Britanniques ont insisté sur le fait qu’il devait nécessairement y avoir autre chose que le renseignement d’Alexander Downer pour que Peter Strzok ait ouvert une enquête complète sur la campagne de Trump :
« Les Britanniques ne pouvaient pas croire que la conversation au bar avec George Papadopoulos était tout ce qu’il y avait, et ils étaient convaincus que le FBI devait avoir plus d’informations qu’il ne voulait pas divulguer. »
Pourtant, il n’y avait rien de plus. Le renseignement d’Alexander Downer concernant George Papadopoulos répétant les propos de Fox News se résumait à tout ce que le FBI avait.
Enfin, même si nous ne saurons jamais pourquoi Michael Horowitz a estimé que l’enquête du FBI était parfaitement justifiée malgré l’absence totale de fondement, le retard dans la divulgation concernant la façon dont l’enquête du FBI a réellement commencé, signifie que la plupart, sinon tous, les délais de prescription ont maintenant expiré. Par conséquent, il n’est désormais plus possible d’accuser qui que ce soit, au sein du FBI, d’une quelconque infraction pénale.
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