En novembre, en l’espace de neuf jours, au moins trois incidents violents – dont deux mortels – ont eu lieu en Chine. Selon les médias d’État, ces événements ont fait 43 victimes.
Ces derniers font suite à au moins 18 incidents violents signalés plus tôt cette année, dont trois visaient des ressortissants américains et japonais.
Dans ce contexte, les autorités locales ont été enjointes de suivre de près les individus n’ayant ni famille ni biens.
Selon des spécialistes de la Chine, ces attentats mettent en évidence les défaillances institutionnelles du régime communiste, qui exerce trop de pression sur ceux qui n’ont plus rien à perdre et qui se tournent vers les attentats.
Le 11 novembre, un homme du nom de Fan a fauché des dizaines de personnes faisant de l’exercice physique avec son véhicule VUS (Véhicule utilitaire sport, ndlr) dans un centre sportif de la ville côtière de Zhuhai, dans la province de Guangdong. Selon les autorités, 35 personnes sont mortes et 43 autres ont été hospitalisées.
L’incident a eu lieu la veille de l’Exposition internationale de l’aviation et de l’aérospatiale de Chine, l’un des plus grands salons aéronautiques civils et militaires du pays. À l’approche d’événements de telle envergure, les autorités chinoises renforcent généralement la présence policière et les mesures de sécurité.
Selon l’enquête préliminaire de la police, le motif à l’origine de l’attaque de Fan serait le mécontentement de ce dernier quant au partage d’actifs financiers dans le cadre d’un récent divorce.
Toutefois, la population demeure sceptique vis-à-vis de cette explication, car toute référence à la procédure de divorce aurait par la suite été supprimée du rapport par la police de la ville de Zhuhai. Par ailleurs, l’incident a eu lieu près du tribunal intermédiaire de Zhuhai, ainsi qu’à proximité d’un quartier majoritairement composé d’immeubles résidentiels de fonctionnaires et de leurs familles, renforçant la thèse que Fan aurait cherché à se venger d’une injustice du système judiciaire.
Certains témoins de l’événement ont également mis en doute le nombre officiel de victimes. Les commentaires en ligne ont rapidement été censurés et peu de détails additionnels ont été fournis par la police ou les médias.
Le 16 novembre, un homme a attaqué au hasard des personnes, au couteau, dans une école de Yixing, dans la province orientale de Jiangsu. L’incident a fait 8 morts et 17 blessés.
Le 19 novembre, un conducteur a foncé dans la foule, à l’extérieur d’une école primaire, à Changde, dans la province centrale du Hunan, faisant un nombre indéterminé de blessés.
Li Yingzhi, militant des droits de l’homme et universitaire en exil, a attribué la motivation des meurtres à l’aveugle au désespoir de la population.
« Logiquement, si quelqu’un a un grief, il devrait s’en prendre à la personne responsable. Mais il se peut qu’il ne soit même pas en mesure de trouver cette personne », a-t-il déclaré à Epoch Times. « Pourquoi en venir à tuer des innocents ? Parce qu’il est complètement désespéré et qu’il ne veut plus vivre. »
Selon M. Li, la cause profonde de cette série d’événements relève d’échecs structurels de la société chinoise, sous la gouvernance du Parti communiste chinois (PCC).
« Premièrement, la liberté d’expression n’existe pas, ni la liberté de la presse. Deuxièmement, le système de pétition est inefficace. Enfin, le système judiciaire est dysfonctionnel. Il s’agit là de problèmes systémiques », a-t-il déclaré. « S’il existait de réels canaux de résolution de problèmes, nous n’en serions pas là. »
En réponse, les autorités renforcent la répression
Il convient de noter que, selon les responsables du PCC, ces attaques sont des incidents « isolés », mais les discussions à l’échelle nationale ont été supprimées, tout comme les informations et discussions sur les médias sociaux en langue chinoise.
Un professionnel des médias en Chine a confirmé au China Digital Times qu’une interdiction de reportage avait été imposée deux heures seulement après l’incident de la voiture à Zhuhai.
Le lendemain de l’attaque de Zhuhai, le chef du PCC, Xi Jinping, a publié une directive rare, appelant à « renforcer la prévention des risques à la source, à résoudre rapidement les différends et à prévenir rigoureusement les incidents extrêmes ».
En réponse à ces incidents, le ministère de la Sécurité publique et le Parquet populaire suprême ont tenu des réunions, s’engageant à « renforcer la prévention des risques à la source et à réprimer strictement les crimes graves conformément à la loi », selon les médias d’État.
Selon M. Li, ces mesures sont futiles.
« [L]es auteurs [de ces crimes] ne veulent plus vivre. Recourir à une loi draconienne pour les dissuader [de commettre ces attaques], n’est-ce pas absurde ? », a-t-il demandé, faisant référence à un adage de l’ancien sage chinois Lao Tseu : “Si le peuple ne craint pas la mort, à quoi bon le menacer de mort ?”
Wu Zuolai, universitaire et commentateur basé aux États-Unis, estime que les autorités n’ont pas de véritable solution et qualifie de paroles creuses l’appel de Xi Jinping à traiter le problème « à la source », c’est-à-dire à résoudre les conflits au sein des communautés locales.
« Beaucoup de ces conflits sont causés par les gouvernements locaux eux-mêmes, alors comment ceux à l’origine de ces problèmes peuvent-ils aussi être ceux qui les résolvent ? », a-t-il déclaré à Epoch Times.
Selon M. Wu, le système judiciaire et les médias sont censés aider à répondre aux griefs de la population. Cependant, les avocats ne peuvent plus défendre leurs clients, et le journalisme d’investigation est une profession à haut risque en Chine.
« Certains journalistes se sont rendus sur des lignes de front pour faire des reportages et ont été battus à mort. C’est vraiment déchirant de voir cela », a-t-il déclaré. « Le gouvernement n’autorise plus les entités intermédiaires, ne permet pas à la société civile d’exister, ni aux organisations sociales indépendantes de résoudre les problèmes. »
Les récentes attaques aléatoires surviennent dans un contexte de récession économique en Chine, où le taux de chômage des jeunes est élevé.
Selon le Bureau national des statistiques, en octobre, le taux de chômage urbain en Chine pour la tranche d’âge 16-24 ans – à l’exclusion des étudiants – était de 17,1 %.
En juillet, l’édition chinoise d’Epoch Times a interviewé un ancien fonctionnaire chinois récemment émigré, qui a déclaré que les gouvernements locaux avaient gonflé les statistiques sur l’emploi des jeunes afin de répondre aux exigences de leurs supérieurs.
À titre comparatif, le taux de chômage des jeunes aux États-Unis était de 9,8 % en juillet, et celui de l’Union européenne de 15,3 % en septembre, selon les données du ministère américain du Travail et celles de la Commission européenne.
Selon Hu Liren, un entrepreneur de la première génération de l’industrie chinoise de l’Internet, la crise économique en Chine conduit à une crise sociale, marquée par des individus désespérés commettant des meurtres au hasard pour se venger de la société.
« L’économie chinoise s’est complètement effondrée », a-t-il déclaré à Epoch Times. « Au fil des ans, la corruption gangrenant l’ensemble du système et l’exploitation du peuple par la bureaucratie ont conduit à une misère généralisée. Tout le monde a l’impression que c’est sans issue. »
Selon M. Hu, originaire de Shanghai et connaissant de nombreux entrepreneurs et financiers, de nombreuses entreprises, même de son niveau, ne peuvent plus survivre.
« Non seulement les entreprises s’effondrent, mais certaines sont également très endettées. Certains de mes amis ont déjà fui à l’étranger », a-t-il déclaré.
« Maintenant que le pays en est arrivé là, tout le monde est pris de panique, et nous sommes dans un cercle vicieux. »
« Le mot ‘effondrement’ est tout à fait approprié pour décrire l’état actuel de la société. C’est pourquoi de tels incidents malveillants commencent à se multiplier. »
Lily Zhou et Yi Ru ont participé à la rédaction de cet article
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