Angers: prison avec sursis requise contre Abdel Rahmène Azzouzi, ex-chef de service du CHU, accusé de harcèlement sexuel

Par afp
14 juin 2019 22:31 Mis à jour: 12 juillet 2019 20:32

Six mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende ont été requis à l’encontre de l’ex-chef du service urologie du CHU d’Angers Abdel Rahmène Azzouzi, jugé vendredi en correctionnelle pour harcèlement sexuel sur une collègue de travail.

Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 18 juillet.

« A aucun moment, on n’a entendu de la part de monsieur (Abdel Rahmène) Azzouzi la moindre remise en cause. A partir du moment où elle lui dit non, il n’aura de cesse de souffler le chaud et le froid, de culpabiliser cette femme », a estimé la vice-procureure Marie-Caroline Pasquier.

« On est clairement dans la manipulation, la violence.« 

« On est clairement dans la manipulation, la violence. Il s’en fiche de savoir ce qu’elle ressent », a ajouté la magistrate.

M. Azzouzi, 53 ans, comparaissait pour des dizaines de SMS, cadeaux et propositions de sorties transmises à une employée administrative de l’établissement et pour avoir consulté le dossier médical de celle-ci, afin d’obtenir son adresse. Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés, sur différentes périodes, entre juin 2015 et mai 2018.

Interrogé dès l’ouverture du procès sur une série de 17 SMS transmis entre le 2 et le 7 août 2017, ponctuée d’un envoi de chocolats à son domicile, M. Azzouzi a défendu une démarche « sentimentale » et des échanges « normaux », rejetant toute pression exercée du fait de son autorité.

« La moyenne d’envoi de SMS en France, c’est 47 par personne et par semaine, je n’y vois rien d’excessif. A ce moment, il n’y avait plus aucune relation hiérarchique entre nous. Je la trouve très jolie, j’en suis désolé », a expliqué M. Azzouzi, soutenant une simple quête de rendez-vous « galant ».

« Pourquoi vous n’arrêtez pas de la contacter ? Qu’est-ce que vous cherchez ? », demande la présidente, Monique Legrand. « Parce que dans notre pays, aucune personne mariée ne noue de relations avec d’autres ? », rétorque le chirurgien, contestant point par point les accusations portées contre lui.

« Une bouteille de champagne, 200 euros et un DVD du film ‘A bras ouverts’, ça veut dire quoi », insiste Me Nathalie Valade, l’avocate de la plaignante. « L’argent, c’est maladroit », finit par concéder le chirurgien.

« Ce qui est de l’ordre du sentimental ne relève pas du sexuel. On est bel et bien sur du harcèlement, pas sur du harcèlement sexuel (…) Monsieur Azzouzi, ce n’est pas un homme qui saute sur les femmes », a plaidé son avocat Me Samim Bolaki.

En fin d’audience, M. Azzouzi s’est excusé « pour la contrainte qu’a ressentie » la victime, tout en se disant « très frappé » par « la quantité d’inexactitudes qui ont pu être portées » devant la justice.

Abdel Rahmène Azzouzi a été suspendu le 1er août 2018 à titre provisoire de sa fonction de chef de service, à la suite d’un signalement du CHU d’Angers au procureur de la République.

Il exerce toujours au sein de l’établissement en tant que praticien hospitalier et professeur des universités.

Ancien conseille municipal et soutien de Tariq Ramadan

Candidat malheureux aux élections législatives de 2017 à Angers-Sud, Abdel Rahmène Azzouzi a été conseiller municipal d’Angers. Il avait annoncé sa démission de ce mandat via une tribune dans Le Monde des Religions en février 2015, dans laquelle il dénonçait la « politique islamophobe de l’Etat français » après les attentats de Charlie Hebdo. Il est également l’ambassadeur du CCIF (Collectif contre l’Islamophobie en France) à Anger et a été un soutien public de Tariq Ramadan.

Epochtimes.fr avec AFP

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