Pendant sa campagne, Anne Hidalgo l’avait promis : elle n’augmenterait pas la taxe foncière des Parisiens, assurant « toujours tenir sa parole ». Parole non tenue. Pour 2023, cet impôt local a été augmenté par l’édile socialiste de 52%, à quoi s’ajoute la hausse des valeurs locatives (7,1%), indexée sur l’inflation. Nouveau coup dur pour les classes moyennes.
Les propriétaires qui consultent leur avis de taxe foncière pour l’année en cours, disponible depuis mercredi sur le site des impôts, sont confrontés à une surprise dont ils se seraient bien passés. Quasi-stable depuis une décennie, leur impôt foncier a grimpé de pas moins de 52%. Une hausse conséquente prenant sa source dans une décision adoptée en novembre par Anne Hidalgo, en quête d’argent pour compenser les dépenses dispendieuses de la Ville de Paris.
« La hausse globale s’élèvera à un peu plus de 62% en un an »
Déjà considérable, cette augmentation est également accompagnée par un bond de 7,1% des valeurs locatives, provoqué au niveau national par l’inflation sur laquelle elles sont indexées. « Au regard du mode de calcul de la taxe foncière, la hausse globale pour les propriétaires parisiens s’élèvera à un peu plus de 62% en un an. C’est considérable », s’étrangle auprès du Figaro, Marie-Claire Carrère-Gée, élue LR au Conseil de Paris, où elle préside la commission des finances.
Deux ans plus tôt, en pleine campagne pour les élections municipales, la maire de Paris – alors candidate à sa réélection – avait pourtant promis de « ne pas augmenter les taux des impôts locaux payés par les Parisiennes et les Parisiens ». Une promesse réitérée avec conviction par la suite devant le Conseil de Paris : « Il n’y a pas de hausse d’impôt et il n’y en aura pas. Et moi, je tiens toujours ma parole. » Avant d’être abandonnée… six mois plus tard. Dans un courrier envoyé à ses administrés, elle justifiait ce rétropédalage par un « contexte difficile, marqué par l’inflation, la guerre en Ukraine et par un désengagement toujours plus prononcé de l’État ». Un nouveau volte-face donc, lui permettant de boucler pour 2023 un budget prévisionnel à l’équilibre, et d’éponger une dette déjà abyssale (7,757 milliards d’euros fin 2022).
Les Parisiens, victimes collatérales d’un « système de Ponzi » ?
Calamiteuse, sa gestion des finances est régulièrement pointée du doigt, et pas seulement à droite. En novembre 2022, Gabriel Attal, alors ministre des Comptes publics, n’avait pas hésité à dénoncer « un système absolument délirant », estimant que celui-ci relevait du « système de Ponzi ». Dans la foulée, le ministre des Transports Clément Beaune posait sur la table le scénario d’une mise sous tutelle de la Capitale, jugeant que « la situation financière de la ville de Paris est grave ».
Pour y échapper, « Anne Hidalgo a été contrainte de saigner les Parisiens par l’impôt », notait en novembre dernier Rachida Dati, maire du 7e arrondissement : « Vous comprenez donc l’exaspération des Parisiens qui, écœurés, quittent en masse Paris. »
Si cette majoration de la taxe foncière représente, se défend Anne Hidalgo, « la seule alternative pour ne pas baisser la qualité des services publics ou augmenter leurs tarifs », il s’agit aux yeux des oppositions, sans l’ombre d’un doute, le choix d’une manœuvre fiscale visant à lui éviter l’humiliation d’une mise sous tutelle par les autorités de l’État. « Juridiquement, la mise sous tutelle s’applique aux collectivités qui ne peuvent pas présenter un budget en équilibre, avec un écart de 5% entre recettes et dépenses. 5%, à Paris, c’est autour de 435 millions. Sans cette explosion des impôts locaux, on y était », analyse Marie-Claire Carrère-Gée.
Derrière la hausse de la taxe foncière, un projet de grand remplacement des propriétaires ?
Par ailleurs, l’élue de droite souligne qu’Anne Hidalgo avait pris l’engagement en novembre de diminuer de 30% les « dépenses courantes » de la mairie en contrepartie de la hausse de l’impôt foncier. « Résultat : 500 millions d’euros de dépenses de fonctionnement sont ajoutés en 2023 », s’agace-t-elle.
Aussi, la présidente de la commission des finances du Conseil de Paris cloue au pilori les arguments avancés par l’édile socialiste dans son courrier à ses administrés : « La véritable alternative est claire : arrêter cette course folle au surendettement, réaliser une revue générale des finances de la ville puis sabrer tout ce qui est redondant. Voilà en quoi consisterait une attitude responsable ».
Comment expliquer que le tir ne soit pas rectifié ? Selon la proche de Rachida Dati, cette aggravation du matraquage fiscal sert en réalité un « projet politique » : « Les propriétaires parisiens, dans leur grande majorité, ne votent pas pour Anne Hidalgo. En s’attaquant à eux, sans doute veut-elle les voir partir de la capitale pour installer une population qui lui est davantage acquise. Je rappelle que la maire a pour projet d’installer 40% de logements sociaux à Paris ».
Une analyse « complotiste », s’insurge auprès du Figaro Paul Simondon, adjoint aux finances de la Ville de Paris, qui l’assure : « Nous avons pris la décision d’augmenter la taxe foncière parce que c’était indispensable, mais nous n’avons pas l’intention de réitérer ». Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent.
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