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Anne-Sophie Nogaret : « Le point commun de la GPA, l’islamisme et le transactivisme, c’est une volonté d’annihilation des femmes »

mai 11, 2024 13:36, Last Updated: mai 11, 2024 13:36
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ENTRETIEN – Anne-Sophie Nogaret est journaliste et auteure d’une newsletter consacrée au frérisme en France. Pour Epoch Times, elle revient sur sa tribune publiée le 30 avril dans le Journal du Dimanche sur la GPA, l’islamisme et le transactivisme.

Epoch Times – Anne-Sophie Nogaret, dans une tribune publiée dans les colonnes du Journal du Dimanche vous parlez de la GPA, de l’islamisme et du transactivisme comme d’une « triple alliance contre les femmes ». Peut-on réellement renvoyer dos-à-dos les trois ?

Anne-Sophie Nogaret – Leur point commun, c’est une volonté d’annihilation des femmes, qui pour autant ne se manifeste pas de la même façon. L’islam annihile la femme en tant que sujet libre (au sens de libre conscience), autonome et égale à l’homme en dignité : il en fait un objet dont on dispose. Elle n’existe socialement qu’en se mariant et en donnant naissance, si possible à un garçon.

La GPA, pour sa part, fait de la femme un organisme à louer, seul à même de satisfaire le « désir d’enfant » de ceux qui ne peuvent ou ne veulent en avoir par eux-mêmes. Les discours récents des militants pro GPA montrent que pour eux, il n’y a ni mère, ni même génitrice. Une fois l’enfant né, celle qui l’a porté et lui a donné naissance doit complètement s’effacer, y compris dans le rôle biologique qu’elle a joué. Elle n’est pas tant soumise aux hommes qu’à une forme de narcissisme consumériste qui touche indifféremment les sexes, comme le prouvent ces actrices qui ont recours à la GPA pour ne pas abîmer leur corps par une grossesse. C’est une marchandise capable de produire une autre marchandise, l’enfant, mais à qui on dénie toute vie symbolique, biologique et affective dans l’enfantement.

Quant au transactivisme, il est d’une autre nature, prétendant qu’un homme peut se substituer entièrement à la femme. Il n’instrumentalise pas le corps de la femme, mais il en nie la spécificité biologique, qui implique la capacité d’enfanter, et prétend se l’attribuer, dans un geste qui relève de la psychose. Il ne s’agit plus de patriarcat, ni de marchandisation de l’être humain, mais de délire transhumaniste.

« Plus on parle de la lutte contre les violences faites aux femmes, plus cette violence est effective », écrivez-vous dans cette tribune. Pour vous, les personnes qui prétendent le plus défendre les femmes, renforcent les violences à leur encontre ?

Les néo-féministes parlent de patriarcat, d’invisibilisation des femmes et jouent à se faire peur avec de pseudo problèmes. Elles vont militer pour l’écriture inclusive, sachant qu’à ma connaissance, aucune femme n’a été battue ou tuée par un texte écrit en bon français. Pour dénoncer ces supposés vecteurs de domination des femmes, elles vont déployer une énergie remarquable, surjouer la colère et l’indignation.

Parallèlement, elles restent étrangement silencieuses face aux faits de violence avérés quand les auteurs de celles-ci sont d’origine étrangère. Sur le fait que la femme ne constitue pas en islam un sujet de plein droit, c’est aussi silence radio : il ne faudrait pas passer pour « raciste ». L’inflation communicationnelle sur « la lutte contre les violences faites aux femmes » correspond à un largage en règle de celles-ci lorsqu’elles sont confrontées à la violence concrète. Souvenez-vous de l’élargissement des trottoirs, qui allait sauver les femmes du harcèlement de rue à Stalingrad… Dès lors qu’on ne peut pas nommer les causes réelles d’un phénomène social, on est voué à l’agitation communicationnelle et à l’inaction.

La plupart des personnes défendant le changement de sexe, la GPA et une interprétation rigoriste de l’islam se réclament souvent du progressisme. Quelle est votre analyse ?

La plupart des personnes défendent le changement de sexe ? Je ne sais pas d’où sort cette affirmation, présentée par les transactivistes comme une vérité statistique, mais qui ne correspond en rien à ce que je perçois de la société. Cela relève du narrativisme militant.

La GPA, en effet, se réclame du progressisme, ce qui en soi n’est pas un gage de vérité : on ne voit pas vraiment que les mantras progressistes aient entraîné de véritables progrès sur le terrain. S’autoproclamer « progressiste », ça ne coûte rien, mais ça induit une sorte de contrainte implicite : qui irait penser que le « progrès », dès lors qu’il se présente comme tel, n’en est pas vraiment un ?

On nous répète par exemple que l’inclusion, c’est progressiste. Allez donc en parler aux instituteurs et aux professeurs. Ils vous raconteront les joies du progrès sur le terrain. Quant aux islamistes, ils profitent justement du fait que le terme de progressisme soit idéologique, donc vide de sens, pour le reprendre à leur compte et lui faire dire des absurdités. Par exemple, que le voile est un outil d’émancipation des femmes…

Quelle est selon vous, la plus grande menace pour les femmes entre l’islamisme, la GPA et le transactivisme ?

Contre l’islamisme, qui est un système politique, il existe des armes qui sont elles aussi politiques, dont les lois.

Contre la GPA, qui se fonde sur le désir narcissique de certains et la marchandisation du corps humain et des enfants, c’est plus compliqué, d’autant qu’une forme de toute puissance est à l’œuvre : pour y avoir recours, il faut une force de frappe financière et donc une forme de pouvoir. Les lois de bioéthique, dans un contexte mondialisé, ont du mal à lutter contre l’hubris du désir individuel, surtout s’il est lié à de conséquents enjeux financiers. La GPA devrait être universellement abolie, au nom du respect de la dignité humaine : on n’achète pas un enfant, on ne loue pas le corps d’une femme. Pour cela, il faudrait que le politique reprenne ses droits sur le commerce et sur l’idéologie du « droit à ».

Le transactivisme marque un tournant anthropologique : ce n’est pas tant que la différence des sexes soit abolie, mais plutôt que l’un des deux, la femme, soit frappée d’inexistence, disparue au profit d’un homme qui prétend se substituer complètement à elle.

Sans distinguer de degré de dangerosité entre les trois, je dirais que l’islamisme est dangereux sur le court terme, la GPA sur le moyen, et le transactivisme sur le long terme, la technique ne permettant pas à l’heure actuelle de concrétiser le fantasme de la disparition des femmes, encore seules à même d’enfanter.

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