Le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (Crif) Alsace a dénoncé dimanche un « terrorisme intellectuel », après l’annulation du festival du film israélien Shalom Europa sous la pression de collectifs pro-palestiniens.
Dans un communiqué intitulé « Non au terrorisme intellectuel et à l’instauration d’un climat de peur et de haine à Strasbourg ! », le Crif Alsace déplore que « les pressions, les intimidations et les menaces sur le cinéma Star et son personnel (aient) eu raison du festival du film israélien annulé par l’exploitant après 15 ans de programmation ».
« Nous n’acceptons pas les méthodes totalitaires de groupuscules qui s’emploient à nier à Israël le droit d’exister, à ses citoyens et à ses artistes le droit de s’exprimer », écrit le Crif Alsace.
Stéphane Libs, gérant des cinémas Star, avait annoncé vendredi que le festival, qui devait se tenir du 8 au 10 septembre à Strasbourg, avait été annulé, dénonçant une « pression » exercée par des collectifs pro-palestiniens. « La décision d’annuler a été prise pour ne pas ajouter de la violence au contexte sous tension et préserver les salariés et les publics », avait-il expliqué.
Plusieurs collectifs pro-palestiniens avaient appelé à l’annulation de ce festival, qui devait initialement avoir lieu en juin et avait déjà été reporté sur fond de tensions liées au conflit dans la bande de Gaza.
Une « honte »
Pierre Haas, le président du Crif Alsace, interviewé par RMC, dénonce les « appels au boycott sur les réseaux sociaux avec des commentaires très agressifs » et « surtout des appels téléphoniques anonymes avec des expressions assez violentes », au sujet des menaces reçues par Stéphane Libs. Il considère qu’il a « eu raison par rapport à sa responsabilité » d’exploitant eu égard son personnel et son outil de travail « mais c’est un message d’autocensure qui n’est pas acceptable ». Ainsi, Crif Alsace a saisi « les pouvoirs publics et les collectivités territoriales pour trouver une solution pour que le festival puisse avoir lieu ». Il n’y a par ailleurs « aucun lien entre le travail artistique qui est fait par les cinéastes (…) et la politique du gouvernement, au contraire le cinéma israélien est souvent connu pour être d’avant garde émotionnelle et très souvent critique vis à vis de la politique ».
« Honte à ces associations françaises qui font un travail de censure digne des régimes autoritaires et qui instrumentalisent la tragédie qui se déroule au Moyen-Orient pour laisser libre cours à leur haine », dénonce le Crif Alsace. L’association appelle « les collectivités locales à se substituer au partenaire du festival, ainsi que les services de l’État à tout faire pour que ce festival puisse avoir lieu et mettre en échec cette censure ».
La maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian a jugé samedi « inacceptables » les « menaces et pressions qui pèsent sur le festival et son cinéma partenaire ». Elle a assuré être « en lien avec les organisateurs de Shalom Europa pour reprogrammer dès que possible ce festival qui, comme de nombreux événements culturels, permet aux habitant·es d’avoir accès au cinéma dans sa diversité ».
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