Appel à « la purge » contre les policiers le soir d’Halloween : un suspect placé en garde à vue

31 octobre 2018 09:21 Mis à jour: 31 octobre 2018 09:21

Un Grenoblois de 19 ans prénommé Aissa a été placé en garde à vue le 29 octobre, après la diffusion de plusieurs messages sur les réseaux sociaux appelant à mener une purge contre les forces de l’ordre le soir d’Halloween.

Depuis samedi, de nombreux messages circulent sur les réseaux sociaux : ils appellent les internautes à s’en prendre aux forces de l’ordre dans la soirée du 31 octobre.

Ces messages s’inspirent d’une saga américaine ultra-violente intitulée The Purge – plus connue sous le nom d’American Nightmare en France –, dans laquelle les citoyens peuvent laisser libre cours à leurs pulsions criminelles l’espace de douze heures.

Un appel à la violence d’ampleur nationale

Truffé de fautes d’orthographe et intitulé Les règles de la purge de Corbeil-Essonnes, un texte largement partagé encourage par exemple les internautes à « brûler » les poubelles, les voitures ou les commissariats, à attaquer les policiers « au mortier, feux d’artifice, pétards, pierres », ainsi que les personnes seules dans la rue.

Les participants sont également tenus de « s’habiller en noir » et de se masquer le visage.

Ils sont libres d’utiliser « toutes les armes » et sont encouragés à voler « vélos, voitures ou scooters ».

Crédit : capture d’écran Snapchat.

Ironie de l’histoire, bien que « tous les coups [soient] permis », il est demandé aux voyous prêts à participer à cette purge de ne pas faire « de victimes » et de penser « aux parents et aux familles ».

Les règles du message diffusé dans l’Essonne ont d’ailleurs été reprises et partagées dans plusieurs villes telles que Paris, Grenoble ou plusieurs départements comme la Seine-Saint-Denis, l’Oise et le Val-de-Marne.

Si les agressions à l’encontre des forces de l’ordre sont particulièrement fréquentes, « c’est la première fois qu’un appel à la violence prend une ampleur nationale », d’après Olivier Michelet – secrétaire départemental du syndicat de police Unité SGP 91.

Crédit : capture d’écran Snapchat.

Un suspect placé en garde à vue à Grenoble

Dépassé par l’ampleur prise par les évènements, l’auteur du message initial a fini par se dénoncer lundi dans un message diffusé sur le réseau social Snapchat.

« J’ai mis une story [une publication sur le réseau social] avec des règles, ce genre de truc, et ça a fait le tour de la France en l’espace de deux heures. À la base, c’était une blague, sauf que les gens l’ont trop pris au sérieux », se justifie le Grenoblois de 19 ans prénommé Aissa.

Il a été placé en garde à vue par les forces de l’ordre iséroises dans la foulée. Il s’était rendu lui-même au commissariat pour se constituer prisonnier le 29 octobre et n’avait pas hésité à filmer la scène, sourire aux lèvres. Remis en liberté le 30 octobre, le jeune homme sera jugé le 28 novembre par le tribunal correctionnel de Grenoble. Il risque 5 ans de prison et 45 000 euros d’amende.

Selon Europe 1, un adolescent de 16 ans habitant à Sarcelles, en Seine-Saint-Denis, a également été placé en garde à vue le 30 octobre. Il est soupçonné d’avoir relayé l’appel à la purge lancé par le jeune Grenoblois.

Particulièrement choqués, les syndicats de police ont demandé que le ministre de l’Intérieur réagisse rapidement, réclamant « une action forte ».

Christophe Castaner a déclaré qu’il avait porté plainte et que l’auteur du message initial serait « poursuivi ».

Jean-François Papineau, directeur départemental de la sécurité publique de l’Essonne, a également déposé plainte pour « provocation à la violence ». Il a fait savoir que « une grande vigilance sera exercée pour le cas où des individus seraient tentés de répondre à cet appel ».

Des policiers agressés à Corbeil-Essonnes

Dimanche soir, dans le quartier de la Nacelle à Corbeil-Essonnes (93), des policiers ont été agressés à coups de pierre par une trentaine de malfrats après avoir été attirés dans un guet-apens. Plusieurs véhicules de police ont été saccagés et trois voitures appartenant à des riverains ont été incendiées.

Le matin même, la police avait empêché le tournage d’un clip de rap dans le quartier des Tarterêts, une cité de Corbeil-Essonnes régulièrement pointée du doigt pour les trafics et les violences qu’elle abrite.

« La mairie avait refusé le tournage à l’oral et par écrit à cause des propos jugés violents. Dès qu’on ne leur donne par ce qu’ils veulent, ils finissent par le retourner contre les bâtiments publics ou les forces de sécurité», déplore Olivier Michelet pour qui cette agression est directement « liée à l’appel à la purge des policiers qui circule depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux».

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