La Haute Cour de Rangoun rend vendredi sa décision sur l’appel de deux journalistes birmans de l’agence Reuters condamnés, à l’issue d’un procès très controversé, à sept ans de prison après une enquête sur un massacre de musulmans rohingyas par l’armée. Le délibéré de la Haute Cour de Justice de la région de Rangoun est attendu aux alentours de 13 heures (06H30 GMT).
Wa Lone, 32 ans, et Kyaw Soe Oo, 28 ans, ne seront pas présents à l’audience, a indiqué Than Zaw Aung, avocat des deux reporters. Ils encourent une peine maximale de 14 ans de détention. Si le tribunal confirmait le premier verdict, ce serait « complètement dévastateur » pour l’image de la Birmanie, déjà très écornée depuis les violences commises par l’armée à l’encontre des musulmans rohingyas, a averti Daniel Bastard, représentant de l’ONG Reporters sans frontières.
Arrêtés en décembre 2017, les deux hommes ont été condamnés début septembre, en première instance, pour « violation de la législation sur les secrets d’Etat ». Ils sont accusés de s’être procurés des documents relatifs aux opérations des forces de sécurité birmanes dans l’Etat Rakhine, région du nord-ouest de la Birmanie, théâtre du drame rohingya. Ils assurent de leurs côtés qu’on leur a tendu un piège.
Les reporters enquêtaient sur un massacre de membres de la minorité musulmane dans le village de Inn Dinn. Quelques jours après leur arrestation, l’armée avait reconnu que des soldats et des villageois bouddhistes avaient tué de sang-froid des captifs rohingyas le 2 septembre 2017. Sept militaires ont été condamnés à dix ans de prison pour ce massacre.
La condamnation des journalistes de Reuters a connu un fort retentissement à travers le monde, Michelle Bachelet, Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, dénonçant « une parodie de justice ». L’Union européenne a appelé à leur « libération immédiate et inconditionnelle » et le vice-président des Etats-Unis, Mike Pence, a demandé qu’ils soient graciés.
Mais Aung San Suu Kyi, déjà très critiquée pour ses silences sur le drame rohingya, avait défendu leur condamnation, estimant qu’ils avaient été emprisonnés « pas parce que c’étaient des journalistes » mais « parce qu’ils avaient enfreint » la loi. Ce second verdict pourrait encore accentuer les tensions déjà vives entre la communauté internationale et la Birmanie, où les militaires, au pouvoir pendant des décennies, continuent de tirer de nombreuses ficelles malgré l’arrivée au pouvoir en 2016 du gouvernement civil de la prix Nobel de la paix.
D.C avec AFP
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