Le franchissement jeudi par Apple de la barre symbolique des 1.000 milliards de dollars de valeur boursière vient rappeler à quel point les géants de la Silicon Valley dictent le rythme à Wall Street, à la hausse comme à la baisse. « Le secteur technologique est celui qui peut faire le plus sensiblement progresser les indices boursiers et, à l’inverse, celui qui peut les faire chuter le plus durement« , résume Howard Silverblatt, analyste pour la société S&P Dow Jones Indices.
Le groupe Apple connu pour avoir révolutionné le monde de l’informatique avec ses téléphones et ses tablettes a été la première entreprise privée au monde à franchir les 1.000 milliards de dollars en Bourse. Cette envolée a permis à Wall Street de reprendre de la vigueur quelques jours après plusieurs séances de décrochage liées à l’effondrement boursier de deux autres géants de l’industrie technologique, Facebook et Twitter.
Avec une capitalisation à 13 chiffres, la marque à la Pomme capte 4% de la valeur totale du S&P 500, l’indice qui regroupe les 500 plus grosses entreprises cotées aux Etats-Unis. L’ensemble des valeurs « techs » concentrent plus de 25% des 24.700 milliards de valeur boursière du S&P 500, loin devant le secteur de la santé (14%).
L’élection de Donald Trump en novembre 2016 y est pour beaucoup
Elles ne pesaient encore « que » 21,5% de l’indice au moment de l’élection de Donald Trump en novembre 2016. L’envolée des cours depuis, alimentée par les mesures fiscales de l’occupant de la Maison Blanche, profite principalement aux géants de la Silicon Valley. Malgré cette progression, les valeurs technologiques pèsent encore beaucoup moins que lors de la bulle internet à la fin des années 1990. Juste avant son éclatement, en mars 2000, elles représentaient 34,5% de l’indice S&P 500.
La différence majeure avec cette époque est que « ces entreprises génèrent énormément de bénéfices et de trésorerie, contre rien auparavant », analyse M. Silverblatt. « Ce sont +les IBM+ des années 1980 », du nom du groupe informatique à l’origine de l’émergence des ordinateurs personnels.
Plusieurs groupes se partagent aujourd’hui le haut de l’affiche, cinq d’entre eux -Apple, Microsoft, Alphabet (maison mère de Google), Amazon et Facebook- s’arrogeant même plus de 15% de la valeur boursière du S&P 500, observe Nicolas Colas, cofondateur de la société DataTrek.
Logiquement, lorsque Facebook a annoncé le 26 juillet des résultats jugés décevants et a subi les foudres de Wall Street une perte inédite de 119 milliards de dollars en une séance, l’ensemble du marché en a été affecté. « C’est l’un des défis majeurs pour ces groupes de croissance. Lorsque leur rythme d’expansion ralentit, les investisseurs subissent des mouvements très brutaux de correction » et de fortes ondes de choc sur le reste du marché, observe Matt Miskin, stratégiste pour John Hancock Investment.
La technologie renforcée par l’appétit des investisseurs
La place prépondérante de la « tech » à Wall Street a été en outre renforcée par l’appétit des investisseurs pour leurs perspectives de croissance rapide. Communication, distribution, finance, automobile… Ces entreprises sont devenues en quelques années des acteurs incontournables de la vie quotidienne de milliards d’usagers à travers le monde.
« Alors que l’économie américaine montre des signaux d’accélération, les investisseurs préfèrent miser sur ces titres à la croissance organique élevée plutôt que sur les valeurs bancaires par exemple », affirme M. Miskin. Le secteur financier est pourtant généralement l’un des gagnants des périodes de prospérité. Mais les actions bancaires présentent actuellement un prix peu élevé en comparaison des revenus dégagés, poursuit le spécialiste.
Or, la performance moyenne de ce secteur stagne depuis le début de l’année (-0,02%), contre une hausse de plus de 13% pour les valeurs technologiques. Dans ce contexte, qui pourrait remplacer ces géants si le récent vent d’inquiétude sur les « techs » persistait?
Les analystes pointent les banques, la santé, l’industrie et les biens de consommation discrétionnaire comme potentiels relais. De l’avis de M. Miskin, les valeurs techs n’ont pas dit leur dernier mot: « Elles sont redescendues un peu sur terre après leurs performances phénoménales. Elles reviendront en force si l’on se base sur leurs fondamentaux et la croissance globale du secteur ».
DC avec AFP
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