Le « Grand pare-feu » d’Internet a été un élément central de la stratégie du Parti communiste chinois (PCC) dans le domaine du contrôle de ce que les Chinois peuvent et ne peuvent pas consulter en ligne. Les sites web, allant des moteurs de recherche et forums de discussion aux médias en ligne, sont étroitement surveillés et censurés.
Toutefois, jusqu’à présent, les applications mobiles étaient un secteur qui échappait largement au « Grand Pare-feu ». Google Play Store d’Alphabet n’est pas disponible en Chine, tandis que l’App Store d’Apple a un nombre très limité d’applications en Chine. À part quelques grands acteurs nationaux, les App stores sur téléphones mobiles chinois ne sont pas strictement réglementés.
La semaine dernière, de nouveaux règlements visant à contrôler des centaines d’App stores mobiles ont été adoptés en Chine. Le nombre exact de plateformes disponibles dans ce pays n’est pas connu, mais la société de marketing AppInChina estime qu’il y en a plus de 200. La plupart de ces App stores n’ont pas été ou ont été seulement partiellement soumis aux normes de contrôle avant leur lancement.
Le nouveau règlement a été publié par l’Administration chinoise du cyberespace (CAC). Depuis le 16 janvier, les App stores sur mobiles doivent s’inscrire auprès de la CAC pour continuer à fonctionner légalement. Un tel enregistrement permettra aux autorités de voir qui possède les App stores et quel est leur nombre, ce qui permet aux régulateurs de les fermer si nécessaire.
Marché fragmenté
Malgré le désir de Pékin de réglementer les App stores mobiles, les caractéristiques et la fragmentation de leur marché rend l’application des nouvelles mesures presque impossible.
Le système de smartphone le plus utilisé en Chine – un pays comptant plus de 700 millions d’utilisateurs de smartphones – est Android. Mais Google Play, la plate-forme d’application par défaut de son système d’exploitation, est désactivé en Chine. Cela a provoqué une prolifération d’autres App stores, dont les plus grands sont gérés par les grandes sociétés de technologie chinoises, telles que Tencent, Baidu, Xiaomi et Alibaba. Les App stores de ces grandes entreprises sont autorégulés.
Des centaines d’autres de ces petites plateformes ont également vu le jour, dont un grand nombre ne correspond pas aux normes de sécurité et de contrôle. Le contenu qui est strictement bloqué sur un site web chinois peut parfois être trouvé sur les App stores des mobiles téléchargés de ces plateformes.
Comme de nombreux règlements chinois, les lignes directrices du nouveau règlement sont assez vagues. Zhu Wei, un responsable de l’Université de science politique et du droit de Chine, a confié au Wall Street Journal : « Il est presque impossible pour les régulateurs d’enregistrer et de superviser une par une toutes les millions d’applications. »
Difficile à appliquer
À en juger par le langage de la CAC, l’application, la surveillance et la censure du contenu de ces applications devrait incomber à ceux qui gèrent les App stores des mobiles. Le modèle de la CAC prévoit la surveillance des App store en espérant que ces derniers vont surveiller les applications qu’ils contiennent.
Mais c’est une stratégie qui s’est déjà avérée inefficace.Plus tôt en janvier, l’application du New York Times a été retirée par Apple sur exigence formelle du gouvernement chinois. Apple a expliqué au New York Times que cette application violait les lois locales, sans préciser de quelles lois il s’agissait.
Cette décision ne serait pas surprenante si on ne prend pas en considération le fait que le site web du New York Times a été bloqué par la Chine depuis 2012. Cela signifie que même si les censeurs chinois essayaient de bloquer complètement l’accès au contenu du New York Times depuis 2012, les Chinois pouvaient accéder à ce contenu par le biais de leurs applications mobiles pendant les cinq dernières années.
Cet exemple concerne Apple et le New York Times, deux des cibles les plus visées par les censeurs chinois. Cependant, il y a des millions d’applications mobiles chinoises sur des centaines de plateformes d’applications, dont la plupart sont petites, privées et ne disposent pas des ressources nécessaires pour autocensurer toutes les applications et leur contenu.
Version anglaise : A Gap in the Great Firewall: Mobile Apps
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