Apprendre à cuisiner dès l’enfance

septembre 6, 2016 0:41, Last Updated: septembre 7, 2016 10:01
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À une époque où les problématiques de surplus pondéral et de maladies chroniques liés à l’alimentation – diabète, maladies cardio-vasculaires, obésité – ne cessent d’augmenter, une des solutions pour inculquer aux enfants de bonnes habitudes alimentaires ne serait-elle pas tout simplement de leur apprendre à cuisiner ?

En 2013, un peu plus d’un jeune Canadien sur cinq, âgé de 12 à 17 ans, a déclaré faire de l’embonpoint ou être obèse, selon Statistique Canada. Un nombre en hausse significative par rapport à celui de 2007 qui était de 18,7 %. D’un autre côté, les résultats d’une enquête réalisée en 2011 par les nutritionnistes d’Extenso, le Centre de référence en nutrition de l’Université de Montréal, sont alarmants : seulement 4 parents sur 10 prennent le temps de cuisiner chaque soir, et près de 50 % des parents ne savent pas ce qu’ils vont faire à manger quand ils rentrent à la maison après leur journée de travail.

Quel message cela envoie-t-il aux jeunes ? « Ça lance le message que ce n’est pas une chose importante. Pourtant, c’est primordial, on mange trois fois par jour, c’est ça qui nous aide à nous concentrer. Peut-être que ça lance aussi le message que c’est difficile à faire », constate Ann Mitchell, chef-animatrice d’ateliers culinaires interactifs et coauteur du livre Je cuisine avec des images.

Les enfants sont toujours fiers de rapporter ce qu’ils ont cuisiné chez eux.

– Ann Mitchell, chef-animatrice d’ateliers culinaires interactifs

En plus de proposer des ateliers de cuisine aux adultes, Mme Mitchell anime aussi des ateliers pour les enfants de 6 à 10 ans au Centre du Plateau et elle en a même donné dans un CPE dans le cadre d’un projet pilote. La plupart du temps, elle enseigne une recette complète – salade facile, soupe-repas, bretzels au fromage, etc. à chaque cours plutôt que des recettes de biscuits ou de gâteaux. Elle veut apprendre aux enfants des notions de cuisine pour qu’ils sachent faire des choses amusantes qui ne soient pas seulement des desserts.

« On en mange déjà assez de tout ça. Le but c’est de pouvoir dire aux enfants : là vous avez quelques recettes, vous pourriez faire un repas pour vos parents », explique celle qui est diplômée en gérontologie avec une formation professionnelle en cuisine. « Les enfants sont toujours fiers de rapporter ce qu’ils ont cuisiné chez eux. Ils ne veulent pas le manger au complet, parce qu’ils veulent que leurs parents y goûtent. »

Le plaisir et la fierté de cuisiner (Beccah Frasier)

Les ateliers boîte à lunch

Dans un autre quartier, le Carrefour alimentaire Centre-Sud a décidé de donner la chance à des jeunes de 9 à 12 ans de mettre la main à la pâte, grâce aux tout nouveaux ateliers Boîte à Lunch Centre-Sud qui vont être donnés dès cet automne. Le but : « Pour que les enfants apprennent à développer leur autonomie alimentaire et à devenir des adultes capables de faire des choix pour bien s’alimenter dans le futur. Et de rapporter ça aussi à la maison », rapporte Marie-Claude Morin-Ouellet, coordonnatrice des cuisines collectives et de l’éducation culinaire.

Ce projet est possible grâce à l’expertise du Dépôt alimentaire NDG, qui a mis sur pied les Ateliers Boîte à Lunch dans Notre-Dame-de-Grâce il y a 13 ans, initiant des centaines de jeunes à la cuisine. L’organisme accompagnera le Carrefour alimentaire Centre-Sud en partageant ses outils pédagogiques et sa banque de recettes. Le nouveau projet vise à amener 10 jeunes différents chaque jour à cuisiner leur lunch ainsi qu’une collation, qu’ils pourront manger à l’école le lendemain, et ce, quatre jours par semaine.

Tous ces ateliers sont offerts gratuitement, après la journée de classe, dans plusieurs écoles du Centre-Sud. Une priorité est donnée à l’école Jean-Baptiste Meilleur qui a perdu la mesure alimentaire permettant aux élèves provenant de familles défavorisées d’obtenir des repas subventionnés. « Donc, c’était aussi pour pallier au fait que des familles avaient besoin de soutien pour assurer l’alimentation de leur enfant à l’école », précise Mme Morin-0uellet.

De plus, afin d’encourager la consommation de fruits et de légumes à la maison, les parents qui inscrivent leur enfant auront la possibilité d’acheter des coupons de la solidarité : avec un coupon payé 5 $, ils pourront acheter pour 15 $ de denrées au Marché Frontenac.

Savoir cuisiner donne aux enfants une sorte d’autonomie qui leur servira pendant toute leur vie. (Beccah Frasier)

Et la cuisine à l’école ?

Ces initiatives sont bien intéressantes, mais les places sont limitées. Ne serait-il donc pas préférable d’offrir une éducation culinaire à l’intérieur même du programme scolaire ? Pour Ann Mitchell, c’est certain : « ce que les enfants apprennent à l’école, ils le croient et ils le ramènent à la maison ». Cela crée ainsi un effet boule de neige. Elle se souvient, par exemple, que lorsque ses propres enfants étaient d’âge scolaire, ils revenaient de l’école en expliquant pourquoi et comment il fallait recycler.

Évidemment, il faudrait adapter ces cours à notre époque et ne pas reprendre les cours d’économie familiale tels qu’ils étaient enseignés dans le passé. Selon l’expérience de Louis, 10 ans, il est aussi important de donner la possibilité aux enfants de participer à toutes les étapes de la recette, jusqu’au bout – dans son école alternative, les enfants participent à la préparation du repas de la classe, par équipe de trois, en alternance. Cependant, il déplore que la professeure ne leur confie que quelques légumes à couper.

« J’aimerais ça cuisiner la recette du début à la fin, de la cuisson à l’assiette. Ça, ça me convient », remarque le garçon qui se dit « déjà très bon en cuisine ». Il a d’ailleurs déjà fait un déjeuner- surprise à son père et à sa conjointe. Il leur avait préparé des crêpes dont il avait appris la recette seulement en regardant souvent sa grand-mère les cuisiner.

Certaines écoles ont déjà des volets axés sur la cuisine. C’est le cas de l’école Jean-Baptiste Meilleur qui a des ateliers culinaires une fois par mois, intégrés dans le cursus scolaire. « On est super heureux de collaborer avec eux parce qu’ils ont déjà cette sensibilité », souligne la responsable du projet Boîte à lunch Centre-Sud.

Où apprendre ?

Les Ateliers Boîte à lunch

Pour qui : enfants de 4e et 5e année des écoles primaires de NDG et élèves de l’école secondaire Saint-Luc

Prix : gratuit

Quand : sessions de 10 semaines (octobre à décembre, puis mars à mai)

Renseignements : www.boitealunchndg.org ou tél. : 514 967-6374

Les Ateliers Boîte à Lunch Centre-Sud

Pour qui : enfants âgés de 9 à 12 ans fréquentant une école du secteur Ste-Marie

Prix : gratuit

Quand : sessions de 10 semaines (octobre à décembre, puis hiver 2017)

Renseignements : www.carrefouralimentaire.org/services-et-activites/apprendre/boite-a-lunch-centre-sud  ou tél. : 514 525. 6611

Les p’tits chefs

Pour qui : enfants âgés de 6 à 10 ans

Où : Centre du Plateau, près du métro Laurier

Prix : 110 $

Quand : sessions de 12 semaines (du 13 septembre au 6 décembre)

Renseignements : www.centreduplateau.qc.ca/enfants/activites-culturelles-et-communautaire/les-ptits-chefs ou tél. : 514 872-6830

 

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