Voilà des années que les gouvernements successifs buttent sur le problème de l’emploi des jeunes. Pourtant rien n’y fait, les problèmes de fond persistent. Manuel Valls reçoit ce lundi les partenaires sociaux pour préparer les mesures du futur plan pour l’emploi, un plan massif de formation voulu par François Hollande pour quelque 500 000 personnes supplémentaires. Sur le sujet, l’Allemagne montre l’exemple avec un apprentissage en entreprise quasi-généralisé et des conséquences directes : un taux de réussite des jeunes exceptionnellement élevé.
La nécessité de l’apprentissage
Si l’apprentissage, comme voie royale pour entrer en entreprise, n’est pas dans les mentalités françaises, les chiffres sont pourtant là pour montrer son efficacité. Sans parler des jeunes apprentis, pour les demandeurs d’emploi, 45,6% d’entre eux ont davantage de chances de trouver un poste en ayant suivi une formation que 33,9% d’entre eux sans formation.
C’est pourquoi après un plan prioritaire de formation lancé en 2013 pour 30 000 demandeurs d’emplois, étendu ensuite à 100 000 chômeurs par an en 2014 et 2015, puis à 150 000 pour 2016, l’État promet une nouvelle fois un coup de pouce supplémentaire, en mettant sur la table 1 milliard d’euros pour former 500 000 personnes (de 1 200 à 2 600 euros par demandeur d’emploi selon les formations).
60% des jeunes Allemands sont orientés vers un enseignement professionnel de qualité.– Bertrand Martinot
En effet, la France forme peu de chômeurs, seulement 10% chaque année, contre le double en Allemagne. Une différence qui se remarque avec un taux de chômage de 6,3% outre-Rhin contre 10% en France – lorsque ce taux monte à 24,8% pour les moins de 25 ans dans l’Hexagone et 7,80% pour le voisin allemand.
Le modèle d’apprentissage allemand
L’Allemagne compte trois fois plus d’apprentis qu’en France et un taux de chômage des jeunes trois fois moindre. « Les jeunes Allemands, pour qui l’apprentissage est une voie d’excellence valorisée par les familles et par les entreprises, ont peu de mal à intégrer le marché du travail et peuvent largement espérer évoluer dans leur carrière », assure Bertrand Martinot, ancien délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle, dans une étude comparative de l’Institut Montaigne.
La comparaison ne s’arrête pas là. La proportion de jeunes passant par l’apprentissage dans l’Hexagone est de 26% (pour une durée de 1,7 an), contre 55,7% outre-Rhin (pour une durée de 3 ans). En tout, le nombre d’apprentis français s’élève à 400 000 contre 1,4 million de jeunes Allemands, avec un taux d’emploi des jeunes de 28,4% en France contre 46,9% en Allemagne.
Outre-Rhin, l’apprentissage est considéré comme le mode d’accès quasi-exclusif aux emplois dans les entreprises de production ou de services. Il garantit un débouché professionnel et des perspectives de progression au sein des groupes. C’est pourquoi il est plébiscité très tôt dans l’appareil scolaire – au moment de l’entrée au collège –, lorsque la France reste sur des filières communes et générales jusqu’au lycée.
« Dès lors, 60% des jeunes Allemands ne suivent pas un enseignement secondaire général mais sont orientés vers un enseignement professionnel de qualité, très majoritairement en apprentissage », explique Bertrand Martinot.
Des problèmes de fond en France
Selon l’étude de l’Institut Montaigne, en France « l’obsession du diplôme, l’hétérogénéité des parcours et la complexité des circuits relèguent, de fait, l’apprentissage au fond de la classe des filières de formation ». L’image de l’apprenti reste toujours dégradée et l’apprentissage considéré comme un outil d’insertion des jeunes en échec scolaire, plutôt qu’une voie générale vers la professionnalisation en entreprise.
S’ajoute à cela un millefeuille administratif, un enchevêtrement des structures des plans d’aide et une dispersion des responsabilités entre l’État, les régions et les différentes branches des ministères. La transversalité et l’évolution au sein de l’entreprise sont également bloquées par un apprentissage cantonné aux études et séparé de l’entreprise, ce qui complexifie encore davantage les possibilités du pays à s’adapter au marché.
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