La crainte d’une pénurie de gaz semble provisoirement révolue : la France est mieux armée cet hiver pour s’approvisionner et exporter vers les voisins européens, selon les gestionnaires GRTgaz et Teréga, une situation qui devrait indirectement profiter au portefeuille des Français.
« Cette année, le réseau français a la capacité d’assurer les approvisionnements nécessaires pour alimenter les consommations et les exportations, y compris en cas d’hiver froid », ont indiqué les deux principaux gestionnaires dans leurs perspectives pour l’hiver 2023-2024 publiées lundi. Mais alors que la France se prépare à un nouvel hiver sans pouvoir compter sur les gazoducs russes, « la vigilance » est toujours de mise car « la marge de sécurité reste faible en cas de pointe de froid en deuxième partie d’hiver ».
Selon les gestionnaires, « des situations de déficit ponctuel pourraient apparaître si les stockages ont été trop sollicités en début d’hiver notamment », sachant que ces stocks contiennent l’équivalent du tiers environ de la consommation annuelle française de gaz. L’équilibre du système gazier français impliquera donc cet hiver « des imports soutenus en GNL » (gaz naturel liquéfié), « une gestion prudente des stockages » et « un maintien de la sobriété à des niveaux similaires à ceux observés l’hiver dernier ».
Grâce à des efforts de sobriété, qu’elle soit choisie ou contrainte par la hausse des prix de l’énergie, la France a baissé sa consommation gazière de 14,3% (données corrigées du climat) entre le 1er août 2022 et le 31 juillet 2023 par rapport à la même période de 2018-2019. Pour les gestionnaires, tout indique que la tendance va se poursuivre, parce que les prix restent toujours plus hauts qu’avant la crise énergétique mais aussi parce que des habitudes prises l’an dernier s’installent. « On ne s’attend pas vraiment à une reprise (de la consommation) du côté des particuliers et de l’industrie », a signalé Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz.
Réduire les importations de GNL russe
Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, Moscou a fortement réduit ses acheminements par gazoduc vers l’UE, poussant les États à diversifier tout azimuts leurs approvisionnements. Sur les sept premiers mois de 2023, les Vingt-Sept ont perdu 86% de ces livraisons par rapport à 2021, selon GRTgaz.
« Un système gazier français plus robuste à l’entrée de l’hiver 2023-2024 » : les enseignements clés de la conférence de presse dédie aux perspectives du système gazier ?
— GRTgaz (@GRTgaz) October 9, 2023
Investissant dans des terminaux d’importations portuaires, les États ont compensé en gonflant de 70% en 2022 leurs achats de GNL, transporté par navires et venu à plus de 40% des États-Unis mais aussi de Russie (17% des achats européens entre janvier et juillet 2023). Sur janvier-juillet 2023, le GNL russe représentait la deuxième source d’approvisionnement en France (11%, comme l’Algérie) derrière le gaz norvégien (31%), selon GRTgaz.
Face à cette nouvelle addiction au GNL, la commissaire européenne de l’Énergie Kadri Simson a appelé en septembre les États à réduire leurs importations de GNL russe, « voire les éliminer », tandis que les associations écologistes comme Greenpeace dénoncent les entrées massives de GNL américain issu du controversé gaz de schiste.
Cette réorganisation des routes du gaz, conjuguée à la sobriété et à une reprise molle en Chine, a eu pour conséquence de détendre les prix sur les marchés début 2023. Les gestionnaires anticipent qu’ils se stabiliseront en dessous de 50 euros le MWh pour livraison cet hiver, une baisse de 30% par rapport à l’hiver dernier. De quoi potentiellement soulager la facture gazière des Français dont une partie dépend des prix du marché.
Stocks remplis à 95% et nouveau point d’entrée de gaz
« La situation est meilleure que l’année dernière pas seulement parce que les stocks sont bien remplis – ils l’étaient déjà avant l’hiver 2022 et le sont à 95% à date en France (96,7% en UE) – mais parce qu’il y a une moindre consommation » et que la France a musclé ses capacités d’approvisionnement, a précisé M. Trouvé à l’AFP.
Les capacités d’entrée via l’Espagne ont ainsi été augmentées, permettant d’injecter un volume additionnel pouvant atteindre 6 térawattheures (TWh) cet hiver. La France compte aussi un nouveau point d’entrée de gaz au Havre, où TotalEnergies a installé un terminal flottant d’importation de GNL – actuellement en phase d’essais –, pour une capacité d’environ 22 TWh. L’Allemagne s’est elle aussi dotée de trois terminaux de GNL, ce qui la rendra « moins dépendante de pays comme la France pour faire venir du gaz », estime M. Trouvé.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.