L’ouragan Dorian, rétrogradé en catégorie 2, se dirigeait très lentement vers la Floride mardi après avoir semé la mort et la dévastation dans l’archipel des Bahamas, où des milliers d’habitants ayant tout perdu restaient menacés par des crues d’ampleur historique.
Les îles Abaco et Grand Bahama, sur lesquelles Dorian s’est acharné avant de reprendre sa route destructrice, étaient encore largement coupées du monde mardi matin.
Mais les premières images commençant à affleurer sur les réseaux sociaux donnaient une idée de l’ampleur du désastre.
Des palmiers déplumés, des maisons éventrées et des carcasses de voitures semblant flotter dans une mer de désolation: le triste spectacle contrastait terriblement avec l’habituelle carte postale paradisiaque des Bahamas.
Evoquant une « tragédie historique », le Premier ministre de l’archipel, Hubert Minnis, avait confirmé lundi la mort d’au moins cinq personnes dans le petit archipel des îles Abacos.
Un premier bilan qui devrait inexorablement grossir, a prévenu mardi le ministre de l’Intérieur bahaméen Marvin Dames.
« D’autres morts sont à venir. Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement », a-t-il déclaré à des médias locaux, précisant que, selon les informations lui parvenant, « plusieurs d’entre eux sont des enfants ».
« Il pleut toujours, avec de grosses bourrasques », a confié à l’AFP Yasmin Rigby, une habitante de l’île de Grand Bahama, au-dessus de laquelle Dorian a longtemps stationné, faisant dangereusement monter le niveau des eaux. « Je ne peux pas bouger de mon appartement », a-t-elle ajouté. « J’aurais besoin d’un gros camion car la plupart de l’île est inondée. Nous avons suffisamment de vivres heureusement ».
Au moins 61.000 personnes auraient besoin d’aide alimentaire aux Bahamas, a estimé mardi l’ONU, qui s’apprête à participer à deux équipes d’évaluation, notamment avec des experts du Programme alimentaire mondial (PAM).
La Croix-Rouge avait estimé la veille que quelque 13.000 maisons pourraient avoir été endommagées ou détruites dans les îles Abaco et Grand Bahama.
Classé dans la catégorie maximale 5 au moment de frapper les Bahamas, Dorian a faibli depuis. Il a été rétrogradé en catégorie 2, avec des vents atteignant 175 km/h, selon le dernier bulletin du Centre national des ouragans (NHC) américain, à 18H00 GMT.
L’ouragan se trouvait à plus de 150 km à l’est de Fort Pierce, en Floride, vers laquelle il se déplaçait à la vitesse réduite de 7 km/h. Malgré des vents moins violents, il avait gagné en taille et restait très dangereux, ont prévenu les météorologues, qui peinent à en prévoir la trajectoire exacte.
Une certitude: il doit se rapprocher « dangereusement près » de la Floride d’ici mercredi soir, avant de longer la côte sud-est américaine et les Etats de Géorgie, de Caroline du Sud et de Caroline du Nord.
Plusieurs millions de personnes ont reçu l’ordre d’évacuer les côtes dans les régions menacées.
Même si l’oeil de Dorian pourrait ne pas toucher terre, les autorités mettent la population en garde sur les risques de crues soudaines et d’inondations.
« De nombreuses menaces ne dépendent pas de la catégorie de l’ouragan », a souligné le directeur du NHC, Ken Graham. « Vous pouvez vous trouver assez loin du centre de l’ouragan et tout de même être touché par de fortes précipitations ».
En attendant Dorian, les habitants de Floride, habitués des ouragans, se montraient solidaires avec les Bahamas voisines. Les appels aux dons se sont multipliés et plusieurs églises organisaient des collectes dans le quartier de Coconut Grove, berceau de la communauté bahaméenne à Miami.
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