EUROPE

Après l’Australie, l’Italie se retire du programme très controversé des Nouvelles routes de la soie porté par Pékin

décembre 6, 2023 18:40, Last Updated: décembre 6, 2023 18:45
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L’Italie s’est retirée de l’accord controversé avec Pékin sur les Nouvelles routes de la soie, quatre ans après l’avoir intégré, a indiqué mercredi une source au sein du gouvernement de Giorgia Meloni. En 2021, l’Australie avait également mis fin à deux accords signés par une de ses régions avec Pékin, les jugeant « incompatibles avec la politique étrangère de l’Australie ou défavorables à nos relations étrangères ».

Attendue depuis plusieurs mois, la décision de quitter ce projet pharaonique d’infrastructures maritimes et terrestres lancé par le régime communiste chinois en 2013 a été communiquée à Pékin il y a trois jours, selon le quotidien italien Corriere della Sera.

Rome s’est retirée de manière à « maintenir ouvertes les voies du dialogue politique », a indiqué à l’AFP une source gouvernementale.

En 2019, l’Italie, ployant sous le poids de sa dette publique, est devenue le seul pays du G7 à participer à ce programme d’investissements massifs de Pékin, décrit par ses opposants comme un cheval de Troie destiné à obtenir une influence politique.

« Grave erreur »

Avant son arrivée au pouvoir fin 2022, la Première ministre Giorgia Meloni avait estimé que cette adhésion était une « grave erreur ». Cet ambitieux projet d’un montant de 2000 milliards de dollars, lancé il y a 10 ans sous l’impulsion du dirigeant communiste chinois Xi Jinping, vise à améliorer les liaisons commerciales entre l’Asie, l’Europe, l’Afrique et même au-delà par la construction de ports, de voies ferrées, d’aéroports ou de parcs industriels.

Ce programme, auquel adhèrent plus de 150 pays selon Pékin, est aussi critiqué à l’international pour l’endettement dangereux qu’il fait peser sur des pays pauvres. L’adhésion de Rome « n’a pas produit les résultats » escomptés par la troisième économie de la zone euro, avait jugé en septembre le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani.

Le projet, dont l’appellation officielle est l’« Initiative la ceinture et la route », a notamment consisté à construire des lignes ferroviaires à grande vitesse sillonnant l’Asie du Sud-Est et à réaliser des travaux massifs de transport, d’énergie et d’infrastructures à travers l’Asie centrale.

« Nous le constatons en Afrique, en Asie et dans le Pacifique Sud – la façon dont le gouvernement chinois a utilisé “l’Initiative la ceinture et la route” montre que ce n’est pas un instrument visant seulement la croissance économique, mais aussi les intérêts politiques et géopolitiques », a déclaré le 15 décembre 2019 Edward O’Donoghue, membre du Conseil législatif de Victoria du Parti libéral en Australie. « C’est un projet stratégique. Il s’agit d’un instrument stratégique du gouvernement chinois, nous le voyons déjà » a-t-il ajouté . En avril 2021, le gouvernement australien annulait deux contrats passés par l’État de Victoria avec le Parti communiste chinois dans le cadre des « Nouvelles routes de la Soie ». La ministre des Affaires étrangères Marise Payne les jugeant « incompatibles avec la politique étrangère de l’Australie ou défavorables à nos relations étrangères ».

L’absence de transparence

L’absence de transparence sur les détails de cet accord a alimenté la méfiance des alliés de Rome, alors que Washington et l’Union européenne avaient fait part de leur inquiétude dès 2019.

L’accord devait être automatiquement renouvelé en mars 2024, sauf en cas de retrait d’ici la fin 2023. Le sujet est délicat pour Rome qui cherche à ne pas froisser Pékin pour éviter des représailles contre les entreprises italiennes, affaiblies par la pandémie de coronavirus et souffrant des sanctions adoptées contre la Russie dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine.

En mai, Mme Meloni avait affirmé qu’aucune décision n’avait encore été prise sur ce sujet, « qui doit être traité avec beaucoup de prudence ». En septembre, lors du sommet du G20 à New Delhi, elle avait déclaré qu’un retrait de l’Italie « ne compromettrait pas les relations avec la Chine ».

Les experts ont noté que d’autres grandes économies européennes, comme l’Allemagne et la France, n’ont pas rejoint le projet mais ont conclu d’importants accords commerciaux et d’investissement avec Pékin.

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