Inondée de menaces sur les réseaux sociaux, Mila, la lycéenne iséroise de 16 ans dont les virulentes critiques sur l’islam ont été massivement relayées se retrouve sans affectation scolaire, dans l’attente d’une solution du rectorat.
Dix jours après la publication de sa vidéo controversée, suivie d’une vague de menaces de mort et de viol, la lycéenne n’a toujours pas réintégré son établissement de Villefontaine, où ses attaques ont provoqué l’indignation d’une partie des élèves.
« Ça a choqué beaucoup de monde ici », confirme une élève de 15 ans qui l’a côtoyée dans certaines matières. « Toute la France a vu sa vidéo… », relève-t-elle, souhaitant rester anonyme.
#Mila : donc ses camarades sont divisés et ça suffit pour qu’elle ne puisse pas revenir dans son lycée ?
Un pays où les mineurs sont rois est un pays de pleutres et de lendemains qui pleurent https://t.co/qRymriNLbi
— JS Ferjou (@jsferjou) February 1, 2020
Devant le portail du lycée, Anissa, autre adolescente de Seconde, déplore que « cette critique des musulmans » ait été diffusée sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo, la jeune femme évoquait un récent conflit avec un jeune homme qui l’a insultée en ligne, avant de s’en prendre aux musulmans : « Le Coran il n’y a que de la haine là-dedans, l’islam c’est de la merde ».
Un autre élève, Nicolas, pense que la jeune femme n’a tout simplement « pas mesuré ses paroles, ni les conséquences de son buzz ». Il regrette que des gens « aient envie de lui faire du mal » car « ce n’est pas justifié », notamment au nom de la « liberté d’expression ».
Affaire #Mila : ? « Dire que le Coran est de la merde, que l’islam est de la merde, c’est un droit constitutionnel en France ! (…) Mila a tout compris ! »@ZinebElRhazoui revient sur les propos de Nicole Belloubet ⬇#CàVous pic.twitter.com/8AWoA55mai
— C à vous (@cavousf5) January 29, 2020
En lien avec la famille, le rectorat de l’académie de Grenoble s’est mis en quête d’une solution qui permettra à Mila de retrouver le plus rapidement possible, et en toute sécurité, le chemin des salles de classe.
« Plusieurs options sont sur la table », précise Aymeric Meiss, directeur de cabinet de la rectrice de l’académie de Grenoble, confirmant que la jeune fille n’avait pas rejoint son lycée depuis les faits « parce que la situation ne le permet pas ». Sans préciser si un retour dans son lycée est envisagé.
La représentation que se fait de sa fonction le Président @EmmanuelMacron est un vrai problème. De #Mila à #Angouleme nous venons d’en avoir deux nouvelles conséquences. pic.twitter.com/FO9kT9KMQL
— Céline Pina (@celine_pina) February 1, 2020
Il y a bientôt 15 jours, la vidéo de l’adolescente est devenue virale sur les réseaux sociaux, attirant un déferlement de menaces, de soutiens et un lot de polémiques impliquant jusqu’à des ministres.
Les propos de la ministre de la Justice Nicole Belloubet, qui a assimilé mercredi la critique des religions à « une atteinte à la liberté de conscience » avant de rétropédaler en plaidant la maladresse, ont notamment beaucoup fait réagir.
5 grands intellectuels dénoncent le « deux poids, deux mesures » qui s’installe en matière de blasphème entre l’islam et le christianisme et ajoutent « nous paierons cher cette lâcheté »https://t.co/WfTxBlUyI7
— orsanton orsini (@orsanton) February 1, 2020
La secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, s’en est prise aux déclarations du délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri – « qui sème le vent récolte la tempête ». « Je trouve que ce sont des propos criminels, ce sont des propos coupables », a réagi Mme Schiappa.
Jeudi soir, lors du dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) à Lyon, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a condamné les « appels à la haine » et martelé que « quand une élève est menacée, notre travail est de la protéger ».
Criminaliser le blasphème, c’est renoncer à la démocratie, c’est renier l’essence même de qui nous sommes, nous les Européens. Scandaleux! #JeSuisMila
— Vigilance islam (@VigilanceIslam) February 1, 2020
Le ministre estime qu’une « réflexion sur la responsabilité des réseaux sociaux » doit être menée. « Tous ne jouent pas le jeu. Tous ces comptes anonymes posent vraiment question », a-t-il ajouté, interrogé par Le Progrès.
Le parquet de Vienne, qui avait ouvert une enquête pour « provocation à la haine à l’égard d’un groupe de personnes, en raison de leur appartenance à une race ou à une religion déterminée », l’a finalement classée sans suite.
« The times » relève la lâcheté de l’élite française dans l’affaire Milahttps://t.co/hCs7RbUkpv
— orsanton orsini (@orsanton) February 1, 2020
Pour le procureur Jérôme Bourrier, l’enquête a démontré que les propos diffusés, « quelle que soit leur tonalité outrageante », avaient pour « seul objet d’exprimer une opinion personnelle à l’égard d’une religion, sans volonté d’exhorter à la haine ou à la violence contre des individus ».
Les enquêteurs poursuivent en revanche leurs investigations pour trouver les auteurs des menaces de mort exprimées à l’encontre de la jeune fille, qui a porté plainte. En attendant, plusieurs de ses camarades à Villefontaine voient d’un mauvais œil un éventuel retour dans l’établissement, où « pas mal de monde lui en veut », selon l’une d’elles.
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