Agacé, le président italien invite la France à tenir ses promesses et à accueillir 9 000 migrants réfugiés en Italie
Critiqué pour son silence à propos de l’Aquarius, Emmanuel Macron a fini par dénoncer mardi le « cynisme » et l’« irresponsabilité » de l’Italie mais des voix se sont élevées jusque dans les rangs de la majorité pour déplorer que la France n’ait pas proposé d’accueillir elle-même le bateau chargé de migrants.
Les 629 migrants secourus au large de la Libye par le navire humanitaire Aquarius vont finalement pouvoir rejoindre l’Espagne à l’aide de deux bateaux italiens, une solution qui pourrait mettre un terme au bras de fer engagé ce week-end entre l’Italie et Malte.
S’exprimant pour la première fois sur le sujet, Emmanuel Macron a dénoncé en Conseil des ministres la « part de cynisme et d’irresponsabilité du gouvernement italien » qui a refusé d’accueillir le navire, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.
« Si un bateau avait la France pour rive la plus proche, il pourrait accoster » en France car « c’est le respect du droit international », a ajouté le président qui a salué le courage de l’Espagne, selon le porte-parole. « La France prend sa part, mais ce qui est inacceptable, c’est le comportement et l’instrumentalisation politique qui en a été faite par le gouvernement italien », a-t-il ajouté.
Le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini a appelé ce mercredi le président français Emmanuel Macron à faire preuve de « générosité » dans l’accueil des migrants, jugeant que la France n’avait pas respecté ses engagements en la matière. Il a également rappelé que la France avait promis d’accueillir 9 000 migrants, mais que les autorités n’en avaient accueilli que 640. Il a ainsi invité à « passer de la parole aux actes et à donner un signal de générosité » en accueillant ces migrants.
« Notre histoire de solidarité, d’humanité et de volontariat ne méritait pas d’être apostrophée dans ces termes par des représentants du gouvernement français dont j’espère qu’ils présenteront des excuses officielles dans les plus brefs délais », a encore déclaré Matteo Salvini.
« Nous remercions le Président Macron d’avoir montré une sensibilité inédite au sujet des migrants. Nous lui demandons donc d’ouvrir ses ports et de participer à un partage européen du problème des migrants » a renchérit le ministre des Transports, porte-parole du Mouvement 5 Etoiles, Danilo Toninelli.
Il a également exigé des excuses de la part du gouvernement français, bien que le président français ait précisé n’avoir reçu aucune demande de cette sorte.
Giovanni Tria, ministre de l’Économie, a annulé sa visite en France. Une décision regrettée par son homologue, Bruno Le Maire, qui estime qu’il y avait « beaucoup de sujets importants » à discuter sur la zone euro.
« La visite a été annulée à la demande des Italiens et nous le regrettons », a indiqué le ministre soulignant qu’il avait « beaucoup de sujets importants à discuter avec M. Tria en particulier dans la perspective » du sommet européen fin juin, où des propositions de réforme de la zone euro seront présentées. « Nous espérons que cette rencontre pourra avoir lieu très vite », a ajouté M. Le Maire dans une brève déclaration transmise à la presse par Bercy.