Iran: Mousavi n'a «pas peur de devenir un martyr»

Écrit par Stephen Jones, La Grande Époque
11.01.2010
  • Les figures de proue de l'opposition iranienne, Medhi Karroubi (gauche) et Mir Hossein Mousavi.(Stringer: AFP / 2009 AFP)

La figure de proue du mouvement d'opposition iranien, Mir Hossein Mousavi, a déclaré qu’il était prêt à sacrifier sa vie pour la réforme politique alors que la résistance au régime islamique se poursuit.

Mousavi, dont le neveu était parmi les huit personnes tuées par balles par les policiers durant les manifestations qui concordaient avec le festival chiite d'Ashura, a annoncé qu’il ne renoncerait pas à ses accusations de fraude concernant la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009.

«Je n'ai pas peur de devenir un martyr, comme ceux qui ont fait ce sacrifice après les élections pour leurs légitimes demandes nationales et religieuses», a indiqué M. Mousavi au site Internet [Kaleme.org], dans sa première déclaration après les affrontements meurtriers du 3 janvier. «Mon sang n'est pas plus rouge que le leur.»

Il a ajouté qu’un ordre de l’arrêter et de le tuer ne «résoudrait rien».

Il a commenté : «Vous avez supposément calmé la situation par les arrestations, la violence, les menaces et la fermeture des journaux et d'autres médias. Quelle appréciation du changement de l’opinion publique quant à la République islamique cela démontre-t-il?»

La déclaration est survenue après les dizaines de manifestations dénonçant la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en juin. Mir Hossein Mousavi, un candidat réformiste que l'on pressentait largement comme le vainqueur des élections, est essentiellement demeuré silencieux tandis que les confrontations violentes entre manifestants et policiers mettent en danger la stabilité du pays.

L'allusion au martyr de Mir Hossein Mousavi n'est pas tirée par les cheveux alors que Mehdi Karroubi – un autre réformiste vaincu aux dernières élections – a rapporté, le 8 janvier, que sa voiture blindée avait essuyé des coups de feu lors de sa visite dans la ville de Qazvin dans le nord du pays.

L'ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême de l’Iran, accuse les manifestants d’être les laquais des puissances occidentales. M. Mousavi a rejeté l’accusation dans une déclaration du 1er janvier.

«Nous ne sommes ni des Américains ni des Britanniques. Nous n’avons envoyé aucune carte de félicitations aux dirigeants des grandes puissances», s’est moqué M. Mousavi, faisant allusion à une carte que le président iranien a envoyée en 2008 au président Barack Obama suite à son élection en tant que président des États-Unis.

«Nous sommes loyaux envers la Constitution», a ajouté M. Mousavi, rejetant les accusations selon lesquelles les manifestations de l’opposition contre la réélection de M. Ahmadinejad se sont transformées en campagne pour faire tomber la République islamique.

«Nous voulons un gouvernement honnête et compatissant qui considère la diversité d’opinion et le vote populaire comme des opportunités non comme des menaces. Nous considérons l’invasion de la vie privée, les interrogatoires, le pillage, la fermeture de journaux et la censure de ce qui est publié comme des violations de la Constitution», a-t-il déclaré.

Pour résoudre la crise, M. Mousavi a proposé que «le gouvernement annonce qu’il sera directement responsable devant la nation, le Parlement et le système judiciaire et qu’il ne sollicite pas un appui inconditionnel sans considération pour ses lacunes et ses faiblesses».

Le quatrième candidat dans la campagne électorale de juin et ancien chef des Gardiens de la Révolution, Mohsen Reza, a qualifié les commentaires de M. Mousavi de «constructifs». Selon l’agence de presse iranienne ISNA, M. Reza a écrit à M. Khamenei pour lui demander de négocier un «nouveau départ» entre les manifestants et le gouvernement.

Le clerc intransigeant Ahmad Khatami a qualifié la déclaration de M. Mousavi de nouvelle provocation.

«Il n’y a pas de crise dans le pays, et vous êtes en train de créer une crise. Arrêtez ça!», a-t-il été cité par ISNA.