Hommage unanime rendu à Philippe Séguin et aux valeurs de la France qu’il défendait

Écrit par Laurent Gey
11.01.2010

  • Le président français Nicolas Sarkozy a rendu un hommage solennel à l'ancien ministre Philippe Seguin à l'Église des Invalides. AFP/REMY DE LA MAUVINIERE (STF: REMY DE LA MAUVINIERE / ImageForum)

C’est toute la classe politique française qui était émue en apprenant la mort jeudi dernier de Philippe Séguin. Cela faisait longtemps que la disparition d’un homme politique n’avait suscité autant d’émoi. C’est peut-être parce qu’il défendait les valeurs de la République et de la démocratie, les principes de la France, que Philippe Séguin était pour nous plus qu’un homme de droite, un homme à part dans le paysage politique français.

Aujourd’hui à l’Eglise Saint-Louis des Invalides, nécropole des gloires militaires, trois présidents de la République et plusieurs ministres du gouvernement et personnalités de gauche ont assisté ensemble à la cérémonie religieuse de l’ancien président de la Cour des comptes, qui sera inhumé mercredi dans le caveau familial de Bagnols-en-Forêt dans le Var. Nicolas Sarkozy lui a rendu ensuite un hommage solennel, décrivant un «grand homme politique qui a occupé tous les postes et qui jugeait sévèrement la politique». Il a souligné le grand vide que sa disparition laissait «comme si chaque Français découvrait combien sa présence lui était familière».

Un hommage unanime de toute la classe politique

L’ensemble des hommages rendus à Philippe Séguin montre de lui un homme tout en contrastes, tantôt brillant, tantôt obscur. Apprécié à droite comme à gauche en tant qu’homme politique et confrère, il défendait une certaine idée de la France basée sur les valeurs sociales de l’honnêteté, de la franchise, du mérite, et donnait beaucoup d’importance à l’écoute et à la justesse des propos dans le processus démocratique. Il portait sur la politique française un regard à la fois sérieux, noir, amère, tout autant qu’intelligent et toujours amical. En nous quittant à l’âge de 66 ans, il quitte une vie quasiment entièrement consacrée à la République française, pays qu’il aimait pour la liberté de parole qu’il offrait  et pour les bras ouverts à ces enfants qui, comme lui, étaient pupilles de la nation.

En lui rendant hommage depuis une semaine, l’ensemble de la classe politique rend hommage également aux valeurs de la France qu’il incarnait. En voici quelques exemples:

Jacques Chirac: «La France perd aujourd'hui un homme d'honneur, un homme d'Etat d'une exceptionnelle intelligence.». «Je perds, pour ma part, un ami pour lequel j'avais un grand respect et une profonde affection.»

Valéry Giscard d'Estaing: «C'était une personnalité hors du commun, avec un grand talent et qui enrichissait le débat politique national». «C'est quelqu'un qui avait des convictions politiques fortes. Il était dans le sillon du gaullisme social. Il était gaulliste, s'intéressait particulièrement aux aspects sociaux de la vie de notre pays».

François Fillon, lors de sa première déclaration à la presse: «Cette disparition brutale est une déchirure avec des années de complicité politique mais surtout personnelle.» «Philippe Séguin avait la passion de la France (...) Une passion dévorante, tenace, ombrageuse. Philippe était fier et inclassable mais il était fidèle aux valeurs du gaullisme comme on est fidèle à une épopée qui exige de tout donner. »

Henri Guaino, conseiller et plume de Nicolas Sarkozy, en se rappelant l’épisode du Congrès du RPR de février 1990 lors duquel, avec Charles Pasqua et Franck Borotra, il avait tenté de rénover le parti : «J’ai acquis ce jour-là la conviction que la qualité d’un discours politique se mesure moins aux acclamations de ceux qui sont acquis d’avance qu’à la capacité à susciter l’écoute de ceux qui ne le sont pas, et dans l’intensité du silence, du recueillement, de l’émotion partagée.»

Martine Aubry: «C’était une vraie personnalité, exigeante, attachante et qui disait ce qu’il pensait. Un homme passionné, profondément honnête et sincère. On aimait ses colères et on les écoutait car elles tombaient juste. C’était un homme chaleureux qui aimait la vie, un épicurien qui ne manquait jamais de parler des derniers résultats de football.»

François Hollande: «Il avait une indépendance de pensée et de caractère. Il n'était pas soumis à son parti, à l'humeur du temps: il disait ce qu'il pensait, ce qui était très rare dans la vie politique française.»

Bertrand Delanoë, natif de Tunis comme lui: «J'en conserve le souvenir d'un adversaire toujours attaché à la dignité et à la loyauté de l'échange démocratique.»