Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

La fusillade à Montréal pourrait annoncer une guerre de gangs

Écrit par Matthew Little, La Grande Époque
13.01.2010
| A-/A+
  • Antonio Nicaso, journaliste et expert sur le crime organisé(攝影: / 大紀元)

L'hégémonie de la mafia serait mise au défi

L'assassinat en plein jour du fils d'un chef réputé de la pègre pourrait indiquer le début d'une guerre de territoire à Montréal, alors que les gangs de rue remettent en question l'hégémonie de la mafia. C'est l'avis des plus éminents spécialistes du crime organisé au Canada, qui estiment que le pays est devenu une destination de choix pour les groupes criminels du monde entier.

Nick Rizzuto jr, le fils aîné de Vito Rizzuto, a été atteint de quatre à six coups de feu le 28 décembre dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce.

Vito Rizzuto, identifié par la police comme le parrain de la mafia montréalaise, purge actuellement une peine de 10 ans de prison au Colorado pour son implication dans le meurtre de trois hommes en 1981. Il n'a pas assisté aux funérailles de son fils.

Mais Nicolo Rizzuto, le grand-père de Nick jr, était présent et on rapporte qu'il était talonné par la police parce qu'il est en probation pour activités criminelles organisées.

La police n'a toujours pas appréhendé le meurtrier de Nick jr, décrit comme un homme noir portant des jeans, un manteau foncé et un capuchon.

L'assassinat représente un changement dramatique dans l'univers clandestin du crime au Québec, estime Antonio Nicaso, journaliste et expert sur le crime organisé reconnu de par le monde.

«Le crime organisé, la mafia en particulier, est très enraciné dans la société québécoise», affirme-t-il.

M. Nicaso croit que la position de la mafia au sommet de la hiérarchie criminelle est maintenant remise en question par les gangs de rue dont le nombre de membres est beaucoup plus élevé.

«Ils avaient l'habitude de faire la sale besogne de la mafia et maintenant ils se rendent compte que le moment est venu de tenter de s'imposer.»

Mais il est difficile de dire comment cette épreuve de force se dénouera alors que certains croient qu'une guerre de territoire pourrait être en cours alors que les gangs de rue s'efforcent de tirer avantage de la situation actuelle.

Outre la mafia, la branche québécoise des Hells Angels – qui a normalement occupé la deuxième position dans le monde criminel – voit ses actions grandement limitées.

Le 15 avril 2009, une opération policière majeure impliquant 1200 agents a frappé les Hells Angels du Québec et du Nouveau-Brunswick. Les 177 raids au petit matin ont mené à l'arrestation de 111 membres en règle de l'organisation. Les activités du groupe de motards ont été perturbées dans les deux provinces.

Entre-temps, M. Nicaso explique que les gangs de rue, qui habituellement occupaient le rôle de revendeur dans la rue, sont devenus très puissants et sophistiqués. Ils sont insatisfaits de cette position au bas de l'échelle du monde criminel.

Une situation semblable se déroule à Vancouver, fait-il remarquer, sauf que la mafia n'y est pas très puissante.

La violence reliée aux gangs a fait éruption à Vancouver à la fin de 2008 et en 2009, alors que la quantité de cocaïne transigeant par le Mexique a diminué en raison de la guerre que se livrent cartels rivaux et gouvernement. Avec le prix de la cocaïne augmentant de 60 %, les groupes criminels spécialisés dans le trafic de la marijuana sont arrivés sur la scène pour avoir une part du marché.

La Ville de Montréal serait unique car ses groupes criminels se sont tellement bien intégrés au monde des affaires et à la politique. Les scandales des derniers mois parlent d'eux-mêmes.

Montréal aurait aussi été à l'avant-garde en termes de criminalité organisée alors que des groupes rivaux se divisent le trafic de drogue et trouvent des moyens de travailler ensemble.

Ce genre de coopération explique pourquoi on entend très peu parler du crime organisé à Toronto, estime M. Nicaso.

De nombreuses organisations criminelles sont actives à Toronto, mais il existe actuellement une balance du pouvoir alors que chaque groupe contrôle une portion du trafic de drogue et des autres activités criminelles.

«Mais quand il y a une guerre de territoire, les criminels deviennent plus visibles. À Calgary, il y a un conflit entre deux gangs asiatiques qui ne faisaient qu'un auparavant.»

Tandis que les gangs de rues sont plus enclins à lutter entre eux pour des peccadilles et attirer ainsi l'attention des médias et du gouvernement, la mafia québécoise cherche à conserver un profil bas et se consacre davantage à brasser des affaires.

«Ils consacrent plus de temps à essayer de légitimer leurs activités – à s'insérer dans le secteur corporatif du crime – et ils perdent ainsi contact avec la rue. C'est ce qui est arrivé au Québec», fait remarquer M. Nicaso.

La mafia s'est concentrée sur l'industrie de la construction et une récente enquête de Radio-Canada a démontré que 14 firmes de construction dominaient les soumissions pour les projets publics en fixant les prix. Dans certains cas, des fiers à bras des Hells Angels étaient utilisés pour intimider les firmes rivales.

L'enquête a indiqué que ce stratagème a fait monter le coût des projets de 35 %. Radio-Canada a cité un ex-bureaucrate qui a affirmé que la mafia contrôle 80 % des contrats pour les travaux de voirie à Montréal.

En 2008, une étude de Transports Canada a découvert que 1 km de route coûtait 37 % plus cher à construire au Québec que dans le reste du pays. Les routes urbaines coûtent 46 % plus cher, tandis que celles en campagne 26 % plus cher.

Une guerre de gangs violente a miné le Québec au cours des années 1990 alors que les Rock Machine nouvellement constitués s'en sont pris aux Hells Angels qui contrôlaient la drogue au niveau de la rue. Le conflit a emporté 150 vies, mais la colère du public et la volonté politique pour combattre ce fléau ne sont apparus qu'après le décès de Daniel Desrochers, un garçon de 11 ans tué par l'explosion d'une bombe à l'extérieur d'un repère de motards.

En 2000, le journaliste Michel Auger du Journal de Montréal a été victime d'une tentative d'assassinat dans le stationnement du quotidien. Il avait publié un article de fond sur la lutte de pouvoir entre les bandes de motards criminalisés et la mafia.

Mais, d'une certaine manière, l'absence d'indicateurs de la présence du crime organisé peut aussi être problématique. Sans ces guerres de territoire et sans l'indignation du public, il semble que les politiciens canadiens sont assez indifférents face aux dangers posés par le crime organisé.

{mospagebreak}

Jusqu'à maintenant, le Parti libéral du Québec a refusé la tenue d'une enquête publique. Et lorsque la GRC a conclu que les aéroports importants du pays étaient infiltrés par des centaines de groupes criminels impliqués dans le trafic de drogue et d'êtres humains, la classe politique n'a pris aucune mesure significative.

M. Nicaso affirme que le Canada est devenu un sanctuaire pour les criminels en raison du faible risque de poursuite et de détention en comparaison avec les autres pays, de même qu'une propension des procureurs à négocier des peines légères en échange de plaidoyers de culpabilité, afin d'éviter des procès coûteux.

«Nous sommes un pays de crime mais pas de châtiment parce que le ministère de la Justice aime malheureusement conclure des ententes avec les criminels.»

Tous les groupes criminels ont des branches au Canada, et cela continuera tant que les politiciens n'auront pas la volonté de combattre le crime d'une manière efficace, déplore M. Nicaso.

«Nous devons frapper les criminels là où ça fait le plus mal.» Il suggère une stratégie nationale agressive ciblant le recyclage des produits de la criminalité (blanchiment d'argent).

«Si nous ne changeons pas cette attitude... Nous aurons plus de crime, plus de violence, mais surtout plus de criminels de partout dans le monde.»

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.