Connu sous le nom d'El Teo, Eduardo Teodoro Garcia Simental, un des trafiquants de drogue les plus recherchés au Mexique, a été arrêté le 12 janvier dernier dans la ville de La Paz, au niveau de la péninsule californienne de Baja. Garcia serait un des principaux commanditaires des violences et des exécutions sommaires dans la ville de Tijuana, au nord du pays. Une récompense de 2,3 millions de dollars avait été offerte pour toute information permettant sa capture.

L'arrestation de Garcia est considérée comme une victoire liée à la modernisation des techniques de surveillance, pour lesquelles Mexico reçoit une aide accrue de Washington. Des agents américains ont ainsi directement aidé les forces mexicaines à détecter et à suivre Garcia pendant plus de cinq mois.

Déjà, le 16 décembre dernier, Arturo Beltran Leyva, un autre trafiquant important, avait été tué lors d'un raid militaire au sud de la ville de Mexico. Cela n'a pas été le cas pour Garcia : «Il n'y a pas eu d'échange de tirs. L'opération a été très rapide, car l'enquête durait depuis longtemps», a indiqué à Reuters un membre du raid contre le trafiquant.

L'année dernière, un tueur à gages appelé le «faiseur de soupe» a avoué avoir dissous plus de 300 corps dans de l'acide pour le compte de Garcia.

«Les hommes de Teo sont connus pour leur extrême violence, la mutilation de corps, les kidnapping», explique un porte-parole de la Drug Enforcement Administration américaine.

L'arrestation de M. Garcia rend espoir aux proches de centaines de personnes disparues à Tijuana ces dernières années. «Nous espérons qu'il sera interrogé et qu’il nous dira où sont nos proches», indique au New York Times Fernando Ocegueda qui dirige Citoyens contre l'impunité et dont le fils a été kidnappé en 2007.

Avec cette arrestation, le président mexicain, Felipe Calderon, marque des points dans sa campagne contre le crime organisé, dont il a fait une priorité politique. Sa fermeté sur le sujet depuis sa prise de fonction en 2006 a déclenché une véritable guerre contre les trafiquants de drogues, avec implication directe de l'armée mexicaine pour dépasser la corruption de la police du pays. Plus de 15 000 personnes sont décédées depuis, principalement dans les régions frontalières avec les États-Unis, portes d'entrée au marché principal des trafiquants de toute l'Amérique du Sud.

Cependant, Patricia Escamilla Hamm, qui étudie les questions de sécurité transfrontalière au Colegio de la Frontera Norte à Tijuana, tempère ce succès dans les colonnes du New York Times : «La tendance maintenant est que ces frappes sont importantes, mais que leur impact est variable : un autre chef prend sa place. El Teo lui-même est un exemple de la flexibilité de ces cartels et de la facilité avec laquelle un chef remplace un autre.»

Mme Escamilla craint que la lutte pour le remplacement de Garcia provoque encore plus de violence, le cartel de Sinaloa devant défendre son territoire à l'est de Tijuana.