Des failles dans le système ont permis la tuerie de Fort Hood

Écrit par Joshua Philipp, La Grande Époque
26.01.2010
  • Des soldats américains transportent le cercueil d'une des treize victimes du massacre de Fort Hood,(Stringer: David Banks / 2009 Getty Images)

L'armée n’est pas préparée pour faire face aux menaces internes, affirme un rapport du département de la Défense des États-Unis

NEW YORK – Selon un rapport publié récemment par le département de la Défense des États-Unis (DoD), la mauvaise communication et le fait que les commandants n'ont pas l'autorité appropriée pour traiter avec les individus instables sont parmi les failles qui ont permis à la fusillade de Fort Hood d'avoir lieu.

Le 5 novembre 2009, le major Nidal Malik Hasan est accusé d'avoir fait feu dans une clinique médicale sur la base de Fort Hood, au Texas. Treize personnes sont décédées et 43 autres ont été blessées. Plusieurs signes que le psychiatre de la US Army penchait vers l'extrémisme sont passés inaperçus, tels que ses échanges avec un imam radical.

Après la fusillade, le département de la Défense a lancé une enquête pour déterminer ce qui a mené à l'incident et ce qui aurait pu l’empêcher. Les enquêteurs du DoD se sont fait octroyer un «accès illimité» aux installations et au personnel de la Défense. Leur rapport, Protecting the Force: Lessons from Fort Hood (La protection de la force : leçons de Fort Hood), a été publié le 15 janvier.

En plus de l'enquête du DoD, le président Obama a ordonné un examen des procédures suivies par le renseignement américain dans cette affaire, alors que le FBI révise également ses méthodes. La tentative d'attentat contre un avion de ligne américaine le jour de Noël a exposé à nouveau les failles dans le système de renseignements des États-Unis.

Menace interne

L’incident à Fort Hood a commencé et s’est terminé en quelques minutes. Deux minutes et quarante secondes après l'appel logé au 911, les premières forces d’intervention sont arrivées sur la scène et, dans l’espace d’une minute et demie, ils avaient blessé Hasan par balle, mettant ainsi fin au carnage. Les ambulances et les véhicules d'urgence sont arrivés moins de trois minutes plus tard.

«La tragédie, cependant, a soulevé des questions quant au niveau de préparation du département pour faire face à ce genre d’incident, particulièrement pour de futurs incidents multiples et simultanés», indique le rapport.

«La menace interne» est au centre des enquêtes du département. «Les évènements comme la fusillade de Fort Hood nous font questionner sur comment nous pouvons nous défendre contre les menaces posées par des influences externes affectant les membres de notre communauté militaire», poursuit le rapport.

Le rapport déclare aussi que dans l'incident de Fort Hood, «certains signes n'ont vraiment pas été détectés; d'autres n’ont pas été tenus en considération. Ceci, de même qu'imputer la responsabilité pour les failles, devrait faire partie d'une révision approfondie de l'armée».

La menace interne est un problème épineux. Le rapport indique que les forces armées américaines ont été engagées dans des «opérations de combat continuelles» durant les deux dernières décennies. Ainsi, elles sont devenues «la force combattante la plus expérimentée de notre histoire». Cependant, cela a entraîné des niveaux extrêmement élevés de stress.

Actuellement, les politiques du DoD ne sont pas conçues pour déceler les menaces internes, ce qui constitue une «faiblesse essentielle», selon le rapport. Le système actuel est réglé pour détecter des individus ayant des tendances suicidaires ou étant impliqués dans la violence domestique, non pas pour détecter des extrémistes.

Informer les commandants

Un des problèmes principaux du système est que les commandants qui sont plus proches des soldats et du personnel n'ont pas l'autorité pour intervenir quand ils ont connaissance que des employés du DoD sont en contact avec des groupes ou des individus radicaux.

«Nos commandants ont besoin de cette autorité immédiatement», déclare le rapport, ajoutant qu'alors que le département essaie de trouver des façons de protéger son personnel, «nos commandants doivent pouvoir reconnaître les signes comportementaux qui indiquent qu'un individu pourrait commettre des actes violents ou se radicaliser».

Le document encourage le DoD à passer en revue et possiblement élargir «la définition des activités prohibées pour répondre aux conditions changeantes dans la sphère de la sécurité».

Une autre lacune dans le système actuel est le manque de partage de l'information entre les départements et le problème de l'acheminement de cette information aux personnes concernées. «Depuis l'incident de Fort Hood, nos dirigeants ont apporté des changements qui améliorent nos capacités de partager l'information. Nous pouvons et devons faire plus», affirme le rapport.

Le rapport mentionne que «le temps est passé où l'on pouvait permettre aux bureaucrates de surprotéger “leurs” informations, ce qui empêchait les informations sur les menaces et les indicateurs de se rendre à ceux qui en ont besoin – les commandants».