La France recueille aujourd’hui 80 % des grandes mulettes du monde

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris
29.01.2010

  • Objets incrustés de nacre.(攝影: / 大紀元)

La France projette de sauver la moule d'eau douce nommée aussi Margaritifera auricularia ou grande mulette. Le Gouvernement a décidé de protéger cette espèce pour éviter son extinction. L’année 2010, année de la biodiversité, sera celle de la mulette. En effet, la France recueille aujourd’hui 80% des grandes mulettes du monde, il est donc particulièrement impératif et précieux de la protéger sur notre territoire, de la faire proliférer. Cette grande moule est un mollusque qui vivait autrefois dans les eaux claires des rivières d’Europe, de Russie, du Canada et de l’Est des Etats-Unis. Ce coquillage a été exploité jusqu’à la moitié du XXe siècle pour sa nacre. On l’utilisait dans la création des boutons, des bijoux fantaisie, de la marqueterie, de la dentisterie. Avec la venue des matériaux de synthèse, on s’est désintéressé peu à peu de ces coquillages particuliers.

 

La mise en place de grands moyens

Ce projet de restauration du mollusque d’eau douce sera coordonné par la Direction Régionale Centre et sera soutenu par la société Biotope, un bureau spécialisé dans la faune, la flore et l’environnement et, par le Muséum d’histoire naturelle. Les Réseaux Ferrés de France, les Voies Navigables de France et l’Etablissement Public de la Charente s’associent également au projet en devenant partenaires.

 

L’habitat de la grande mulette s’est considérablement réduit, et selon le projet Doris de la Commission Nationale Environnement et Biologie Subaquatique, la moule d’eau douce est limitée aux cours d’eau inférieurs. On la trouve dans la Vienne, l’Oise, la Creuse et la Charente. Les raisons de ces désertions sont multiples: la pollution des cours d’eau et la construction des barrages qui ont causé de surcroît la disparition de nombreuses espèces de poissons. La survie de la grande mulette est dépendante de celle des poissons. Elle est liée à celle de l’esturgeon et d’espèces comme la bouvière, indispensables à leur reproduction.

 

Selon la commission subaquatique: «Les moules d'eau douces ont besoin des poissons pour se reproduire. Les oeufs, environ 50.000, éclosent entre les branchies puis sont expulsés par les siphons. Les jeunes larves (glochidium)sont gobées par les poissons et se fixent, par les valves munies de crochets, à leurs branchies où elles s'enkystent et se transforment lentement. Après plusieurs mois, quand la jeune moule a atteint la taille d'un centimètre, elle se détache du poisson et tombe au fond de l'eau.» Le lit du cours d’eau doit être stable, il faut qu’il soit constitué de graviers propres, de plus ou moins gros calibre mélangés à du sable ou du limon qui vont lui permettre de s’enfouir dans le sédiment. L’entretien du chenal principal a aussi son importance. Il protège le cours d’eau des pollutions. La mulette Margaritifera a une longévité très grande. Elle peut atteindre 150 ans.

 

Des nitrates dans l'eau

La mulette perlière ne peut survivre à un taux de nitrate de 1,6 mg par litre d’eau, mais la grande mulette cachée dans les profondeurs du lit des cours d’eau est plus résistante. Elle assure le filtrage des eaux grâce à ses deux siphons. Elle est indispensable à la vie des fleuves et cours d’eau. Philippe Keith, biologiste au Muséum à Paris, confie à Ushuaia: «S'en priver, c'est se priver d'un service rendu à l'espèce humaine.»

 

Les nitrates sont des éléments naturels présents dans les sols, les eaux et les légumes. Le problème des nitrates réside essentiellement dans les quantités plus ou moins importantes que l’on observe tant dans l’eau que dans les aliments. En quantité normale c’est un élément fondamental pour la formation des protéines, il est un constituant essentiel de la matière vivante.

 

Vers un retour originel

Il n’y a pas de solution miracle dans la dépollution des fleuves. Il s’agit d’apprendre à réduire les pollutions, à filtrer les eaux usées, à nettoyer les fleuves et leurs abords, et peut- être songer à leur redonner leur lit d’origine.