Aide militaire des États-Unis au Yémen pour contrer Al-Qaïda

Écrit par Joshua Philipp, La Grande Époque
04.01.2010

  • Un dirigeant local d'Al-Qaïda s'adresse à la foule dans la province d'Abyan, dans le sud du Yémen,(Stringer: - / 2009 AFP)

NEW YORK – Pour combattre Al-Qaïda au Moyen-Orient, les États-Unis ont décidé d'accroître leur aide militaire au Yémen, pays à la pointe sud de la péninsule d'Arabie. Le Pentagone versera au Yémen plus de 70 millions de dollars et y enverra des experts des forces spéciales pour former et équiper l'armée yéménite, les équipes du ministère de l'Intérieur et les gardes-côtes, révèle le New York Times.

Il y a fort à parier que cette annonce ne révèle que la pointe des efforts prévus par l'administration Obama tant l'attention américaine se porte sur le pays qui a formé le candidat kamikaze du vol Amsterdam-Détroit. Les insurgés d'Al-Qaïda au Yémen ont en effet revendiqué la tentative d'attentat, et Umar Farouk Abdulmutallab, le candidat-kamikaze, a lui-même indiqué avoir reçu la bombe par ses contacts yéménites.

Confronté à l'accroissement des efforts des États-Unis en Afghanistan et au Pakistan, Al-Qaïda aurait effectivement choisi le Yémen comme base arrière pour ses combattants, une stratégie qui aurait été annoncée par Oussama Ben Laden dès la fin des années 1990. «En conséquence des pressions accrues sur Al-Qaïda en Asie du Sud, nous prêtons attention au fait qu'Al-Qaïda souhaite développer des bases et des opérations supplémentaires, et que le Yémen fait partie de tels endroits», indiquait un représentant américain durant une conférence de presse le 29 décembre.

Pour Al-Qaïda, l'Afghanistan et le Pakistan sont «des endroits dangereux, et les États-Unis ont annoncé avoir tué de nombreux dirigeants d'Al-Qaïda lors d'attaques par des drones durant l'année», explique Thomas Mattais, directeur de recherches au Middle East Policy Council.

Or, le Yémen partage avec l'Afghanistan des particularités utiles à Al-Qaïda, continue M. Mattais, en particulier la coexistence de différentes tribus indépendantes que le gouvernement central a «une capacité limitée à contrôler».

Le gouvernement yéménite est en effet fort occupé par son combat contre les rebelles chiites al-Houthi au Nord et contre les mouvements sécessionnistes du Sud, qui tentent de renverser le gouvernement actuel.

Une histoire de coopération

D'après les services de presse arabes, la coopération entre les États-Unis et le Yémen remonte à la guerre froide, lorsque le Yémen était encore divisé entre Nord et Sud. Le Yémen-Nord était alors proche de l'Occident alors que le Yémen-Sud était allié à l'Union soviétique. La coopération avec les États-Unis a cessé lors de la première guerre contre l'Irak, le Yémen ayant pris le parti de Saddam Hussein.

C'est après les attaques terroristes du 11 septembre 2001 que le président yéménite, Ali Abdullah Saleh, a permis à un petit groupe des forces spéciales américaines et à des agents de la CIA de combattre les responsables d'Al-Qaïda dans la région.

Puis, en novembre 2002, le gouvernement yéménite a autorisé les États-Unis à lancer une attaque au missile contre des insurgés d'Al-Qaïda au Yémen, qui a tué six terroristes – y compris le chef du groupe au Yémen, Qaid Salim Sinan al Harithi. Celui-ci était une des cibles prioritaires des États-Unis du fait de son implication dans l'attentat contre le navire USS Cole en octobre 2000. Une année plus tard, le Yémen a également arrêté Muhammad Hamdi al Ahdal, le successeur de Sinan al Harithi.

Les États-Unis sont suspectés de déjà aider le Yémen dans ses attaques par drones contre les forces d'Al-Qaïda. Interrogé sur le sujet, le porte-parole du Département d'État américain s'est refusé de détailler la coopération, mais a déclaré : «Je peux vous dire qu'elle a eu lieu – nous coopérons avec le gouvernement du Yémen et d'autres gouvernements dans le monde pour combattre Al-Qaïda et autres groupes terroristes.»

Pendant le seul mois de décembre, l'armée yéménite a tué de nombreux insurgés d'Al-Qaïda. Une frappe aérienne le 24 décembre aurait ainsi éliminé une trentaine de terroristes.

Financement

L'aide financière supplémentaire accordée au Yémen avait été explicitement demandée plus tôt en 2009. En juin, le Département de la Défense américaine (DOD) avait «notifié au Congrès une obligation significative» d'une ligne de financement pour les forces de sécurité yéménites», indique un rapport du Congressional Research Service.

Le financement DOD 1206 inclut 5,9 millions de dollars pour des hélicoptères équipés de caméras de vision nocturne pour opérations antiterroristes, 30,1 millions de dollars pour des navires de gardes-côtes et leurs systèmes de communication et 5,8 millions de dollars pour du matériel de déminage.

Le budget 2010 du Département d'État américain prévoit d'ores et déjà une aide de 50 millions de dollars au Yémen, qui comprend 10 millions de dollars de financement pour une armée étrangère.