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Tremblement de terre du Sichuan: un «héros» fabriqué par la presse officielle

Écrit par Gisela Sommer
27.11.2010
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  • Des conséquences dévastatrices : une maison endommagée par le séisme de Wenchuan en 2008, qui a fait quelque 90.000 morts et disparus. (China Photos/Getty Images)(攝影: / 大紀元)

Une récente enquête montre qu'un héros populaire encensé dans les médias d'État chinois après le séisme du Sichuan en 2008, serait l'objet d'une remise en cause.

Tan Qianqiu, professeur de collège, était célébré pour avoir protégé de son corps quatre enfants dans un bâtiment qui s'écroulait, sauvant leur vie mais mourant lui-même.

D'après le Southern Metropolis Daily de Canton, trois des enfants cités n'ont jamais existé, et l'histoire entière a été montée de toutes pièces. Le journal est l'un des rares quotidiens à réaliser des enquêtes sur des sujets politiquement sensibles, ce qui a valu des peines de prison à plusieurs de ses journalistes.

Le séisme d'une amplitude de 7,9 sur l'échelle de Richter, qui a frappé la province de Sichuan le 12 mai 2008, a tué environ 90.000 personnes selon les chiffres officiels. Parmi elles, environ 10.000 enfants écrasés par l'effondrement de leurs écoles.

À certains endroits, les écoles se sont écroulées alors que les bâtiments officiels sont restés debout. Appelées «fromages de soja» par les parents des victimes, les écoles auraient été construites avec des matériaux de second choix du fait des détournements de fonds opérés par des responsables du gouvernement local.

L'histoire du professeur ayant donné sa vie pour ses élèves est apparue dans les médias trois jours après la catastrophe. Tan Qianqiu était enseignant au collège Dongqi dans le canton Hanwang, proche de l'épicentre du séisme. Son école a fait partie de celles qui se sont effondrées en tuant de nombreux enfants. L'agence officielle Xi-nhua décrivait alors Tan comme «un ange de contes de fées» qui aurait recouvert de son corps quatre enfants pour lesprotéger lors de l'effondrement du bâtiment, les sauvant et y laissant sa vie.

L'article de Xinhua a rapidement été largement reproduit et Tan Qianqiu célébré comme un héros et «un excellent membre du Parti.»

En 2009, un film intitulé La dernière leçon a été réalisé sur la base de cette histoire, qui a également été intégrée dans les ouvrages d'école primaire publiés par la maison d'édition officielle de la province de Jiangsu pourles livres scolaires.

Une histoire fabriquée

Dans un article publié à la fin du mois d'octobre, le Southern Metropolitan Daily remet en cause la véracité de l'histoire. D'après les enquêteurs du journal, un seul des quatre enfants prétendument sauvés par leur enseignant est en réalité vivant. Des trois autres, un est décédé durant le tremblement de terre, alors que les deux autres n'ont jamais existé.

Liu Hongli, l'enfant vivant, indique au journal que l'histoire n'est pas vraie. Elle explique qu'elle était assise au second rang de la classe, soit à plus de deux mètres du professeur. «Professeur Tan n'aurait tout simplementpas eu le temps de venir de l'avant de la classe pour me sauver.»

«Nous les élèves savons tous que ce n'est pas vrai. Nos professeurs parlent tout le temps de l'histoire du Professeur Tan, mais nous, les élèves, nous en rions», continue-t-elle.

Une simple erreur reprise par les médias? Le Southern Metropolitan insiste sur les incohérences des reportages officiels. La première interview de la petite Liu Hongli a ainsi eu lieu une semaine après le séisme, alors qu'elleétait encore en soins intensifs dans l'hôpital Huaxi de la ville de Chengdu. Un média hongkongais lui a alors demandé, face aux caméras de «remercier le professeur Tan.»

Liu dit avoir fait ce qu'on lui demandait sans avoir la moindre idée d'un lien supposé entre son professeur et le fait qu'elle soit en vie. «Je ne sais plus exactement ce que j'ai dit, j'ai juste marmonné n'importe quoi.»

Certains commentateurs chinois ont commencé à appeler l'histoire «la Chute de l'ange de contes de fées» et à la prendre comme nouvelle référence de la propagande affective du pouvoir chinois.

Des parents harcelés

L'invention d'un héros, comme dans les périodes de guerre, pourrait avoir eu pour but d'adoucir la colère populaire sur le manque de réactivité du pouvoir chinois après le séisme et sur le scandale des écoles «fromage de soja».

Le gouvernement avait d'abord promis une enquête complète sur les raisons de l'écroulement des écoles et une punition sévère des responsables. Un mois après, les actes disaient le contraire.

Les journalistes ont reçu l'ordre de ne pas écrire d'articles critiques sur le sujet, des espions ont été envoyés pour infiltrer les associations de parents et la police a commencé à disperser les manifestations de familles portant des t-shirts avec le slogan «punir les responsables corrompus.» Certains parents qui ont tenté de porter l'affaire devant les juges ont été arrêtés. En absence de travail sur le sujet, le nombre exact d'enfants victimes reste inconnu à ce jour.

En février 2009, Tan Zuoren, un activiste qui avait rassemblé des informations sur le sujet et demandait l'ouverture d'une enquête sur la qualité des constructions des écoles, a été arrêté et placé en détention préventive. En février cette année, il a été condamné à cinq ans de prison pour avoir «incité à la subversion.»

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.