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Exécuteur 14–Ahmarani, le guerrier du verbe

Écrit par Mélanie Thibault, La Grande Époque
07.11.2010
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  • Paul Ahmarani dans Exécuteur 14(攝影: Francois Gelinas / Copyright 2010 Francois Gelinas)

«Je n’étais pas méchant quand j’étais petit», annonce le survivant d’une autre guerre, encore une, celle opposant cette fois Adamites et Zélites. Un monologue détaillé dont chaque image reste gravée en soi. C’est foudroyant ce contraste entre la poésie des mots d’un homme et l’horreur d’où ils sont puisés, horreur imposée peu à peu par la guerre.

La guerre, toujours la guerre. Pour un nom qui n’est pas le bon sur la carte d’identité : la mort. La pièce Exécuteur 14 est un témoin de ce qui se passe après la guerre, de la mémoire, trop fidèle victime du combat. Le décor, témoin du pire comme du mieux, cumule avec ses innombrables coupures de journaux, le souvenir d’une guerre avec ce qu’elle comporte de chance et de malchance. Y campe un survivant, au milieu des vestiges de tout ce qui rappelle la disparition.

Le metteur en scène Peter Batakliev reprend le texte d’Abdel Hakim, texte qui a fait connaître sa compagnie Théâtre décalage. Lui-même interprétait le rôle maintenant attribué à Paul Ahmarani, pour la première fois seul sur scène. Le ton du comédien est parsemé de mystère, d’inquiétude et de douceur, de force et d’humour même. Chaque syllabe semble étudiée pour s’inscrire dans la tête et le cœur du spectateur.

Paul Ahmarani a cette présence universelle dans ses particularités. Un contraste magnifiquement maîtrisé qui fait que son murmure est aussi prenant qu’un cri de détresse. Son jeu est intelligent et sensible, tout le nécessaire pour incarner un rôle aussi dense. Il donne envie de consoler comme de fuir, fabriquant le rêve comme la désillusion avec immédiateté. Il maîtrise l’accent international avec un naturel fort appréciable. Cela en fait, sans mauvais jeu de mot, le guerrier du verbe.

  • Paul Ahmarani dans Exécuteur 14(攝影: Francois Gelinas / Copyright 2010 Francois Gelinas)

Loin des images attendues de la cruauté à laquelle plusieurs productions sont trop souvent tombées pour échanger sur la guerre, Batakliev et Ahmarani ont su percevoir ce qui reste après le combat, les décombres d’un être humain trahi par la violence, poussé au milieu d’un chaos qu’il ne maîtrise pas.

Dans la simplicité comme dans la grandeur de chaque détail, la scénographie se marie bien à la mise en scène dont l’éclairage et la sonorisation font naître une ambiance de confession où la folie n’est jamais loin. Un spectacle court et condensé qui laisse place à de longues réflexions. Si vous deviez choisir une pièce à voir, vous vous précipiteriez à l’Usine C avant le 13 novembre pour voir un grand homme de théâtre prêter sa voix à l’innommable.

 

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