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Les relations du Canada avec la Chine sont tortueuses

Écrit par Matthew Little, La Grande Époque
08.11.2010
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  • Le journaliste enquêteur Ethan Gutmann (centre) discute avec le député du NPD Bill Siksay (droite)(攝影: / 大紀元)

La diplomatie s'active tandis que des ententes commerciales douteuses sont conclues et que la répression déferle

Les relations du Canada avec la Chine sont compliquées. Tandis que le gouvernement s'efforce de tomber dans les bonnes grâces de la dictature la plus puissante au monde, en y envoyant ministre après ministre (quatre au cours des trois dernières semaines) afin de marchander des accords commerciaux et d'autres genres d'ententes, les discussions sur la Chine ont été plutôt moroses sur la Colline parlementaire dernièrement.

Par exemple, les faits présentés à un sous-comité concernant l'augmentation de la répression ces dernières années alors que le régime chinois écrase la dissidence avec une ferveur motivée par la peur.

La crainte des masses

«L'aliénation et le mécontentement sont si profonds et répandus que plus de 120 000 manifestations d'importance surviennent chaque année en Chine et, en grande partie, elles ne sont pas rapportées en Occident», a indiqué Yang Jianli, président de Initiatives for China, aux députés siégeant sur le sous-comité des droits internationaux de la personne.

«Pour garder le couvercle sur ce foyer de mécontentement, le gouvernement chinois a mis sur pied, durant ces 20 dernières années, un État policier sans précédent ou, comme l'appelle le gouvernement chinois, un système de préservation de la stabilité», a-t-il mentionné par vidéoconférence depuis New York.

Des chercheurs de l'Université Tsinghua en Chine estiment que le régime a dépensé 77 milliards de dollars sur la sécurité intérieure en 2009, soit juste un peu moins que son budget militaire officiel de 80 milliards de dollars.

«Ce système de sécurité est hors de contrôle et démontre clairement la paranoïa de ce régime et son attitude selon laquelle ses citoyens sont des ennemis qui doivent être mentalement et socialement contrôlés à tout prix», affirme Yang.

«Plusieurs personnes sont d'avis que la situation en Chine s'est détériorée, que le gouvernement est complètement en mode répression», renchérit Maran Turner, directrice exécutive de Freedom Now.

S'adressant également par vidéoconférence depuis New York, Mme Turner a indiqué au sous-comité que malgré la croissance économique soutenue, les droits de la personne ont régressé en Chine.

«La primauté du droit bat complètement en retraite depuis un certain temps. Comme je l'ai mentionné, les militants et les dissidents sont ciblés. Ils se font arrêter. Ils sont poursuivis en justice. Ils sont habituellement accusés, à quelques exceptions près, en vertu de l'article 105 du Code criminel chinois, soit de subversion ou de séparatisme et, plus souvent qu'autrement, ils sont seulement accusés d'incitation à la subversion ou au séparatisme.»

Selon elle, ces lois vagues ne sont pas vraiment définies, elles sont plutôt des fourre-tout que le régime utilise pour persécuter des individus comme l'avocat Gao Zhisheng ou le lauréat du prix Nobel de la paix, Liu Xiaobo.

Quelques jours après cette activité du sous-comité, un éminent spécialiste du système de sécurité chinois a visité le Parlement.

Du profit sur leur douleur

Ethan Gutmann, dont l'un des derniers emplois de sa longue carrière est celui de journaliste enquêteur primé, a utilisé dans le passé ses liens d'affaires solides en Chine pour découvrir comment des compagnies occidentales comme Cisco et Nortel ont travaillé de pair avec le régime pour mettre sur pied le système de surveillance le plus sophistiqué au monde.

Son livre, Losing the New China, raconte comment les investisseurs américains ont perdu le nord en Chine, aidant à renforcer la dictature la plus puissante du monde plutôt que de libérer la population chinoise à travers le développement économique.

Ces dernières années, M. Gutmann s'est concentré sur l'écriture d'un livre au sujet de la répression du Falun Gong en Chine. À travers ses recherches, il a découvert quelque chose qui l'a bouleversé.

En s'entretenant avec des survivants des camps de travail et des centres de rééducation, il a été surpris que plusieurs d’entre eux mentionnent y avoir subi des examens médicaux.

«Le fait qu'ils passent des examens médicaux m'a paru anormal. Ce sont des gens maltraités. Ils travaillaient dans des conditions brutales, ils étaient électrocutés avec des matraques électriques. On leur donnait de la nourriture de subsistance.»

Une dame chinoise plus âgée lui a dit que les jeunes en santé subissaient des examens, cependant, si vous étiez sur une civière, on ne s’occupait pas de vous.

Ce phénomène anormal est devenu déconcertant pour M. Gutmann lorsqu'il s'est aperçu que seuls les pratiquants de Falun Gong emprisonnés subissaient des examens, et ces examens étaient conduits par des médecins militaires.

«Il n'y avait aucun effort pour examiner le fonctionnement du cerveau et aucun effort pour examiner les oreilles, le nez, la gorge, les organes génitaux. L'examen focalisait uniquement sur le cœur, les analyses de sang, les tests d'urine, les électrocardiogrammes et les yeux.»

Ces examens, expliquent M. Gutmann, visaient à déterminer la santé du cœur, des reins, du foie et des cornées. «Ce sont les organes qui se marchandent. Ce sont les organes qui peuvent être vendus, et tous ces gens étaient des prisonniers de conscience.»

Ethan Gutmann raconte que ses trouvailles l'ont perturbé, en partie parce qu’au moment où Époque Times a rapporté sur le sujet des prélèvements d'organes en 2006, de nombreuses personnes ont discrédité l'affaire la jugeant impossible.

C'est seulement après le travail de deux Canadiens, l'avocat David Matas et l'ex-député David Kilgour, qu'on a porté plus d'attention à cette affaire.

Kilgour et Matas ont découvert que le nombre de transplantations d'organes en Chine a augmenté en flèche après l'emprisonnement de centaines de milliers de pratiquants de Falun Gong. Les sites Internet d'hôpitaux chinois, conçus pour un public occidental, annonçaient la possibilité d'acheter un organe compatible dans un temps record.

Le rapport qu'ils ont coécrit et qui détaille la pratique du prélèvement a incité certains pays à modifier leurs lois concernant le tourisme de transplantation afin d'éviter que leurs citoyens se rendent à l'étranger pour se faire greffer un organe. L'été dernier, la Société canadienne de transplantation a adopté des politiques pour indiquer aux médecins comment interagir avec les touristes de transplantation afin de ne pas encourager les transplantations illicites.

Ethan Gutmann a obtenu des entrevues filmées avec des sources qui étaient au courant des prélèvements d'organes sur les prisonniers politiques au Xinjiang (nord-ouest de la Chine) qui sont survenus avant le début de la répression du Falun Gong en 1999. Il dit protéger actuellement leurs identités alors qu'elles demandent l'asile politique. La répression au Xinjiang est très brutale, à l'instar du Tibet.

La réalité épouvantable

Les prélèvements d'organes sont maintenant une réalité acceptée en Chine, bien que leur étendue ne soit pas claire. Le régime chinois a affirmé publiquement que des améliorations seraient apportées au système de transplantation, mais M. Gutmann doute de sa sincérité.

Il affirme qu'il ne fait aucun doute que le régime chinois est au courant des abus commis par les hôpitaux militaires où la plupart des transplantations auraient lieu en raison de son système de surveillance sophistiqué.

«Il s'agit de l'État policier le plus sophistiqué que le monde ait connu jusqu'à ce jour. Mais comme 1984 d'Orwell, le [prolétariat] n'est pas vraiment l'objet de cette surveillance, ce sont plutôt les membres du parti ainsi que l'armée; les hôpitaux militaires ne font aucune exception à cette règle.»

Il dit qu'en raison du manque d'attention porté à cette affaire, la Chine est prête à dissimuler le tout dans les oubliettes de l'Histoire.

«C'est une manœuvre avec laquelle l'Occident s'accommode tout le temps. Sinon pourquoi ça nous aurait pris 40 ans, jusqu'à cette année, pour déterminer que le Grand bond en avant n'a pas seulement causé la mort de quelques millions de personnes, mais bien de dizaines de millions. La seule raison pour laquelle nous pouvons consulter des documents sur le sujet maintenant est que ce fait ne menace plus le Parti communiste chinois ni notre capacité de commercer avec lui. Évidemment, ce sera la même chose avec les prélèvements d'organes.»

Outre le fait que deux Canadiens ont exposé les prélèvements d'organes forcés en Chine, le Canada a un autre lien avec cette affaire. Ceux impliqués devraient se méfier, estime Gutmann.

Isotechnika Pharma Inc. a développé une drogue antirejet pour les transplantations d'organes et a conclu une entente avec une entreprise chinoise pour la commercialiser en Chine. M. Gutmann affirme que l'entente est de mauvais augure pour la compagnie, considérant les questions éthiques entourant la vente de cette drogue dans un pays qui tente de camoufler un commerce d'organes prélevés sur des prisonniers de conscience.

Avec cette entente, Isotechnika rejoint Nortel et Bombardier, deux compagnies canadiennes qui font des transactions commerciales discutables en Chine.

Le train de Bombardier au Tibet est un outil important du régime pour maintenir sa main de fer sur la région.

«Ce produit a une application militaire, conçu spécialement pour maintenir l'ordre au Tibet et créer une base stratégique pour attaquer l'Inde et le faire très rapidement.»

Concernant cette entente et la position du Canada sur la Chine, Gutmann souligne un manque de préoccupation relatif.

«Le consensus canadien […] semble être une neutralité posée.»

Gutmann décrit les prélèvements d'organes en Chine comme le «premier mini-génocide chinois du siècle actuel».

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