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Le Nobel de la paix a brillé par son absence

Écrit par Matthew Robertson, La Grande Époque
13.12.2010
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  • Le président du Comité Nobel, Thorbjoern Jagland, regarde la chaise vide réservée pour le lauréat du prix Nobel de la paix 2010, Liu Xiaobo.(Stringer: AFP / 2010 AFP)

Le prix a été remis à un siège vide, tandis que Pékin attaquait l'institution sur tous les fronts

Le prix Nobel de la paix 2010 a été remis in absentia au dissident chinois Liu Xiaobo, lors d'une cérémonie à l'hôtel de Ville d'Oslo le 10 décembre. Une chaise est demeurée inoccupée pour souligner l'absence de Liu.

Liu Xiaobo est emprisonné dans un camp de travail et aucun membre de sa famille n'a obtenu l'autorisation de voyager à l'extérieur de la Chine pour recevoir le prix en son nom. Thorbjoern Jagland, le président du comité Nobel norvégien, a placé la médaille et le diplôme de Liu sur la chaise vide, lui remettant symboliquement le prix.

C’est la deuxième fois, au cours de l'histoire, que le prix Nobel de la paix n'est pas remis au lauréat ou à un représentant, a fait remarquer M. Jagland dans son discours lors de la cérémonie. Le récipiendaire de 1935, le journaliste allemand Carl von Ossietzky, était détenu dans un camp de concentration nazi au moment de la cérémonie.

Liu a été annoncé lauréat en octobre, «pour son combat non violent et de longue haleine pour les droits fondamentaux de la personne en Chine», selon la déclaration officielle du comité du prix Nobel.

M. Jagland a souligné que la Constitution chinoise garantit les droits fondamentaux de la personne des citoyens chinois, l'Article 41 du document indiquant que «les citoyens ont le droit de critiquer ou de faire des suggestions concernant les organes de l'État ou ses fonctionnaires».

«Liu a seulement exercé ses droits civils […] il doit être libéré», a-t-il dit, se référant à la peine de 11 ans que purge Liu pour «incitation à la subversion du pouvoir de l'État».

Le prix a mis en lumière la féroce opposition du régime communiste chinois à cette cérémonie, une opposition qui a mis en branle une répression en Chine, l'intimidation des Chinois en Norvège et des pressions diplomatiques.

En Chine, le régime a empêché les dissidents de voyager, il a coupé leurs lignes téléphoniques et leur accès à Internet, et les a placés en résidence surveillée.

Les informations concernant la cérémonie seront difficiles à obtenir en Chine, considérant la censure des médias locaux et l’embargo sur des médias étrangers.

En Norvège, des Chinois ont été appelés à participer à des réunions ayant pour but de les forcer à manifester contre le prix.

«Des Chinois me disent qu'ils sentent que le gouvernement leur met de la pression pour qu'ils organisent des manifestations contre le prix», a raconté Geir Lundestad, secrétaire permanent du comité Nobel norvégien, à l'agence de presse NRK.

NRK a obtenu d'autres informations similaires, mais seulement par des personnes désirant garder l'anonymat. Des Chinois en Norvège ont indiqué que l'ambassade chinoise avait organisé des rencontres avec les responsables de différentes organisations chinoises.

«Pour les Chinois, c'est très délicat», a affirmé Lundestad. «Ils ont peur que l’ambassade les empêche de retourner en Chine. Toutefois, ceci ne fait que démontrer à quel point le prix de cette année est juste et important.»

Les diplomates chinois n'ont pas chômé dans leur tentative d'organiser un boycott international de la cérémonie.

Des incitatifs économiques, ou un dégoût commun pour le concept de droits de l'homme universels, ont motivé 16 pays à boycotter la cérémonie : la Russie, le Kazakhstan, l'Algérie, la Tunisie, l'Arabie saoudite, le Pakistan, le Sri Lanka, l'Irak, l'Iran, le Vietnam, l'Afghanistan, le Venezuela, l'Égypte, le Soudan, le Maroc et Cuba.

La porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Jiang Yu, a affirmé que ce boycott «démontre clairement que la communauté internationale n'accepte pas cette décision du comité Nobel».

Selon Pékin, le prix est une «farce» et le comité Nobel une bande de «clowns».

Version originale : Nobel Peace Prize Ceremony Proceeds, Despite Laureate's Absence

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