Cancun: 194 États représentés pour lutter contre le changement climatique

Écrit par Heloise Roc, La Grande Époque
14.12.2010

  • Des villageois se frayent un chemin à travers les eaux. La montée des eaux est un des effets du réchauffement de la planète. Diptendu Dutta/Getty Image(攝影: / 大紀元)

La conférence de l’ONU sur les changements climatiques qui s’est tenue à Cancun au Mexique s’est terminée le 10 décembre. Les 194 États représentés ont souhaité combler les divergences entre pays riches et pauvres pour éviter la répétition de l’échec du sommet de Copenhague. Un nouveau texte élaboré relate tous les compromis obtenus et les points problématiques qui ne parviennent à l’unanimité de tous les participants. Malgré les difficiles négociations, un point fort voit le jour : la création d’un fond vert pour aider les pays en développement à s'adapter au changement climatique. Cette proposition doit favoriser la protection des forêts tropicales et les partages des technologies propres comme le solaire ou l'éolien.

Au cours des différentes négociations, les experts du climat estimaient que l’accord de Copenhague pourrait, avec le recul, être adopté cette année. Car, l’objectif de l’accord était de limiter de deux degrés le réchauffement du climat de la planète, et n’imposait aucune réduction d’émission de gaz à effet de serre aux pays les plus pollueurs.

Pourquoi ne pas aller au-delà et s’engager sur les bases du protocole de Kyoto, celui-ci engageait les pays industrialisés à aller dans le sens de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec toutefois une restriction pour les États-Unis qui s’excluent toujours du processus de réduction. Ils signent cet accord mais ne le valident pas. Sans un consensus généralisé, les dossiers au cœur des tractations restent malheureusement bloqués. C’est surtout le cas pour le financement du fond « Climat » qui devrait aider les pays les plus pauvres à s'adapter aux conséquences du réchauffement et permettre de combattre la déforestation. Là encore, aucune vraie réponse sur la manière d’alimenter les fonds n’a été établie.

  • Les femmes du Bangladesh se frayent un chemin à travers les eaux de crue à Dhakuria, un des effets du réchauffement climatique. STRDEL/Getty Image(攝影: / 大紀元)

Un groupe consultatif pour préparer la conférence

Le groupe consultatif de l'ONU avait déjà préparé le rapport final, en prévision de la Conférence de Cancun. « Les options de financement sont à la fois possibles et politiquement viables », avait déclaré Ban Ki-moon, Secrétaire général de l'ONU. Il s’agirait « d’attribuer chaque année, d'ici à 2020, 100 milliards de dollars à la lutte contre le changement climatique. C’est difficile mais possible ». « Il est nécessaire que tous les pays fassent preuve d'un engagement fort. Ces efforts associés à de nouveaux instruments basés sur la tarification du carbone ont été parmi les clés de la mobilisation des ressources financières ». Ainsi, le fond vert international a été décidé in extremis sur le fil du rasoir, il sera placé sous l’égide de la Banque mondiale.

Cependant, des questions restent en suspens. Les participants n’ont pas répondu à la problématique du financement de ce fond climatique. Ainsi, Jens Stoltenberg, co-président du groupe consultatif de l’ONU, avait assuré, en novembre 2010 : « Sans un accord sur le financement, nous n'arriverons pas à une décision sur le climat ». Et, Meles Zenawi, président du groupe consultatif de l’ONU avait aussi déclaré que « les avancées dépendront de la volonté politique des dirigeants partout dans le monde, mais particulièrement dans les pays développés ».

Négociations cruciales pour l’avenir de la planète mais difficiles

Des nations comme le Japon, le Canada et la Russie refusent de signer la prolongation de Kyoto si des pays en voie de développement comme la Chine et l’Inde ne s’incluent pas dans la restriction des gaz à effet de serre. D’autres nations en développement comme la Bolivie demandent que les pays les plus riches montrent l’exemple et donnent des taux de réduction plus sérieux après 2013. Ainsi elles pourront elles-mêmes s’engager dans la voie souhaitée.

L’échec des discussions de Cancun s’exprime et entame la foi de la communauté internationale envers les Nations Unies devenues incapables de gérer les problèmes mondiaux du XXIe siècle. Les pouvoirs se déséquilibrent, les nations émergentes comme la Chine et l’Inde occupent une place de plus en plus importante. Le Secrétaire Général déclare en désespoir de cause, lors de la réunion de Cancun que « financer la lutte contre le changement climatique n'est pas une œuvre de charité. Bien sûr c'est important de prendre les bonnes décisions, au moins pour ceux qui sont responsables du phénomène du changement climatique ».

Le chef de l'ONU a appelé les États à incorporer les recommandations du groupe consultatif dans leurs négociations. « Il est crucial de trouver des financements adéquats pour soutenir les pays en développement et pour consolider la confiance entre les pays », a-t-il insisté.

Les États-Unis toujours dans l’impasse

Certains pays estiment que l’échec de Cancun serait l’échec de Barack Obama qui ne parvient pas à faire voter des lois incluant la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans son pays. Tous les autres pays industrialisés s’étaient déjà engagés à réduire leurs émissions dans le cadre du protocole de Kyoto.  Avant l’ultime décision, le Premier ministre de l’île de Tuvalu, Enele Sosene Sopoaga, était très mécontent. L’île de Tuvalu est en grand danger de disparition et les États restent sur leurs positions. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’être les otages des revers politiques d’un pays développé » car « c’est une question de vie ou de mort pour Tuvalu », déclare-t-il en parlant de l’augmentation du niveau des mers, l’une des conséquences du changement climatique.

En effet le GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, avait projeté que la montée du niveau des océans, provoquée par le réchauffement et la fonte des glaces, pourrait atteindre jusqu'à 59 centimètres d'ici à 2100, submergeant une grande partie des rares terres des atolls coralliens du Pacifique. En plus, des îles risquent d'être devenues, au fil du temps, inhabitables, en raison de la contamination saline affectant les réserves d'eau et ruinant les récoltes. Sans compter la multiplication des tempêtes tropicales liée au changement du climat.